Rétromobile 2022 : 11. McLaren
ArtCurial
Le Manoir de l'automobile poursuit sa liquidation. La McLaren M29 de John Watson est à vendre. Le visiteur la découvre à l'entrée du stand ArtCurial.
1980 fut une annus horibilis pour McLaren. Difficile de croire que quatre ans plus tôt, elle était championne du monde (pilote) avec James Hunt. L'expérimenté John Watson, arrivé à Woking en 1979, faisait équipe avec un débutant : Alain Prost. Le Nord-Irlandais décrocha deux 4e place ; le Français, lui, arriva quatre fois dans les points. McLaren termina le championnat au 11e rang, derrière Arrows et Fittipaldi... Mais devant Ferrari. Jody Schekter, champion sortant, n'obtint qu'une 5e place et il prit sa retraite dans la foulée, pour faire la promotion de la Lancia Beta découvrable... Alain Prost jugea la M29 loupée et il claqua violemment la porte. Pilote Renault, il frôla le titre 1983. Déçu de l'ambiance de l'équipe, il fit ses valises pour... McLaren.
Pour la presse Britannique, Teddy Mayer était un abruti. Proche de Bruce McLaren, l'Américain fut propulsé N°1 à la mort de ce dernier. C'était avant tout un chef d'orchestre discret, sans projet à long terme. Il fut remplacé par trois hommes. Ron Dennis, fin politicien, parfois atteint de melonite, chapeauta l'équipe. Homme des coups d'éclats, il recruta Niki Lauda et se fit construire un châssis entièrement en carbone. Le richissime Mansour Ojeh sécurisa les finances. Faute de turbo disponible, il s'en fit construire un par Porsche ! Enfin, en 1983, Jo Ramirez assurait les affaires quotidiennes.
La presse Française, elle, s'en prenait plutôt à John Watson. 3e du championnat 1982, il fut balayé par Niki Lauda. Jaguar l'intégra à son programme en endurance. Son dernier coup d'éclat fut de déverminer une F1 commandité par un Nord-Irlandais : la Jordan 911 (renommée ensuite 191, à la demande de Porsche.)
A ses côtés, une McLaren Elva. "Elva" est une référence à un vieil artisan, qui produisait des sport, dans les années 60. Faute d'usine, McLaren lui sous-traitait la construction de ses propres voitures (ainsi qu'à Trojan.)
Les constructeurs de GT puisent volontiers leur crédibilité dans leur passé. Voilà pourquoi McLaren en est parfois réduit à des références capillotractées, faute de mieux.
L'Elva moderne est une GT sans toit, ni parebrise. McLaren l'a dévoilée en 2020, espérant 399 unités. Seules 149 ont trouvé preneur. Du coup, une Elva avec par-brise a été dévoilée !
Aguttes
Sur le stand Aguttes, une MP4/9 à moteur Peugeot de 1994. Pour celle-ci, pas besoin de surfer sur le net : je connais le dossier par cœur !
L'année 1993 vit de grandes manœuvres. Après deux victoires au Mans, la firme au lion pouvait passer à l'étape suivante de son plan : la F1. Le V10 de la 905 avait été conçu pour être transposable tel quel sur une F1. Le projet global initial prévoyait la création d'une équipe ex nihilo, comme au Mans. Néanmoins, le constructeur avait réduit la voilure et il envisageait désormais de motoriser Larrousse. Jan Todt était furieux que lui on ait dit "non". Surtout, mis à part un podium chanceux au Grand Prix du Japon 1990, l'écurie n'avait rien fait de mémorable depuis sa création en 1987.
A la même époque, McLaren était en panne de moteur. Honda était parti fin 1992. Ron Dennis avait tenté de subtiliser le Renault de la Williams championne. Or, Renault était lié à Elf et McLaren, à Shell. Le Ford "usine N°2" de 1993 était une solution transitoire. Pour 1994, McLaren souhaitait un Lamborghini. Un mulet avait même effectué des essais. Là aussi, Lamborghini n'avait guère marqué la F1 (c'était d'ailleurs le bloc de la Larrousse, à ce fameux GP du Japon...) Chrysler -alors propriétaire de la marque- jurait que pour 1994, le bloc serait digne d'un top team. Ayrton Senna était dubitatif. Fin 1992, il avait effectué un test en Indycar, afin de mettre McLaren sous pression. Cette fois-ci, il trainait ostensiblement dans le motorhome Williams...
Coup de théâtre : McLaren rompit ses fiançailles avec Lamborghini, afin d'employer un Peugeot. La McLaren/Peugeot avait meilleure allure que la McLaren/Lamborghini ou la Larrousse/Peugeot. Insuffisant pour retenir Jean Todt -dont Bernie Ecclestone envoya le CV à Ferrari- et Ayrton Senna -parti chez Williams-. Sans top team pour 1994, Lamborghini arrêta la F1. Peugeot aurait laissé à Larrousse de quoi s'acheter un bloc Ford. Jean Todt aurait lui-même nommé Jean-Pierre Jabouille, dans une tactique de la terre brulée : brillant ingénieur et fameux metteur au point, le "Grand" était nul en politique et trop soupe au lait... Pour remplacer Ayrton Senna, McLaren et Peugeot voulurent Alain Prost. Le Français n'y croyait pas, Williams le payait pour rester chez lui et Renault, pour animer des séminaires. Alors à quoi bon ?
La MP4-9 du se contenter de deux seconds couteaux : Mika Hakkinen, trop vert et trop effacé pour être un leader et un Martin Brundle déjà en pré-retraite. Jean-Pierre Jabouille poussait pour qu'il y ait un Français. Ce fut Philippe Alliot, co-développeur de la 905 et remplaçant d'Hakkinen au Grand Prix de Hongrie. Le "Grand" obtint un test pour Laurent Aiello, futur champion de Supertourisme avec la 405. Le patron raconta plus tard qu'Aiello fut épouvantable : Peugeot lui faisait une faveur et il chipotait en permanence. En course, c'était ça passe ou ça casse, au sens propre : 8 podiums (dont 6 pour Mika Häkkinen) en 10 arrivées dans les points et 20 abandons !
Le public était choqué. Pour la première fois depuis 1980 et la M29 sus-citée, McLaren n'avait rien gagné. Le contrat avec Peugeot portait sur 1995. Mais Mercedes-Benz accepta de payer un dédit. Jean-Pierre Jabouille, qui n'avait rien vu venir, s retrouva en porte-à-faux. En catastrophe, Peugeot signa avec Jordan. Globalement, plus qu'un fiasco sportif, ce fut un fiasco en terme d'image pour la firme au lion.
Kidston
Simon Kidston expose sept McLaren F1. Certaines sont à vendre, d'autre non.
J'ai déjà longuement évoqué la F1 et je n'ai pas grand chose à ajouter.
BMW avait été surpris de voir la F1 (qu'il motorisait) s'imposer. En 1996, BMW s'impliqua avec son équipe officielle, Bigazzi. Steve Soper, pilote Bigazzi en tourisme, faisait équipe avec le polyvalent Marc Duez et Jacques Laffite. Le Français et le Belge en reprirent le volant à Silverstone.
10 ans après sa retraite de la F1, "Jacquot" restait très actif en tourisme, au Trophée Andros (comme pilote des Opel Snobeck) et en endurance. A la même époque, Jean-Pierre Jarier remportait deux titres de GT-FFSA, tandis qu'Henri Pescarolo, premier vainqueur du BPR, était le pilote de pointe de Courage au Mans. Et quasiment chaque équipe de F1 avait alors son ex-pilote qui jouait les conseillers et coachait les pilotes. Sans parler de ceux qui étaient N°1 ou N°2 d'une équipe. C'était la mentalité de "racer" : passer sa vie dans les circuits.
Je vois mal Kimi Raikkonen en pilote N°1 d'une équipe de WEC, dans 10 ans... Ce que je reproche aux pilote actuels, c'est qu'après la F1, la plupart restent chez eux à ne rien faire. Ou bien, s'ils ont prévu une reconversion, ils s'enfuient aux premières difficultés : "J'ai gagné huit Grand Prix, pourquoi je ne gagne pas tout en WEC ?"
Le Team Price était composée de deux voitures : la "Harrod's" et la "Ouest". Pour 1996, le grand magasin Londonien a tenté de faire venir Nigel Mansell. Mais le Britannique refusa et il fallu poursuivre avec un Andy Wallace et un Olivier Grouillard moins glamours. Malgré un succès en FIA-GT, Harrod's coupa les vivres à mi-saison.
En face, chez Gulf GTC, Lindsay Owen-Jones était de plus en plus pris par la direction de L'Oréal. Il raccrocha fin 1996.
Privé chacun d'une voiture, Price et Gulf GTC se réunirent pour 1997. Thomas Bscher et Ray Bellm, les champions 95 et 96, se retrouvèrent équipiers. Ils disposèrent de toutes nouvelles F1 GTR "97".
Avec sa livré Gulf/"Davidov", la McLaren avait un sacré look. En début de saison, elle fit illusion face aux Porsche 911 GT1. Puis il y eu le rouleau-compresseur Mercedes-Benz. En plus, l'étoile abusait du règlement. Si la voiture de Klaus Ludwig et Alex Wurz était devant, en vue de l'arrivée, Bernd Schneider sautait dedans ! Le pilote N°1 de Mercedes-Benz était ainsi quasiment assuré de gagner à chaque fois. Et les champions sortants pouvaient à peine espérer une place d'honneur.
Ray Bellm jeta l'éponge. Thomas Bscher rempila seul, avec Geoff Lees. Il disputa également l'éphémère GTR de Patrick Peter.
L'une des trois McLaren F1 GTR "alibi". En 1997, la FIA imposait une "voiture de route" pour l'homologation en GT1.
C'était un pure hypocrisie. McLaren réalisa tout de même trois F1 GTR "long tail". Porsche fit un effort avec un vraie série de 911 GT1 "civile" et il s'en mordit les doigts lorsqu'il fallu homologuer un second modèle. Les autres se contentèrent d'exhiber une GT1 avec, deux, trois équipements de confort. Quant à Lotus, son lise GT1 "de route" n'était même pas roulante...
La star du stand, c'est cette McLaren F1 ex-George Harrison. D'où le décorum "Beatles" avec de la musique jouant en boucle...
Difficile d'exister face à deux monstres comme John Lennon et Paul McCartney. Deux auteurs-compositeurs et multi-instrumentistes de génie. Avec Here comes the sun, le "quiet Beatle" prouva qu'il savait lui aussi écrire des tubes. Sur la fin du groupe, on entendit de la cithare ; George Harrison s'étant passionné pour cet instrument.
Ensuite, son meilleur ami écrivit une chanson où il draguait ouvertement sa femme ! Puis il y eu ce pitoyable concert de charité pour le Bangladesh (alors dans une sanglante guerre d'indépendance.) George Harrison fit preuve d'amateurisme et pas le moindre penny ne fut expédié au Bengladesh. Gotlib le brocarda d'ailleurs.
Le talent de John Lennon et de Paul McCartney, c'était aussi de capter l'air du temps. De créer LA chanson avec LE producteur et de tenir LE discours que le public attendait ; quitte à se renier. George Harrison, lui, était davantage un musicien qui se faisait plaisir. A la fin des années 80, avec I got my mind set on you, il réapparu dans les charts. Puis ce fut When we was Fab, entre liquidation de l'inventaire et hommage amusant. Il cofonda les Travelling Wilburys, un supergroup. Hélas, Roy Orbinson disparu peu avant l'édition du premier single. Il travailla avec Paul McCartney sur Anthology, un peu à contrecœur et il disparu des écrans de radar.
Côté voitures, il eu bien sûr une Mini Radford, qu'il vendit à Eric Clapton. Il fut un habitué des paddocks de F1, durant les années 70, 80 et 90. Il écrivit Faster, une ode à Ronnie Peterson (ou à Jackie Stewart ?) Le clip contient de belles images de la F1 de la fin des années 70, malgré un réalisateur atteint de zoomophilie. Il testa une Surtees F1, s'assit dans la Tyrrell P34 et s'essaya aux courses historiques.
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