Jean-Michel est là

Après le teaser sur Jean-Michel, le voici enfin ! J'ai un food-truck Citroën Type H dans mon salon. C'est tellement cool, que la COP 28 m'a remis un prix !

Andrew Tate a lancé la mode du podcast viriliste. La grande mode US, maintenant, c'est d'avoir un animateur beau gosse, si possible musclé. Il reçoit des jeunes femmes un peu nunuche et leur fait la moral, façon Jordan Peterson de supermarché. Et à la fin, vous avez les meilleurs extraits sous TikTok avec une musique fonk.

L'autre jour, j'étais sur un site d'humour et je tombe sur un tel extrait. L'animateur commence son monologue : "De 18 à 26 ans, les hommes vivent une vie difficile." C'était bien le seul point juste de sa démonstration. Jusqu'à 26 ans, j'ai eu une vie professionnelle compliquée. La conséquence, c'était une précarité financière. Donc zéro budget sortie, d'où une vie sociale limitée. A l'époque, j'habitais un 2-pièces. Il était déjà là, lorsque Le Perreux s'était doté d'un cadastre, en 1928. Le propriétaire venait de l'acheter et il l'avait loué en l'état, avec lambris et moquette murale. Il avait uniquement consenti à refaire l'électricité. La plomberie était déplorable. L'un de mes murs prenait l'eau et lorsque je me douchais, l'évier de mon voisin d'en dessous débordait !
L'année de 27 ans, j'ai pu enfin stabiliser ma vie professionnelle. Et ça avait entrainé un cercle vertueux. J'ai voulu déménager. Prendre provisoirement une location. J'avais un appartement plus grand et surtout, plus neuf ! Une solution provisoire avant un achat... Beaucoup de locataires vous le diront : c'est compliqué de quitter une location. C'est presque du masochisme ! Acheter un appartement, cela signifie des traites mensuelles souvent supérieures à votre loyer, pour des prestations inférieures ! Sans oublier la taxe foncière...

Puis en novembre 2021, mon propriétaire annonça qu'il souhaitait rompre le bail. J'avais un peu plus de sept mois pour quitter les lieux. C'était le moment. Je venais de changer d'emploi. Une fois la période d'essai achevée, j'ai enchainé les visites. Je me suis décidé pour le moins pire, j'ai fait une offre et j'ai été voir ma banque.  C'était du sans filet : au moindre retard, au moindre refus, je n'avais pas le temps de me retourner.
Mi-juin, je ressortais du notaire avec un trousseau de clefs (et un acte de vente.) Ensuite, pendant quinze jours, j'ai fait des cartons. Lorsque je rentrais du travail, je prenais une demi-douzaine de cartons, je les déposais dans mon nouvel appartement, puis je rentrais à mon futur ex-chez moi pour remplir des cartons. J'avais deux semaines et un jour. Royalement, le propriétaire avait décalé la remise des clefs de 24 heures.


Ce n'était pas la fin des problèmes, loin s'en faut... Il fallait TOUT refaire. L'ancien propriétaire n'avait pas fait de travaux depuis les années 80. La chaudière à gaz était irréparable. Donc ni eau chaude, ni chauffage. Pour cause de crise des semiconducteurs, j'ai attendu un mois le frigo et la cuisinière. De toute façon, je n'avais pas de prise 15A pour brancher cette dernière. Par ailleurs, je n'avais pas d'internet. Les trois techniciens SFR ayant eu un rôle décoratif, j'ai dû assurer moi-même le branchement et le raccordement de ma box fibre.

J'avais sorti le strict minimum des cartons. Je comptais les ouvrir qu'une fois chaque pièce finie. Afin d'avoir moins d'objets à déplacer lors des travaux. Je n'avais même pas sorti la TV ! En attendant, je faisais une espèce de camping, au milieu d'une centaine (!) de cartons.
Lorsque j'énonçais tout ce que je comptais faire, on me traitait de fou. On me disait que j'allais me décourager à mi-chemin.

Pendant deux ans, des entrepreneurs ont changé chaque tuyau, chaque câble électrique. Ils ont ensuite plâtré, poncé, décapé, isolé... Puis les pièces ont émergées. Dès qu'une pièce était finie, je passais à la suivante. C'était interminable. Pendant deux ans, il y eu quasiment des entrepreneurs en permanence chez moi. Je n'avais aucune intimité et je ne pouvais même pas profiter de ma place de parking. Sans oublier les déchets de chantier, la poussière, les outils qui trainaient. Et bien sûr, le lot de "ah ça, c'était pas dans le devis" et autre "on s'est rendu compte après avoir cassé l'ancienne installation, qu'on n'a pas reçu les nouveaux matériaux..."

Puis vint l'heure de la décoration. Avant, en tant que locataire, je n'avais même pas le droit de percer les murs. Pour le salon, je voulais un Citroën Type H en trompe-l'œil, pour servir de mini-bar. Hélas, la l'entreprise qui les fabriquait avait fermé.

Plan B : transformer un présentoir et le coller au mur ! Une entreprise proposait justement des food-trucks en carton, à l'échelle 1.

En prime, il était personnalisable. Je me suis inspiré de la décoration d'Oscar Lombardo, le Renault Master.


Une amie, graphiste à ses heures perdues, m'a aidé. Après plusieurs échanges...

Voilà donc Jean-Michel (ou plutôt "Ràng Mî Xie Er".) Celui-là, au moins, on ne me le volera pas !

En parallèle, je refaisais mon salon. Avec le délais de fabrication, j'allais recevoir mon Type H en carton, alors que tout serait prêt...

Sauf que l'entreprise a été plus vite que prévu et l'artisan en charge du salon, moins vite que prévu ! Me voilà avec un immense carton, contenant le Type H.

Grosse émotion, quelques semaines plus tard, lorsque Jean-Michel a émergé de son carton...

Il possédait un plateau en carton. Moi, j'étais été à Leroy Merlin. Avec deux planches et deux équerres, percées dans le mur, je disposais alors d'une vraie tablette, où je peux m'accouder.


Ah, quel soulagement, lorsque j'ai pu prendre un verre sur Jean-Michel. C'était la fin des travaux, après deux années d'attente. C'était devenu MON appartement.

Commentaires

Articles les plus consultés