Ça a débuté comme ça.

Voici la photo qui a changé ma vie ! Non pas que c'est le fait de monter dans un kart qui ait été une révélation. Non, c'est cette photo de moi en combinaison de kart qui m'a ouvert des opportunités inouïes. C'était il y a exactement quinze ans.

L'automobile, ça a toujours été une passion. Quand j'étais enfant et même adolescent, je dévorais la presse auto, je collectionnais miniatures et catalogues, je poussais mes parents dans les salons et j'immortalisais avec mon Instamatic les belles carrosseries. Plusieurs fois, j'ai pu assister à des courses, comme ici, les DTM (NDLA : enfin, l'ITC) à Magny-Cours, en 1996.
En janvier 1997, en guise de cadeau pour mes 18 ans, mon père m'offrait un stage de Formule Ford. Une journée avec Mygale, sur le circuit "école" de Montlhéry...
Il faisait froid. Bien sûr, il n'y a pas de chauffage dans une Formule Ford. En plus, il avait fallu se lever aux aurores pour rallier Montlhéry. A la fin de la journée, j'étais crevé et j'avais attrapé un rhume. Mais j'étais heureux de toucher du doigt le pilotage d'une monoplace.

J'avais bien conscience de ne pas être au niveau, pour être pilote. De toute façon, j'avais 0 budget et 0 contacts. Ça aurait pu être un début, mais ce stage fut plutôt le baroud d'honneur de ma vie de simple fan.
J'avais 18 ans et j'étais un never been du sport auto !

J'étais un passionné de voitures, mais à mes yeux, impossible d'y trouver un débouché professionnel. Je n'étais ni journaliste, ni mécanicien de formation. En 1997, vous n'aviez pas de blogs, internet débutait à peine et pour créer sa page, mieux valait être doué en informatique...

Alors j'ai entamé une carrière professionnelle, loin des voitures et des circuits.
Je continuais de lire la presse, d'aller au salon et de collectionner les miniatures. Mais j'avais l'impression que j'étais condamné à rester derrière les cordelettes, à l'extérieur des espaces VIP et autres "entrée réservée". C'était frustrant.
Un beau jour de 2003, j'ai poussé mes amis à aller chez Kart'In. 6 ans après la Formule Ford (une éternité, lorsqu'on est jeune), je m'asseyais de nouveau dans un baquet.

J'avais tenu à faire immortaliser l'instant. Regardez ce sourire !
On est retourné à Kart'In deux, trois, quatre fois... Mes amis aimaient bien le kart, mais sans plus. D'autres préféraient aller au bowling ou à Disneyland Paris. Il fallait négocier.
Accessoirement, plus vous vieillissez, plus ça devient compliqué de s'organiser des sorties entre potes. Les impératifs devenant de plus en plus nombreux...
En mars 2005, cela faisait quelques temps que je n'étais pas allé à Kart'In. Un jour, dans les pages "autres offres" du Figaro Emploi, j'avais vu une annonce de recherche "d'essayeurs de voitures". J'y ai répondu, au bluff.

Ne croyez pas que durant toutes ces années, j'étais resté les bras ballants. J'avais déjà tenté de travailler dans l'automobile. A 15 ans, j'avais envoyé une candidature spontanée à Jean Todt (qui venait de prendre la tête de la Scuderia Ferrari.) A 17 ans, j'avais postulé à un programme de formation de vendeurs chez Mercedes-Benz. Puis il y eu l'épisode RAF...
A chaque fois, ce furent des échecs. Mais après tout, à part le prix d'un timbre, je n'avais pas grand chose à perdre.

A ma grande surprise, quelques semaines plus tard, j'ai passé le premier tamis. La suite, c'était un dossier à remplir. Style de conduite, opinion sur la vitesse, motivation... Ça changeait des dossiers habituels ! Surtout, ils exigeaient deux photos. Un portrait et une photo "en pied". La seule photo à peu près en pied que j'avais, c'était celle de Kart'In. Et puis, une photo en combinaison, ça fait passionné, donc c'était un bon point pour moi, non ?
Effectivement, la photo avait tapé dans l’œil de Dominique Depons. Je passais le second tri. Me voilà à la Boutique Audi, avenue de l'Opéra, en avril. Dominique me présenta le poste : être moniteur-démonstrateur chez Audi. Être payé pour aller de circuit en circuit, en Audi, pour faire l'article à des clients potentiels. En prime, on était habillé de pied en cap par le constructeur !
J'avais beau avoir passé deux échelons, je pensais qu'il y avait des gens mille fois plus qualifiés que moi pour le job ! J'essayais tant bien que mal de donner le change. Mais en repartant, j'étais persuadé que je n'allais plus jamais entendre parler de Dominique ou d'Audi !

Pourtant, en mai, j'étais parmi les quinze sélectionnés (sur trois cents personnes ayant répondu à l'annonce du Figaro Emploi.) Deux jours de formations au Centre Audi Quattro (CAQ, pour les intimes), à Mortefontaine, avec Gerald Garcia.

Et quelques semaines plus tard, première opération, sur le circuit d'Alès. J'étais au septième ciel ! Deux jours à être payé pour parler de voitures, pensez-vous ! J'étais passé de l'autre côté de la barrière.
J'avais un job dont je n'aurais même pas osé rêver, quelques mois plus tôt. Désormais, il fallait être à la hauteur. Car dans la prestation, pas de CDI, ni même de CDD : celui qui ne fait pas l'affaire est remplacé dès le week-end suivant.
Après la tournée Audi, il y eu une opération avec Porsche au Grand Palais, puis une tournée Renault Sport.

L'ex-patron de Dominique, Alain Colombes, possédait une piste de karting à Dreux. "Columbo" cherchait un mécanicien/commissaire de piste. Dominique s'est rappelé qu'un gars lui avait envoyé une photo en combi de karting. Dominique en avait déduit que cette personne devait s'y connaitre. Et bien sûr, la personne en question, c'était moi !

Alain a vite vu que je n'y connaissais rien au kart, mais il m'a donné ma chance.
Pendant un an, j'ai alterné les opérations avec Dominique et le karting d'Alain. Un an à conduire des voitures comme l'Audi A8 W12, la Porsche Cayman S ou la Megane RS F1 Team. Un an à aller de circuit en circuit, à travailler aux côtés de pilotes comme Lionel Regal, Vincent Radermecker, Christophe Vaison, Jean-Bernard Bouvet, Pascal Fabre... C'était Sport-Auto "live" !

Puis j'ai retrouvé un boulot "normal". Bien sûr, le frisson me manquait. Entre temps, les blogs étaient apparus. J'étais devenu un lecteur très régulier du Blog Auto. A chaque article, je me devais de mettre mon grain de sel ! Il faut dire qu'en une année, j'avais une belle provision d'anecdotes personnelles et un certain bagage technique sur les voitures.
A force, Christophe Labédan, alors patron du blog, m'a proposé d'écrire pour eux. Le début d'une loooongue histoire...

Sans Dominique Depons, j'aurais eu bien moins de choses à raconter et Christophe Labédan ne m'aurait jamais embauché. Et sans cette photo en combinaison de kart, Dominique ne m'aurait jamais pris. Comme quoi, parfois, il y a des hasards dans la vie... Et bien sûr, j'ai eu la chance de tomber sur des gens qui ont cru en moi, alors que moi-même, je ne croyais pas en moi.

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