Mini-essai Piaggio Porter

Piaggio, le fameux fabricant de scooters, revient aux utilitaires légers. Voici le nouveau Porter, aux origines Chinoises...

De Piaggio, on connait surtout les scooters. Mais c'est l'un des grands groupes Italiens. A l'instar des familles Agnelli, Bruni Tedeschi ou Olivetti, les Piaggio furent une dynastie d'industriels transalpin du XXe siècle. Avec un destin à rendre jaloux les scénaristes...

En 1882, Enrico Piaggio s'installa à Pise et se lança dans la sylviculture. Son fils, Rinaldo, préféra l'industrie lourde : le ferroviaire, puis l'aéronautique et des sous-ensembles pour PL. Rinaldo mourut en 1938 et passa le témoin à son propre fils, également nommé Enrico.
L'usine Piaggio fut largement bombardée. La légende veut qu'à la fin du conflit, alors qu'il visite les ruines, Corradino d'Ascanio, ingénieur en chef, a l'idée de bricoler un engin à partir d'un train d'atterrissage et d'un démarreur. Cela donna la Vespa, en 1946, bientôt épaulé par le triporteur Ape, en 1948.

La Vespa et l'Ape prirent suffisamment d'ampleur pour que le groupe soit scindé en deux, en 1964. A Enrico les deux-trois roues et à son petit-frère Armando, les avions. Piaggio Aero s'orientant vers l'aviation d'affaires.
Enrico épouse sur le tard la veuve d'un soldat. Elle lui donne deux jumeaux, en 1962, qui ne vivent que quelques jours. La veuve avait déjà une fille, Antonella qui prend le nom de "Bechi Piaggio". Elle épouse Umberto Agnelli (le petit-frère de Gianni Agnelli), accouche d'un fils en 1964 et divorce peu après.

Piaggio et l'auto, c'est un longue histoire. En 1950, Enrico Piaggio fonda une filiale Française, ACMA, chargée d'assembler et de distribuer les Vespa. En 1957, pour les dix ans du scooter, ACMA dévoila une voiturette, la Vespa 400. Ce fut un feu de paille. La production s'arrêta en 1961 et ACMA se noya en 1962.

Au début des années 90, Piaggio signa un accord avec Daihatsu pour produire le minivan Porter à Pise. En parallèle, il lança une variante à 4 roues de l'Ape, le Poker.
En 1993, Fiat racheta Piaggio. Gianni Agnelli plaça son neveu, Giovannino Agnellli (le fils d'Umberto et d'Antonella Bechi Piaggio) à sa tête. Jeune et ambitieux, Giovannino était l'héritier désigné de l'empire. En attendant, il tenta de restructurer Piaggio et Vespa, ringardisé par les scooters Japonais. Hélas, il mouru d'un cancer foudroyant, en 1997. Gianni voulu utiliser Piaggio comme incubateur pour Lapo Elkann. Jmenfoutiste, il fut renvoyé au bout de deux mois. Fiat revendit Piaggio, en 1999.

En 2003, Roberto Colannino prit la barre. L'ultime projet pré-Colannino fut le lancement de la Piaggio M500, une Casalini Ydea rebadgée à destination des pays de l'Est (bien qu Piaggio la distribua également en France.)
La stratégie de Colannino était de devenir un poids-lourds du deux roues européen. Il racheta ainsi Derbi et Aprilia. L'accord avec Daihatsu n'a pas été reconduit. On pensait que Piaggio avait tourné la page, mais peu après, le groupe passait un accord avec Foton...

Présentation
Le nouveau Porter est en fait un Foton TM rebadgé. Il est proposé en quatre empattements : 2,65m, 3,07m, 3m (avec roues jumelées) et 3,25m (avec roues jumelées.) Avec 1,84m de hauteur, il rentre dans tous les parkings souterrains modernes.
Avec son capot proéminent, il a davantage un look de camion de poche. Sa ligne est d'autant plus agréable qu'il est né comme cela, alors que l'ancien Porter était un minivan à l'origine. Piaggio le produit en version plateau ou en châssis-cabine. Foton en commercialise également un version double-cabine, mais elle n'est pas arrivée à Pise.

Intérieur
La cabine est plutôt vaste.

La version "start" possède l'allumage automatique des feux et des essuies-glaces, l'airbag conducteur, les rétroviseurs électriques et un support pour smartphones. La version "plus" y rajoute l'autoradio et surtout, la climatisation. Enfin, la version "top" nous offre l'airbag passager et des pare-chocs ton caisse.

La finition est franchement médiocre. C'est le pire du made in China. On a l'impression que le rétroviseur intérieur va vous rester dans la main !

Au volant
Le Porter cible les collectivités (entretien des jardins, propreté, etc.) Or, dans un réflexe pavlovien, ces collectivités disent en chœur : "Le diesel, c'est mal." Donc Piaggio s’exécute. Exit le 1,2l turbo-diesel, place à des 1,5l essence/GPL ou essence/GNC. On gagne en puissance (68ch contre 64ch), mais on perd en couple (132Nm pour l'essence/GPL contre 140Nm), il consomme a priori davantage et émet plus de CO2 (150g contre 125g.) Mais il parait que c'est le progrès...
Notez que l'on peut opter pour un réservoir de GPL plus conséquent et dans le cas du GNC, faire installer un second réservoir.

Assis haut, avec des porte-à-faux réduits, on a une bonne vision d'ensemble. Le Porter s'avère très maniable, en ville, où il s'insère bien dans la circulation. Grâce à sa garde-au-sol, il n'a pas peur des inégalités. Même à vide, il s’essouffle vite sur les nationales. En même temps, il n'a pas vocation à faire de longs trajets...

Conclusion
Comme il en existe de nombreuses versions, difficile de jauger le tarif. Il démarre à 15.855 € pour un châssis-cabine "start" châssis court essence+GPL.
En France, son seul concurrent est le Giotti Gladiator, un autre coproduction sino-italienne. Ensuite, on passe à des utilitaires plus gros, comme le Toyota Dyna.

Le Porter NP6 s'avère moins rustique qu'il en a l'air. Pour la longévité, rien à craindre. En Chine, ces utilitaires sont maltraité pendant des années, sans jamais voir un garage et pourtant, ils roulent !
Le premier point noir, c'est la finition. Et le second, c'est le moteur. Une version électrique est attendue pour 2022.

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