Auto Tour : Italie 2020

En plus de Bordeaux, nous avions d'autres auto-tour sous le coude. La plus avancée, c'était une traversée de l'Italie. En Ferrari, bien sûr !


D'emblée, Carmen et moi, nous avions compris qu'il fallait organiser DES tournées. Les Allemands see contentaient d'effectuer le même parcours, à longueur d'année.

Néanmoins, notre objectif était de fonder un club Chinois de riches amateurs de GT. Il fallait que chaque année, ils s'envolent avec nous vers l'Europe. C'était un moyen de créer un fichier client, que l'on vendrait (au propre, comme au figuré) à des sponsors. Et pour que les membres du club restent, il fallait leur proposer un large éventail de destination.

L'idée aussi, c'était de partir vers une destination, à la basse saison, pour minimiser les coûts.

Là encore, à partir d'ici, ce n'est plus que de la fiction.

"L'avant"
Le temps de préparation amont d'une nouvelle tournée est long. Pour 2020, nous ne pouvons en organiser que deux : Bordeaux et l'Emilie-Romagne, de Florence à Bologne. A peine revenus de Bordeaux, il fallait préparer la tournée Italienne.
On compte introduire des niveaux de difficultés et l'Italie serait destinée à des conducteurs plus aguerris que dans la Gironde. Ça n'a aucun intérêt de faire descendre la voiture ouvreuse et le Van #1 (bravo Joest, pour tes couteux achats, qui vont passer l'essentiel de 2020 dans un garage...) De toute façon, Ferrari ne nous aurait pas laisser entrer avec des 911 ! Place donc à des F8 Tributo. Carmen a enfin passé le permis, mais le loueur ne l'autorise pas à conduire. Son copain prendra le volant la voiture-balais. Et comme il est Italien, il servira de traducteur ! G, lui, descend avec Van #2. Après tout, son camion est remplis d'outils, de jerricans, ainsi qu'un train complet de pneus pour F8 (pour parer aux crevaisons.) En résumé, que des choses lourdes et encombrantes, difficiles à transporter en avion.

Pour les hôtesses, pas de problème. A côté de Florence, il y a Prato, un petit village annexé par les Chinois de Wenzhou. Ateliers de maroquineries et de chaussures, bazar, supérettes Asiatique... Les Wenzhounais sont omniprésents. Et comme il y a également une important communauté Wenzhounaise à Paris, on trouve donc des jeunes Chinoises trilingue mandarin-italien-français !
Pour les autres Chinois, les Wenzhounais sont des paysans vulgaires et bruyants. Carmen se plaint aussi de leur "affreux accent du sud". Pour ma part, je trouve que dans l'absolu, les Wenzhounais ont une discrétion et un respect des règles très Confucéens.

A notre arrivée à Florence, le personnel est particulièrement mielleux avec Marianne. Lui donnant du "bella regazza". Carmen est jalouse et par la suite, elle eu aussi droit à du "bella regazza".

Jour J
On retrouve le cérémonial de Bordeaux. Le minibus qui vient chercher le groupe, puis la cérémonie de red carpet, avec cadeaux, cocktail de bienvenue et interviews.

Puis le minibus les amène dans Prato, où ils ont un dîner 100% Chinois ! Après coup, lors de l'étude, le groupe dira que c'est le restaurant qu'ils ont préféré !

Jour 2
Pour se remettre du décalage horaire, le groupe se repose à Florence. Le matin, c'est le "permis de conduire". On a cette fois six voitures : trois couples (dont un où la femme conduit aussi), deux amis et quatre participants seuls, soit dix conducteurs.
Je suis impatient de prendre la route avec les F8. Mais après le dernier client, elle sont parquées jusqu'au lendemain. Pour négocier au tarif avec le loueur, il avait fallu partir sur une base kilométrique très stricte. Donc interdiction de prendre les voitures, hors plein d'essence.

Naïvement, Carmen pensait qu'ils allaient ensuite visiter le musée des Offices ou la chapelle des Médicis... Ils ont surtout été acheter des sacs Hermès et du lait pour bébé Hipp.

Ce sont leurs premiers repas Italiens. Il a fallu briefer les restaurants : les Asiatiques exigent des nouilles très, très cuites. L'al dente, c'est cru pour eux ! Le copain de Carmen est particulièrement déprimé devant le plat de pâtes ayant passé un bon quart d'heure dans l'eau bouillante... 

Jour 3
A l'origine, on devait aller vers l'Agriturismo Lamborghini. Une espèce de village-vacances fondée sur le tard par Ferruccio Lamborghini. Carmen a jugé que ce n'était pas assez luxueux. De plus, elle souhaitait effectuer un crochet par la Toscane. Et la patronne, c'est elle, pas moi. On traverse donc des routes bordées d'oliveraies.

On s'arrête au Castel Monastero, un village médiéval transformé en résidence de luxe. C'est également un domaine viticole. Les Chinois sont toujours très friands de ce genre de décors anciens. Vu qu'en Chine, impossible de dormir dans un bâtiment ancien. Soit il a été rasé pour construire un centre commercial, soit il a le statut de "patrimoine national" et il faut se contenter d'une visite, le jour.
On a prévu une séance photo costumée. Le groupe est aux anges, surtout les femmes. Au Moyen-Age, les Italiennes avaient des coiffes. Mais pour une raison inconnue, lorsqu'une Chinoise porte une tenue d'époque, elle veut un chapeau ! (2) Pour la séance photo, on a donc pensé à apporter des chapeaux féminins complètement anachronique.

Jour 4
C'est une très longue étape de 300km, direction Bologne. En plus, en montagne, cela manque de raccourcis pour le Van #2. Marianne doit foncer pour arriver à destination avant nous !

Le midi, on s'arrête au musée Lamborghini de Sant'Agatha Bolognese. Les Chinois ne sont guère impressionné par l'histoire de Ferruccio Lamborghini, le viticulteur devenu constructeur de tracteurs, puis de GT. Après tout, dans les années 90-2000, en Chine, les premiers milliardaires furent des autodidactes au parcours incroyable...
J'avais vu le musée durant les reconnaissances. Ça tombe bien, car il faut faire de l'essence (1). On a beau rouler en permanence en convoi, avec des voitures identiques, il y a des écarts de consommation. L'une des F8 est déjà sur la réserve. Je roule jusqu'à la station la plus proche, avec un pied droit en plumes. Pour les autres, on emploi le jerrican de G.

L'après-midi, visite d'un domaine viticole, à Castelvetro di Modena. On y réalise non pas du vin, mais le célèbre vinaigre balsamique. Les Chinois mangent très peu de salade et ils ne connaissent que le vinaigre de riz. Par contre, ils sont très attentif à un produit exclusif, avec une histoire et fabriqué artisanalement. Au point d'accepter de payer 70€ pour quelques centilitres de vinaigre AOP.

On descend à un hôtel de Bologne où l'on passera l'on retournera le lendemain. Notez que désormais, le copain de Carmen a droit à sa propre assiette, pour le dîner, avec pâtes al dente.

Jour 5
Cette fois-ci, c'est journée Ferrari !

Le matin, on se rend au musée Ferrari de Modène, basé dans l'ancienne usine du père d'Enzo Ferrari. Les Chinois sont un peu perdus, face aux vieux modèles. La Chine n'est devenue une puissance économique que dans les années 90. Ils ont du mal à accepter cette période où le monde tournait sans la Chine. De plus, entre 1949 (fondation de la République Populaire) et 1978 (arrivée de Deng Xiaoping au pouvoir et fin officielle du Maoïsme), il y a un blanc. C'est une période taboue. Pour nombre de famille Chinoise, ce furent des années de famine, de misère, voire d'emprisonnement. Bien loin de l'insouciance Européenne...

Le midi, le groupe mange au musée. G et moi, on est de nouveau de corvée d'essence. Au Repsol, on trouve des sandwichs. Ça fait bizarre de rouler en Ferrari et de manger des sandwichs triangle dans une station-service. Ça fiche un coup au moral. Au moins, à 3,99€, boisson 50cl incluse, on ne se ruine pas !

L'après-midi, visite de l'usine Ferrari, à Maranello. Sans surprise, tout est millimétré. Un minibus nous emmène à travers le site (pour ne pas qu'on se "perde".) Pas de photos, pas de questions. Le guide traite comme des gamins le groupe, dont plusieurs personnes sont propriétaire de Ferrari. Le groupe est étonné par la taille de l'usine. En Chine, les grands constructeurs possèdent des usines cyclopéennes, capable de produire 500 000 voitures à l'année. Voitures destinées uniquement au marché Chinois. Les clients pensaient que certes, Ferrari ne fournit qu l'élite, mais que son unique usine doit approvisionner l'ensemble du monde. Pourtant, la production annuelle tourne autour de 10 000 voitures. Soit à peine 50 voitures par jour ouvré !

Comme Ferrari ne nous laisse pas accueillir nos hôtes (avec la tente à nos couleurs) et que l'on ne change pas d'hôtel, les hôtesses ont quartier libre pour la journée.

Le gag du soir, c'est du riz au lait au dessert. Les Chinois sont de gros mangeurs de riz. D'ailleurs, le caractère pour "repas", 饭, signifie littéralement [bol de]riz ! Mais face au riz au lait, le groupe, les hôtesses et même Carmen sont en mode "écran bleu" ! "5000 ans d'histoire et l'on n'avait jamais pensé à cela !"

Jour 6
Retour sur Florence, avec un détour par le Mugello. Puresport Racing School propose des stages sur Ferrari 488 Challenge. Surtout, ils assurent des cours en mandarin. Le groupe se lâche et cela fait de belles images pour Carmen. Chacun a droit à un tour lancé, seul sur la piste.

Lors de l'ultime "tea stop" (vu que les Chinois ne boivent pas de café), G et moi, on contrôle les réservoirs des F8. Deux voitures sont sur la réserve ! Sachant que le réservoir fait 78l et que depuis la veille, on n'a à peine parcouru 200km !

Puis c'est l'arrivée, avec un nouveau red carpet et le dîner d'adieu. Pour l'occasion, les clients ont tous des combinaisons de pilotes.
Le kilométrage total approche les 800km, avec en plus peu de haltes, comparativement à Bordeaux. Néanmoins, le groupe est aux anges. Ce qui les a le plus impressionné ? Le ciel bleu et des campagnes verdoyantes. En Chine, avec la pollution, le ciel est souvent gris et les zones non-cultivées sont souvent des décharges sauvages. Les femmes nous parlent aussi des tenus des Italiens et de comment ils soignent leur apparence. Les Chinois adultes ayant tendance à se laisser-aller, quel que soit leur couche sociale.

Jour 7
C'est le vol du retour, pour le groupe. Il faut rendre les Ferrari et le Van #2, filer leur compte aux hôtesses... G est déjà reparti. Mon esprit est déjà à Paris. Vivement la prochaine tournée !

(1) Oui, je sais, beaucoup de gens ont horreur de cette expression. Oui, mais c'est ce qu'on employait chez Audi.
(2) Notez qu'en Chine aussi, les femmes étaient têtes nues au Moyen-Age. Alors d'où vient cette exigence de chapeaux anciens ?

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