Rétromobile 2023 : 3. Bouvot-Caron

Motul joue volontiers les mécènes. En collaboration avec la Fondation du Patrimoine, il a financé la restauration de cette Bouvot-Caron de 1954. Faute d'avoir pu disputer les 24 heures du Mans 1954, elle participera à la parade du centenaire de la classique mancelle...

Paul Bouvot eu une vie très riche. Tout en faisant des recherches, j'avais l'impression d'entendre parler d'homonymes... Mais non, c'est bien le même homme !

Fils d'un garagiste jurassien, il "monte" à Dijon, décroche un brevet industriel et vise les Arts et Métiers... Son père meurt alors qu'il n'a que 16 ans et il doit gagner sa vie. L'usine Terrot est attenante au lycée professionnel et Paul Bouvot rêvassait devant les motos... Ce sera donc là qu'il débuta sa vie professionnelle, en 1938. Il se voit bien pilote moto, mais la guerre éclate.
Paul Bouvot part alors chez Labourier, un minuscule constructeur de camions, basé à Mouchard. Le 6 juin 1944, les alliés débarquent en Normandie. Après des semaines du surplace, ils prennent Cherbourg et ils assiègent Caen. Les maquis sont en ébullition. Le FFI "Frontière" SRD2 harcèle les nazis en Franche-Comté. L'occupant abat plusieurs officiers, mais d'autres prennent leur place. Paul Bouvot est de ces "autres". Le 6 juillet, il est à bord d'une Traction Avant avec son sergent-chef et ami, Gilbert Cuinet. A Mouchard, les Allemands leur tendent une embuscade. La voiture est mitraillée. Gilbert Cuinet meurt sur le coup. Paul Bouvot est arrêté et déporté à Dachau. Il y restera un an. Le camp fut libéré le 29 avril 1945 par les Américains, mais marqué physiquement et mentalement, il ne sait sans doute pas où aller.
Après une longue convalescence, il réapparait en Franche-Comté en 1946 et retrouve son poste chez Labourier. Il s'essaye aussi au pilotage moto.

En 1950, il a un nouveau projet : disputer les 24 Heurs du Mans avec sa propre voiture ! Pierre Caron, un ami, l'aide à acheter la Simca 8 qui sert de base. Les feux avant proviennent d'une 203 et les feux arrières, d'une Juvaquatre. Le moteur possède une préparation Monopole avec deux carburateurs Solex et une boite semi-automatique Cotal.
La ligne de la Bouvot-Caron est dans le ton de l'époque. Ni en avance, ni en retard.

La Bouvot-Caron ne sera jamais engagée au Mans. En 1956, Paul Bouvot construit un (ou deux ?) coupé(s ?) La finition se veut plus sérieuse, avec un carrosserie en aluminium. Souhaite-t-il devenir constructeur ? Bluffé par ses réalisations, Roger Poussot (un ingénieur passé de Talbot-Lago à Peugeot) lui décroche un entretien chez la firme au lion.
En 1956, il est ainsi l'adjoint d'Henri Thomas, le patron du style. Il lui succède en 1960, à 38 ans. Proche de Batista "Pinin" Farina, il se plaint néanmoins de la concurrence de Pininfarina et roule ostensiblement en Lamborghini Miura. L'un des premiers hommes recrutés par Paul Bouvot, c'est Gérard Welter. Il lui succède en 1980 (ou en 1975 ?)
Paul Bouvot se passionne alors pour la peinture. Il meurt en 2000. Marc Bouvot, son fils, récupère la Bouvot-Caron, avant de décéder à son tour, en 2020. Elle appartient aujourd'hui à l'animateur TV François Allain.

Commentaires

Articles les plus consultés