La T-Bird de Kennedy et de la guerre du Vietnam

Une Ford Thunderbird troisième génération (1961-1963), en version coupé. Une authentique "belle Américaine" avec 5,2m de long (alors qu'une Peugeot 403 contemporaine mesure 4,4m) et un choix de bons gros V8 qui glougloutent bien. J'adore les Américaines de cette époque. Quand j'étais petit, je salivais devant celles qui apparaissaient dans Nitro.
Les experts ont tendance à dire que l'époque classique s'arrête à 1965. En effet, la Ford Mustang (mi-1964) est plus compacte et davantage orientée performances. Mais peut-on considérer la compacte Chevrolet Corvair (1959) comme une "belle Américaine" ? Non. Pour moi, les "géantes" ne s'éteignent qu'avec l'ultime Cadillac Eldorado cabriolet de 1976. Ca ne veut pas dire que toutes les Américaines antérieures à 1976 sont des "belles Américaines". Il faut plutôt s'imaginer un entonnoir. 1960 marque la fin des ailerons et l'apparition des compactes. Le faisceau se réduit. En 1965, le "bigger is better" n'est plus la norme. Puis, en 1970, la Ford Pinto marque l'entrée des "sub-compacts". Les voitures de taille XXL sont de moins en moins nombreuses. L'interdiction des cabriolets sans arceau et l'obligation du pot catalytique, qui étranglent les V8, sont le coup de grâce.

Revenons à la Ford Thunderbird. C'est une époque de changement chez les "trois grands". En 1950, les Etats-Unis représentent près de 90% de la production mondiale de voitures. Au début des années 60, l'Europe l'a rattrapé, mais le pays conserve une hégémonie industrielle et culturelle. Les Etats-Unis innovent et les généralistes européens copient ensuite. Les bureaux de design disposent de budgets illimités. Chuck Jordan, N°2 du design de GM, a bien compris le truc. GM lui file gratuitement toutes les voitures qu'il veut. Avec, ils emmènent ses maitresses dans les plus beaux hôtels et les plus beaux restaurants, en n'oubliant pas de demander un reçut. Car GM lui rembourse ses escapades ! Et il a eu plus de femmes que de voitures... Même chez le minuscule American Motors, le fils du patron est payé à ne rien faire. Mitt Romney part ainsi en virée avec son meilleur ami, un designer venu de France, Alain Clénet... En 1945, Washington s'inquiète de la situation de Ford. Il écarte Henry Ford, devenu sénile et y place ses hommes. Henry Ford II, le petit-fils, subit un genre de régence. Il profite du bide d'Edsel, en 1959, pour organiser une révolution de palais et prendre le pouvoir.
Les victimes sont donc les hommes placés par Washington en 1945. Dont le statisticien Robert McNamara. Militant Républicain, McNamara rejoint pourtant l'équipe d'un président démocrate, John Fitzgerald Kennedy. L'ovale bleu a bien conscience que ce jeune président est une vraie star du petit écran. Lorsqu'il arrive au pouvoir, Ford utilise McNamara pour fournir des Thunderbird à la Maison Blanche. La cérémonie d'investiture du président, en 1961, devient ainsi une véritable parade de T-Bird !
McNamara, c'est aussi l'homme de la guerre du Vietnam. Il convainc JFK qu'avec plus d'Hommes et de moyens, le Viet-Cong peut être écrabouillé. Le nombre de soldats passe de 900 à 16 000. De toute façon, les GIs sont souvent des ruraux et des ouvriers devenus réervistes pour que l'armée payent leurs études. Donc on s'en fout. Alors que les incidents sont des plus en plus fréquents, McNamara prédit une victoire pour noël 1963. Pour défendre quoi ? Qui ? Ngo Dinh Diem est un genre de Marcos Vietnamien, avec un petit-frère fan d'expéditions punitives. Sa belle-sœur, madame Nhu, est haïe par le peuple. Les Américains disent que c'est ça ou les communistes, donc mieux vaut "our guy". En novembre 1963, Diem et son frère sont massacrés à la baïonnette. Ils sont remplacés par un junte incompétente et corrompue. Pas de quoi convaincre les Vietnamiens des bienfaits du capitalisme... JFK se fait assassiner exactement 20 jours après Diem. McNamara convainc Lyndon Johnson des vertus du "plus d'Hommes et de moyens". En 1964, les Etats-Unis entrent officiellement en guerre. 3 millions d'Américains se battront aux Vietnam. Des étudiants des beaux quartiers sont enrôlés de force et les protestations commencent. McNamara est viré en 1968. Clark Clifford le remplace à la Défense et il prêche une stabilisation des effectifs. Un an plus tard, Richard Nixon prend les commandes. Sa politique est celle de la "Vietnamisation", autrement dit "démerdez-vous !" Les Américains quittent le Vietnam, mais curieusement, Nixon reste aujourd'hui le président de la guerre du Vietnam, alors que l'on loue le pacifisme de JFK...

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