Rétromobile 2023 : 1. Renault 5 Turbo

Me voilà dans le hall 1 de Rétromobile ! Par tradition, j'immortalise toujours la première voiture croisée. Cette année, les portes s'ouvrent sur les vendeurs de polish miracle. Vulcanet est longtemps venu avec son A110, avant de varier. Cette année, une Renault 5 Turbo sert de démonstratrice. Alors, immortalisation de la R5 Turbo !

On sait le "comment" du développement de la R5 Turbo. Mais personne ne parle du "pourquoi".

Jean Terramorsi, en charge de l'usine de Dieppe, est le "père" de la voiture. Songeait-il à une R8 Gordini moderne (d'où le moteur arrière), pour consoler ses orphelins ? Voulait-il occuper la chaine de Dieppe, alors que la production de l'A110 s'arrêtait ? S'est-il inspiré des Vauxhall Firenza et Ford Escort RS délirantes qui courraient en tourisme ? Ou bien des "silhouettes" du DRM naissant ?
Jean Terramorsi disparu brutalement, c'est Gérard Larrousse qui convainquit la direction de créer une R5 pour les Groupe 3 et 4. Le Berex se chargea ensuite d'installer le 1400 "Cléon Fonte" (gavé d'un turbo) de la R5 Alpine, dans le coffre.

Renault a-t-il souhaité capitaliser sur l'effet "turbo" de la victoire de Dijon, en 1979, avec le regretté Jean-Pierre Beltoise ? Etait-ce pour occuper le terrain, alors que son actualité était plus calme entre le lancement de la Fuego (1980) et celui de la R9 ?

Le plus fou, c'est le time du market. En 1979, la R5 se dotait d'une version 5 portes. Avec 711 533 unités, le millésime 1980 fut le meilleur de la R5. Mais le projet Supercinq était déjà bien entamé. Le marketing aurait pu décider de laisser la R5 en roues libres. D'autant plus qu'en France et en Espagne, elle n'a pas -encore- de concurrente sérieuse. Surtout, après un record absolu des ventes en 1979, le résultat 1980 est négatif. Le discret PDG, Bernard Vernier-Paillez, est écarté peu après, à l'arrivée de François Mitterrand.
En bref, d'après des critères objectifs, la R5 n'avait pas grand chose à gagner avec la Turbo. Et Renault n'avait pas les moyens de jeter l'argent par les fenêtres. En prime, il existait déjà l'Alpine Turbo !

On accusait les GTI d'être des pétards à roulette et voilà que le concept était poussé à son paroxysme. 160ch, pour un peu moins d'une tonne. Presque tout le poids était sur le train arrière. Les gros boudin (du 245) faisaient ce qu'ils pouvaient pour canaliser les humeurs du turbo. Gare aux réveils de la mécanique en plein virage. Soit, comme Jean Ragnotti ou Alain Serpaggi, vous saviez jouer les équilibristes. Soit, comme presque tous les autres, vous finissiez dans le fossé...

Le dernier pied-de-nez, c'est que la Turbo de 1981 connu un succès mitigé, car trop chère. Alors deux ans plus tard, le losange revit sa copie avec la Turbo 2. Pourtant, la gamme R5 était déjà passée "end of life". Les versions 845cm3 furent les premières à quitter le tarif.
La Peugeot 205 débarquait et du jour au lendemain, les ventes furent divisées par deux. Avec la Lauréate, Renault tentait tant bien que mal de tenir jusqu'à l'arrivée de la Supercinq... Mais la Turbo, elle, se vendait très bien, eu égard à la taille de sa niche. Alors que la plupart des groupe B "civiles" eurent du mal à écouler les 500 exemplaires exigés (Audi et Lancia furent même suspectés d'avoir gonflé les chiffres), il se vendit 4 957 R5 Turbo ! Pas mal, pour une mamie...

Signe des temps, hélas, la pin-up de Vulcanet a disparu. A la place, on a la silhouette de Sébastien Loeb...

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