Mercedes-Benz 500 SL AMG 1985 par GLM
Une miniature très finement réalisée et produite à seulement 300 unités. Et dans une robe rouge pétante bien eighties...
Lundi dernier, Prosper Bensoussan, alias Philippe Clair, s'est éteint
à l'age de 90 ans. Au début des années 80, Philippe Clair enchainait à
un rythme industriel les "comédies" mettant en scène des Pieds-Noirs.
Les clichés lourdingues Aïeaïeaïeaïeaïeaïe-la purée d’ma mère-couscous-merguez-popopopo-harissa, c'est lui !
Avant Philippe Clair, les Pieds Noirs étaient déjà considérés comme frimeurs et exubérants.
D'après Enrico Macias, le terme viendrait de la manie des rapatriés de
se balader en chaussures noir en cuir. Alors que dans les années 60, les
Français ne les sortaient que le dimanche... Mais Philippe Clair força
le trait (euphémisme.)
Mon père a toujours tenu à s'éloigner au maximum de ces clichés. Pas de ça chez nous ! Même s'il a reconnu pas mal de scènes familiales dans La Vérité si je mens... Chez Philippe Clair, les Mercedes-Benz faisaient parti de la panoplie du Pied-noir. Donc, mon père déteste les Mercedes-Benz.
Moi, j'aimais bien les Mercedes-Benz, en particulier les SL (R107.) La 300 SL était un bijou technologique. La 190 SL n'était qu'une 180 maquillée en 300 SL, pour en faire une version abordable. La SL (W113) -dite "Pagode"- devait être un compromis entre les deux. Ce fut une fausse bonne idée. Il fallu attendre néanmoins la troisième génération, R107 donc, pour que la firme à l'étoile trouve enfin le bon dosage. Un roadster statutaire, luxueux mais dynamique.
Lancée
en 1971, la gamme fut d'abord coiffée par la 450 SL et son V8 4,5l. Une
version équipée d'un hardtop, la SLC, connu le succès en rallye.
Mercedes-Benz lança une version avec un V8 réalésé à 5,0l, la... 450 SL
5.0. AMG songea à l'engager en DRM. Le projet fit long-feu, mais
beaucoup plus tard, Sauber mit le V8 de l'ex-future DRM dans l'un de ses
protos. Le début d'une longue aventure...
A la même époque, seule la
280 SL fut adaptée aux normes US. Asphyxié par le catalyseur, le 6
cylindres 2,8l descendait de 177ch à 155ch !
Pour réagir, la SL eu
droit, en 1980, aux moteurs de la nouvelle Classe S (W126.) La version 6
cylindres 3,0l -judicieusement baptisée 300 SL- remplaça les 280 SL et
380 SL, tandis que la 500 SL (avec un V8 5,0l différent de celui de la
450 SL 5.0) coiffa la gamme.
La S Coupé, alias SEC, apparue en 1981. Mais cette génération n'eut pas de cabriolet. Il fallu attendre 1989 et la R129 pour que la R107 prenne enfin sa retraite.
Quand
j'étais petit, la R107 faisait parti de ces voitures éternelles (R4,
2cv, Mini, Range Rover...) Des modèles apparus avant ma naissance et
dont la fabrication semblait se poursuivre ad eternam.
Lorsqu'en 1990, Rétroviseur
sorti son hors-série "années 70", elle figurait parmi les modèles "à
collectionner". Alors qu'on trouvait encore des R107 dans les parcs
"occasions récentes" du réseau !
Ici, on a
affaire à une version AMG. En 1985, Hans Werner Aufrecht et Erhard
Melcher étaient encore des artisans. Pour la R107, ils s'étaient
contentés d'un châssis surbaissé, de jantes alliages, d'un échappement
sport et de sièges baquets (dénommés "orthopédiques".) Ils mettaient
tout de même un point d'honneur à concevoir tous ces équipements en
interne.
Les préparations moteurs n'arrivèrent que l'année suivante.
Celle-ci devaient donc se contenter des 231ch d'origine. Les Classe S
reçurent à la même époque de nouveaux V8 à injection. AMG proposa une
500 SEC poussée à 340ch. Commercialisa-t-il des 500 SL équipées de ce
même V8 ?
De toute façon, on parlait d'une voiture hors de portée du commun des mortels. En 1985, une 500 SL "stock" était facturée 359 140 frs, soit le prix de huit Peugeot 205 Junior ! Et pour obtenir la panoplie complète d'AMG, il fallait sans doute y rajouter une ou deux 205...
Le tuning est apparu après-guerre en Europe. C'était d'abord de l'accéssoirisation. Dans chaque pays, une poignée de modèles représentaient la quasi-intégralité du marché. Il y avait une envie compréhensible de vouloir se distinguer du voisin. GH ou Robi vous proposaient de rajouter des baguettes chromées pour votre voiture.
Dans les années 60, des Italiens comme Giannini ou Abarth et des Anglais comme Radford commencèrent à proposer des préparations complètes. Intérieur, extérieur, châssis et trains roulants.
Là, les chemins se séparent. Dans la plupart des pays, "tuning" fut synonyme d'accessoires bon marchés, d'acheteurs jeunes et plutôt bas du front. Avec des préparations sur des petites et moyennes cylindrées.En Allemagne, par contre, le tuning s'orienta vers les grosses cylindrées,
avec un travail haut de gamme, au savoir-faire reconnu par les
constructeurs. Un style volontiers opulent et ostentatoire, avec portes
papillons, ailerons "planche à repasser" et couleurs fluos. Faut-il y
voir une réminiscence du goût des Allemands pour le baroque ?
En tout
cas, c'est ce tuning à l'Allemande, qui finit par se répandre. Avec des
imitateurs Britanniques, Italiens, Américains ou Japonais.
Outre-Rhin, vous aviez des titres comme Boost Tuning, BMW Scene ou Auto Test & Tuning.
Ces magazines circulaient plus ou moins légalement à l'Est (suivant que
les régimes voulaient se donner une image de modernité ou pas.) Les
grosses voitures et les filles en bikini, c'est universel, pas besoin de
maitriser la langue de Goethe... Le Parti vous expliquait que c'était
de la décadence impérialiste. La jeunesse lui répondait : "Quand on voit
notre "paradis communiste" et qu'on compare ça à "l'enfer
capitaliste"... Je crois que la question, elle est vite répondue ! Tous
au pays des Mercedes qui roulent à 300 et des blondes en minijupes !"
Anecdote.
Lorsque j'habitais à Berlin, j'avais sympathisé avec une fille de
Cracovie. Elle m'avait raconté que le plus marquant, lorsque Lech Walęsa
a été élu, c'était l'arrivée des bananes sur les étales. Elle n'en
avait jamais vu en vrai ! En 1990, vous pouviez impressionner des
Polonais avec un régime de bananes. Alors imaginez l'effet d'un poster
central de Boost Tuning...
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