Don't cry because it's over, smile because it happened

Je viens de passer une dernière fois la porte-battante. Un selfie et je vais rendre mon badge à l'accueil. Ainsi s'achève mon passage comme prestataire chez Renault Sport Racing...

J'ai déjà évoqué mon amour du sport-auto, durant dans mon adolescence. J'étais un lycéen médiocre. Renault Sport Racing, ça me semblait être une autre planète. Un bâtiment, au bord de l'A6, dans lequel je ne mettrais jamais les pieds. Du moins, c'était mon impression en voyant les images des ingénieurs dans les stands : des gens ultra-compétents, alors que moi, j'avais toutes les peines du monde à obtenir un bac mécanique... 

En janvier 2019, pour une fois, j'étais sorti de l'A6. J'ai assisté à la présentation de la Renault Sport Academy (avec le regretté Anthoine Hubert), avec découverte du site. Je pensais alors que je n'irai pas plus loin...

Et voilà que le jour même du retour de mon séjour aux Philippines, on me proposa une mission d'acheteur électronique. Mon premier jour correspondait à la date anniversaire de la présentation de la Renault Sport Academy !

En 2000, dans un dossier d'inscription à une université, on m'avait demandé dans quels entreprises je souhaiterai travailler. J'avais cité une écurie de F1.

Ce n'était pas qu'une question de passion.

Derrière, il y avait un environnement conférant au défi permanent. D'une part, ce sont des produits hautement technique. Parce que non seulement il faut faire rouler la voiture pendant 2h de Grand Prix, mais il faut qu'elle arrive devant ! Donc les pièces doivent être capable de fonctionner dans un environnement difficile et d'être légères. Autant dire que vous ne trouvez pas des fournisseurs à tous les coins de rue... Approvisionner des barres de métal ou des PCB nus, c'est une franche rigolade...
Ensuite, il y a le délais. Dans l'automobile, le SOP (Start Of Production), c'est un mur. Néanmoins, avec le WLTP, il a fallu décaler tous les lancements de 18 mois. Cela coute très cher de déplacer le SOP, mais c'est possible. Par contre, impossible de dire à la FIA : "Dites, vous pourriez décaler votre Grand Prix d'une semaine ? On n'est pas tout à fait prêts, là, donc..." Ainsi, vous devez vous décarcasser. Les sujets qui fâchent, vous devez les traiter vaille que vaille. Votre unité de mesure, c'est la semaine, voire le jour... Et c'est le genre d'environnements qui me plait.

Ne comptez pas sur moi pour vous divulguer des secrets ou pour dire du mal de Renault Sport Racing. Ça ne serait pas du tout correct envers ceux qui étaient encore mes collègues, la semaine dernière. Et globalement, je m'y suis plu. D'ailleurs, si cela ne tenait qu'à moi, j'y serai encore...

Par exemple, les bureaux des responsables sont physiquement situés entre le bureau d'études et les achats. Les haut-gradés vous disent bonjour le matin et ils vont au réfectoire, le midi. Plus généralement, on y est informé de manière hebdomadaire sur la vie de l'entreprise et régulièrement, ils réalisent des interventions pour expliciter la stratégie à court, moyen et long terme. C'est une manière d'impliquer les collaborateurs de l'entreprise.

La passion transpire chez Renault Sport Racing. Sur chaque bureau, chaque établi, vous avez des cartes postales, des posters, des miniatures, etc. En permanence, on discute du championnat, du prochain Grand Prix, du mercato...

Et c'est à l'extérieur que vous vous rendez compte de l'importance de l'entreprise où vous êtes. Partout, vous voyez des voitures de courses aux moteurs "made in Viry". Comme ce poster d'Alpine A442, dans un resto-route... De quoi vous rendre fier de participer à cette aventure.

Aventure, c'est bien le mot, car cette saison 2020 fut très mouvementée ! Tout était prêt pour le début de saison. L'équipe "piste" était en Australie. Le jeudi, McLaren avait plusieurs cas positifs au Covid et elle annonçait son retrait. Le vendredi, le Grand Prix d'Australie était reporté sine die. Et le lundi, c'était le confinement général. Je prenais une photo du site, histoire d'avoir un souvenir, au cas où je n'y revenais pas...

Pourtant, deux mois plus tard, à mon grand soulagement...

Peu après, l'un des temps forts, ce fut la visite d'Esteban Ocon. Le premier de cordé de l'ASK93 Rosny, dont l'ombre planait sur la dernière remise des prix.

Je pourrais dire que j'ai contribué à sa 5e place en Belgique. La preuve de mon importance, c'est lors du Grand Prix de l'Eifel, on a monté un composant défectueux -que j'avais acheté- sur la voiture de Lando Norris. Et le Britannique a abandonné.

Pour remplacer Daniel Ricciardo, il fallait une star. Un pilote au palmarès solide, qui parle aux sponsors et qui connaisse bien la maison. En cela, Fernando Alonso s'est imposé. Il a été champion du monde 2005 et 2006 avec un châssis Renault.

C'était un honneur de le croiser.

On nous avait annoncé sa venue. J'avais vu une de ses casquettes, à vendre, lors de la brocante du conservatoire Citroën. Il me l'a signé et en plus, c'est moi qui avait fourni le stylo !

Ricciardo a terminé 3e du Grand Prix de l'Eifel. Cela faisait 9 ans qu'un pilote Renault n'était pas monté sur un podium ! Ça a donné lieu à une casquette spéciale et à un poster, qui furent un peu mes cadeaux de départ.

Ainsi s'acheva ma mission chez Renault. Une expérience très enrichissante professionnellement et un rêve de fan.

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