Michel Vaillant, les aventures d'Awa Wood

Le récent reboot de Michel Vaillant s'inspire beaucoup des comics, avec son "cycle", son rythme, ses personnages... Et si Michel Vaillant s'offrait une adaptation cinématographique, dans l'esprit des récents films hollywoodiens de superhéros ? J'ai justement vu cela en rêve ! Pierre Theilhard de Chardin pensait qu'il existait une conscience collective, la noosphère. Certains disent qu'on y accède durant nos rêves. Alors peut-être que par mégarde, j'ai capté le rêve de Sidonie Dumas !

Quoi qu'il en soit, voici Michel Vaillant, les aventures d'Awa Wood. Et je vais vous en parler sur le ton de The Critical Drinker.

****Attention, ceci est un pastiche. Le film décrit ci-après n'existe pas (et j'espère qu'il n'est pas en tournage.)****

Michel Vaillant est une série de BD qui a connu son apogée dans les années 70, avec quelques bons albums dans les années 80 et 90. Puis la boite à idées de Jean Graton fut cruellement vide. Si l'on excepte les Dossiers de Michel Vaillant, toutes les tentatives de faire revivre/surfer sur la notoriété de la série n'ont pas été terribles. Il y a eu une série TV pas terribles, un dessin animé pas terrible, un premier film pas terrible, un jeu vidéo pas terrible, un reboot de la BD pas terrible... Et voici donc un second film pas terrible !

Vous pensiez sans doute qu'un film intitulé "Michel Vaillant" allait parler de Michel Vaillant. Abruti, dans quelle époque vivez-vous ? Le temps des héros mâles cishet est révolu ! A la retraite. Non, sérieusement, il est retraité. Tout comme Steve Warson. Place aux PERSONNAGE FEMININ FORT. Voici donc Awa Wood, la nièce de Julie Wood. Indy, le frère qui rêvait de faire Indianapolis, a épousé une Sénégalaise.

Le film débute au Mas du Clos -pour faire le lien avec le film de Luc Besson-. Le clan Vaillant se réunit pour fêter les débuts de Patrick Vaillant, fils de Michel, en sport auto. Il va piloter une F4 à moteur électrique -un peu comme les ERA Championship, mais à châssis Mygale-. Indy Wood arrive avec sa femme et ses deux enfants à vélo. Une fête de boomers, vieux combattants du sport auto ? Hors de question pour Awa, qui veut être le centre d'attention. A peine arrivée, l'adolescente fait tomber une pile de pneus. Jean-Pierre Vaillant, le patron de Vaillante veut la gronder mais la mère précise : "Qu'elle est HPI, faut la comprendre !" Belle entrée en matière. Le générique est à peine fini et on déteste déjà le personnage principal ! Julie Wood arrive à son tour, à moto. Steve Warson dit qu'elle est trop vieille pour cela. ALERTE : REMARQUE SEXISTE ! CECI N'EST PAS UN EXERCICE ! Awa s'empresse de lui faire la leçon, puis elle dit à Jean-Pierre Vaillant que de toute façon, les voitures, ça participe au réchauffement climatique. Il lui répond que cette F4-ci est électrique. Notre Greta en herbe monte à bord et elle part, sans casque ! D'ailleurs, la post-production a oublié d'effacer les échappements. Oups ! Laura Vaillant, ingénieur et fille de Jean-Pierre à cheveux fluos, est à l'écart, sur le muret des stands. En voyant passer Awa, elle, en est sûr, c'est une pilote ! Lorsqu'Awa finit par rentrer aux stands, Laura se jette sur elle pour la féliciter et elles se roulent un patin, devant tout le monde.
Quelques jours plus tard, Awa obtient un vrai test. Laura est si enamourachée, qu'elle en oublie de faire démarrer le chrono. Ensuite, l'ingénieur est en grande discussion avec son grand-frère, Jean-Marc -patron de Vaillante Junior-, dans une salle de réunion de l'écurie. Même si elle n'a pas les temps de sa copine, elle est sûre qu'elle est très rapide et Jean-Marc DOIT lui donner une F4 ! L'intéressé -qui a hérité de son père d'une calvitie précoce- finit par être convaincu. Mais de toute façon, il n'a pas de budget pour elle. Néanmoins, il connait un "volant".
Nous voilà sur un parking, au milieu des bois, pour un slalom. On a l'impression que la production a rameuté les gens du coin. Qui va gagner le volant ? Le septuagénaire avec sa Clio 16S ? Le jeune plouc en 2cv ? Ou Awa, pour laquelle Laura Vaillant a préparé une barquette 1400cc ? Le suspens est insoutenable ! Notre héroïne décroche donc le meilleur temps, sous le regard des jurés, dont Sébastien Loeb. Un Loeb filmé de près et qui n'a aucune interaction avec personne. A croire que l'Alsacien n'a même pas voulu se déplacer...
Suite à cela, Jean-Marc dévoile la Vaillante F4 d'Awa. L'intéressée sourit à peine. Autre chose la préoccupe : quel drapeau mettre, sur sa combinaison ? Les Etats-Unis, patrie de son père ET DE L'HOMME A LA PEAU ORANGE ? La France, sa patrie ? Ewww ! Le Sénégal, patrie de sa mère ? Non, pour faire plaisir à Laura, elle opte pour le drapeau gay... Et ensuite, on ne le revoit plus ensemble à l'écran.

Première course de la saison, à Magny-Cours. Patrick Vaillant commence à la briefer sur la piste, le déroulé du week-end. Awa lui répond : "Ce sont "les aventures d'Awa Wood", pas "les aventures de Patrick Vaillant"!" Puis elle monte dans sa voiture. Naomi Schiff assure les commentaires, parce que le niveau de "cringe" n'était pas assez élevé. Départ de la course. Victoire. Voilà, c'est vite expédié. Awa fête son succès, comme toute personne normale : en peignant "ACAB" à la bombe sur le commissariat de Nevers. Puis elle fait une dizaine de stories, jusqu'à ce que les policiers sortent. Le commissaire est particulièrement remonté. Un brigadier Antillais s'interpose et propose de nettoyer lui-même le graffiti. Durant sa garde-à-vue Awa rencontre Rachid qui est gay -c'est la toute première chose qu'il dit-. Rachid a été arrêté, alors qu'il tentait de pénétrer sur le site d'International Service de Recyclage, qu'il soupçonne de trafiquer des déchets.
Deuxième course, au Mans. Ils ont mis un pont Dunlop à Estoril pour faire croire que c'est le Bugatti. La caméra se focalise sur Todd Cramer -fils de Bob- et l'écurie Leader. C'est moi où les mécanos de Leader portent tous des kippas ? A la sortie de la "chicane Dunlop", Cramer Junior envoi valser Awa. Pas de bobos, mais un égo froissé. En plus, Patrick Vaillant gagne ! Un blanc cishet ! NOOOON !
Voilà Awa en pleur, qui rentre chez ses parents. Ou plutôt, avec sa mère, car Indy s'empresse de laisser les femmes entre elles. Ce n'est pas le moment de mecxpliquer ! La mère conseille donc à Awa de révéler la force qui a toujours été en elle.
Nous voilà au Paul Ricard -ils ont peint le bitume autour du Lycée en bleu et en rouge-. Todd Cramer est devant. Awa vint à sa hauteur, repense aux mots de sa mère et le double.
La course suivante est à Magny-Cours. Awa reprend contact avec Rachid. Sana, l'assistante de direction voilée, veut tout déballer. Ils ont rendez-vous devant le siège d'International Service de Recyclage. Sana, raconte tout. Le trafic de déchets. Mais aussi des pots-de-vins. Le commissaire vindicatif est conseiller municipal RN à Nevers et c'est l'un des plus gourmands. International Service de Recyclage exploite également des mines en Afrique, où ils font travailler des enfants. Gros plans sur le logo de l'entreprise : l'acronyme ISR en bleu ciel sur fond blanc, avec deux bandes bleu ciel horizontales... Le jour de la course, Todd Cramer est absent. On apprend que le Leader était à cours de fonds et elle comptait sur le sponsoring d'International Service de Recyclage. Avec les révélations de Rachid, l'entreprise a coulé, donc plus de sponsoring et Cramer Jr est à pied.
Avec toutes ses victoires, Awa est invité sur le plateau de Quotidien, aux côtés d'Aya Nakamura et d'Adèle Exarchopoulos. Après l'enregistrement de l'émission, Awa passe devant un musée. Deux jeunes activistes à keffieh sont bloqués à l'entrée. Elle comptait asperger de peinture un portait de Shimon Peres. Awa leur prend le pot des mains et barbouille le visage du Prix Nobel de la Paix 1994 ! Arrêtée, elle rencontre une mère célibataire Malienne en fauteuil roulant, sur le point d'être expulsée. Son avocat, maitre Goldstein -oui, ça doit être un scénario de Guillaume Meurice- réclame 5 000€ pour la défendre. Or, Awa vient de dépenser ses primes de course en sac-à-mains Jacquemus. Elle appelle alors Jean-Marc Vaillant, qui vire l'argent à la sans-papier. Quel simp ! Par la suite, on verra Jean-Marc avec sa femme et son bébé. "Désolé chéri, on peut pas partir en vacances, je devais payer les frais d'avocats d'une inconnue que je ne verrai jamais !" En attendant, ça fait plus de 30 minutes qu'on n'a pas vu de voitures à l'écran. Là, vous direz : "Cher Joest, un film de sport auto n'est-il pas censé montrer des courses, des séances de mécaniques, etc. ?" Mais non, stupide lecteur. Le principal, c'est de FAIRE PASSER UN MESSAGE !
Et nous voilà à la finale. Oui, apparemment, c'est un championnat de quatre courses. Dans le paddock, on voit Ruth donner des billets à Patrick Vaillant, pour qu'il sorte Awa. Laura Vaillant assiste à la scène. Elle le confie à sa copine, dans le lit de la chambre d'hôtel. Laura veut en parler à Jean-Marc. Mais Awa lui dit qu'elle se débrouillera. On n'a pas besoin des mecs ! Le lendemain, donc, Patrick plonge sur Awa à l'entrée du Lycée -ils ont inversé le sens de circulation, pour ne pas que l'on reconnaisse Magny-Cours- et au dernier moment, l'héroïne se déporte à droite. Patrick Vaillant se retrouve dans le bac à sable et Awa gagne le titre. Elle est portée en triomphe par l'équipe Vaillante Junior.
Puis c'est la remise des Trophée FFSA. Awa reçoit le trophée de Pilote de l'année des mains de Doriane Pin et elle a l'air de s'en contrefiche. A la sortie de l'estrade, Patrick Vaillant vient s'excuser. Il lui dit qu'il abandonne le sport auto pour devenir coach et il lui propose d'être sa première cliente. Elle refuse la main qu'il lui tend et lui dit un dédaigneux : "J'suis pas ta catin, baby tu dead ça."
Scène suivante dans la salle de réunion de Vaillante F1. Laura doit dessiner la prochaine voiture, à croire que c'est l'unique employée de l'écurie. Jean-Pierre et Michel cherchent un équipier à leur pilote, Esteban Ocon.
Quotidien révèle alors qu'Henri Vaillant a entretenu des amitiés avec des membres de l'OAS. Aymeric Caron compare Vaillante à Volkswagen.
Retour chez Vaillante F1. C'est la honte. Jean-Pierre démissionne. Michel aussi. Démissionne de quoi ? Qu'est-ce qu'il faisait jusqu'ici, lui ? Jean-Marc est le nouveau patron.
Interlude, Julie Wood fait de la moto de nuit, sous la pluie, sur une route sinueuse. L'ancienne championne moto perd le contrôle. Un camion -conduit par un homme blanc, ça va de soi- ne peut l'éviter.
Laura Vaillant est inconsolable. Elle s'acharne sur le design de la monoplace. Lorsqu'elle clique sur "sauvegarder le fichier", elle tombe en larme.
Jour de présentation de la voiture. Jean-Marc est sur l'estrade, aux côtés de Laura, d'Esteban Ocon et d'une monoplace bâchée. Le nouveau patron annonce qu'en hommage à Julie Wood, l'usine Vaillante -jusqu'ici appelée "usine Henri Vaillant"- est renommée "usine Julie Wood". La nouvelle F1 de prendre le nom de JW-01. Et qui de mieux pour la piloter que... Awa Wood ? Jean-Marc invite l'intéressée à la rejoindre et elle n'est pas plus contente que cela, de devenir pilote de F1. Elle bouscule le vainqueur du Grand Prix de Hongrie 2021. Laisse passer LE PROGRES !

Ca faisait longtemps que je n'étais pas aussi heureux de voir un générique de fin ! Le film de Luc Besson avait placé la barre au ras du sol et pourtant, celui-ci fait encore pire !

Par où commencer ? Le scénario ne possède pas une once d'originalité. Dès qu'Awa se glisse dans la F4, on a compris qu'elle va décrocher le titre. A l'instar de l'héroïne, les scénaristes n'avaient pas l'air passionné par le sport auto. Les scènes de course sont complètement irréalistes. Complètement bâclées, aussi. Ils étaient davantage préoccupé par le démantèlement de la patriarchie ! Le message politique est aussi subtil qu'un discours des Césars. Et il y a tous ces MacGuffin, aussi utiles qu'un verre vide. Le film se traine laborieusement. Tout cela pour arriver à deux heures quarante-six minutes de métrage. Et vous allez en détester chaque minute...
Les personnages ? Awa Wood est antipathique. C'est une tête-à-claque, pourvoyeuse de leçons de moral. Tout lui est dû, elle n'a aucune reconnaissance et ne se rapproche des autres que par intérêt. Y compris avec Laura. Il est quasi-impossible d'avoir de l'empathie pour elle et plus encore de la sympathie. Le dossier de presse nous parle d'une "belle personne, forte et brave". Mais à aucun moment, elle n'est vraiment en difficulté. Les montagnes s'ouvrent avant qu'elle n'ait bougé le moindre petit doigt.
Les personnages secondaires sont beaucoup trop nombreux et sans aucune profondeur. Laura ou Jean-Marc sont juste les archétypes vus mille fois de l'ado qui sait tout et du binoclard qui joue les petits chefs. Quant à Patrick Vaillant et Todd Cramer ont ne comprends pas trop en quoi ce sont "méchants". En tout cas, ils sont bien incapable d'offrir un semblant d'opposition.

Post-générique, on voit une autre scène de présentation de F1. Ruth a ressuscité Leader et ils se lancent avec Todd Cramer et Patrick Vaillant au volant. Michel Vaillant se tenant juste derrière son fils. C'est censé annoncer un deuxième volet. Autrefois, les libraires auraient été prises d'assaut pour moins que ça. Mais aujourd'hui...
D'une part, les scénaristes ont déjà prévu de faire gagner Awa Wood, point. Il n'y aura aucun suspens de ce côté-là.
D'autre part, Les aventures d'Awa Wood est promis à un fiasco. Normalement, les films de voitures, c'est un truc de mecs. Or, la production leur crache dessus en permanence, visant une clientèle de spectatrices progressistes fans de sport auto. Autant partir à la chasse au dahu, vous y aurez davantage de chance. Quant aux Césars, ils snobent les films de genre, de toute façon. Allo Ciné en dira du bien, en échange d'espaces pubs, mais ça s'arrêtera là. Et après, la production ne voudra plus jamais entendre parler de Michel Vaillant...

(Images générées par IA ; sous la direction de Cutie Mei.)

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