McLaren P1 au 1/24e par Rastar

Encore une miniature ! Au moins, pour une fois, je vais parler d'autres choses que de Citroën...

Il y a quelques mois, j'ai rendu service à quelqu'un. Pour me remercier, sa mère m'a donné cette McLaren P1 au 1/24e.
Je n'attendais pourtant rien en retour et depuis le temps, j'en avais presque oublié le service rendu ! D'ailleurs, c'est parce que la personne m'a demandé de faire un article sur la miniature que j'en parle !
Produire des GT, c'était une vieille lune chez McLaren.

A la fin des années 60, McLaren avait connu le succès en F1 et en Can-Am. La jeune équipe voulait s'attaquer à l'endurance. Bruce McLaren avait lui-même remporté les 24 heures du Mans, avec une Ford GT40. La CSI imposa 25 exemplaires.
La M6 GT était une "street version" de la M6 de compétition. Trojan (ex-Elva) construisit deux voitures. Le sous-traitant de McLaren manquait sous-doute alors de moyens pour produire plus et plus vite. McLaren construisit une troisième voiture, plus aboutie, en 1969. Bruce McLaren la conduisait lui-même, afin d'assurer le développement en conditions réelles. Il se tua en 1970, en testant une Can-Am. Entre temps, McLaren débarquait en Indycar et il avait lâché Trojan. L'équipe était en tension et le programme GT fut sacrifié.

Quelques années plus tard, Gordon Murray rêvait de créer la supercar ultime. Vers 1985, le designer en parla à McLaren et à son patron Ron Dennis, alors qu'il était encore chez Brabham ! Ron Dennis, mégalomane à ses heures, fut séduit. McLaren créa une nouvelle entreprise, McLaren Cars. Rien n'était trop beau pour la F1 : châssis carbone, moteur sur-mesure de BMW, éléments en kevlar, en magnésium... Et isolation thermique en feuilles d'or !
La F1 n'arriva qu'en 1992, en pleine crise économique. De toute façon, avec les Bugatti EB110, Lamborghini Diablo, Cizeta-Moroder et autres Jaguar XJ220, le marché était saturé.
Peu après, Ray Bellm, proche de Gordon Murray et gentleman-driver, songea à une F1 de course. La F1 GTR débuta en 1994. Bientôt, toutes les équipes de BPR en voulurent une. De quoi écouler les stocks (alors qu'officiellement, les 100 F1 étaient toutes vendues.) Le châssis de développement gagna les 24 heures du Mans. McLaren relança la F1 "de route" avec une série très limitée, la F1 LM, en hommage à la victoire. Puis il y eu la F1 GTR 1997, complètement remodelée.
Ainsi, la F1 évita le bide intégral et devint un demi-succès.

Le troisième épisode débute chez Mercedes-Benz. En 1992, face à la crise et à l'embouteillage de supercars, la firme à l'étoile n'avait pas osé lancer sa C112. Mais à la fin des années 90, plus question de jouer les timides ! Jürgen Schrempp voulait transformer la marque premium en grand groupe mondial. La CLK GTR de 1997 était une espèce d'hybride en DTM et GT. Pour l'homologation, AMG en produisit une trentaine.
Désormais, Schrempp souhaitait une supercar et il envisageait d'en produire 500 par an. C'était beaucoup trop pour AMG. Porsche, le spécialiste de ce genre de projet, travaillait lui-même sur une supercar (la future Carrera GT.) McLaren était son partenaire en F1 et il avait une expérience (limitée) de la production de GT.
La SLR McLaren devait être le premier projet d'un partenariat. A cette occasion, McLaren bâti une usine, Paragon (renommé depuis McLaren Technology Center.) Avec 2100 exemplaires en 7 ans, la SLR McLaren fut un semi-échec. Mercedes-Benz pointa du doigt McLaren. Les autres projets furent jeté aux orties et c'est chez HWA (l'ex-entité compétition d'AMG) que la SLS AMG fut produite.
Et ensuite ? Dans la version officielle, Mercedes-Benz claqua la porte de McLaren Automotive (dont il possédait 40%) en 2009 et quelques mois plus tard, d'un coup de baguette magique, McLaren dévoilait le prototype de la MP4/12C !
A minima, alors que les relations avec Mercedes-Benz se détériorait, McLaren voulu préparer "l'après". Dans l'affaire, il avait gagné une usine et désormais, il savait produire en moyenne série. Pourquoi ne pas voler de ses propres ailes, dès la SLR McLaren morte et enterrée ?
Parmi les 3 projets mort-nés de l'alliance McLaren-Mercedes-Benz, il y avait la P8, une GT à moteur central. La presse de 2007 en parlait comme d'un projet assez avancé. McLaren reconnaitra par la suite s'être procuré une Ferrari 360 Modena, qui servit de mulet à la future MP4-12C. Est-ce que Mercedes-Benz avait laissé McLaren se retourner, dès 2007 ? Ou bien est-ce qu'une fois l'alliance morte, McLaren reprit à son compte le projet P8 et il en fit la MP4-12C ?

En tout cas, la production de la MP4-12C débuta en 2011.
Le moteur possède un pédigrée intéressant. En 1996, TWR s'associa à Nissan. La R360 GT1 devait battre les McLaren et les Porsche au Mans ! Pour le châssis, la R360 dérivait étroitement de la XJR-14, conçue également par TVR. Le moteur V8 Nissan d'endurance fut retravaillé par TWR. L'artisan, grand adepte du recyclage, songea à en faire un moteur d'Indycar. Mais TWR fit naufrage en 2003. Menards racheta l'entité, sans doute pour faire courir le bloc (comme elle le fit dans les années 90, avec le V6 Buick.) Puis elle vendit ses locaux à Super Aguri. Ca aurait été dommage de laisser un moteur comme cela, non ? Ainsi le V8 bi-turbo 3,8l M838T de la MP4-12C dérivait du bloc TWR ex-Nissan !
La MP4-12C manquait de personnalité. Elle fut rebaptisée 12C dès 2012, car son nom était trop compliqué pour le néophyte. Pas facile d'exister face à des marques établies comme Aston Martin, Lamborghini, Porsche et surtout, Ferrari.

Pour gagner en notoriété, rien ne vaut une hypercar ! McLaren a-t-il (de nouveau ?) pioché dans les archives de l'ère Mercedes-Benz et du projet P10 ? Le nom "P1" est troublant... En tout cas, grâce à la F1 des années 90, McLaren n'avait aucun problème de crédibilité.
La P1 fut dévoilée au Mondial de Paris 2012, sous forme de maquette. Le 3,8l était poussé à 727ch et associé à un moteur électrique 132kW (l'équivalent de 177ch.) Avec ce moteur hybride associé à un DRS et à un KERS, la P1 faisait preuve d'un rafinement digne des Porsche 918 et Ferrari LaFerrari.
Avec 1 395 kg sur la balance, elle atteignait 350km/h.

La production devait être limitée à 375 unités, produite de 2013 à 2015. Comme d'habitude, à ce niveau de gamme, le constructeur jurait qu'elles furent toutes vendues instantanément. Pourtant, en 2015, McLaren produisit la P1 GTR, une voiture réservée aux circuits, encore plus méchante. Puis il y eu la P1 LM, une P1 GTR homologuée route et la P1 GT.
Quoi qu'il en soit, la P1 n'avait pas vocation à être un succès commercial. C'était avant tout un véhicule (à tous les sens du terme) pour placer McLaren dans le monde de l'exclusivité.

McLaren Automotive se porte bien, merci. En mai dernier, il a fêté sa 20 000e voiture (en partant de la toute première MP4-12C et non de la F1), dont 4800 produites en 2018. L'objectif 2019 est de 5000 voitures, puis de passer à 6000 voitures par an.
Un mot sur la miniature, pour finir.

C'est une production Rastar, un obscur fabricant Hongkongais, dont le site web n'a plus été mis à jour depuis 2009 ! En tout cas, il posséderait l'imprimatur de McLaren.

La P1 est en zamac et cette échelle de 1/24e renforce l'aspect "jouet". Néanmoins, elle est finement réalisée. Les portes et le coffre sont ouvrant, les roues tournent. En revanche, le capot est hélas fixe. Impossible d'observer la mécanique...

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