Rétromobile 2023 : 15. Facel Vega "Le Mans 1964"

C'était l'une des attractions de Rétromobile 2023 : la maquette en polystyrène, à l'échelle 1 de la Facel Vega "Le Mans 1964".

Ruiné par les soucis de jeunesse de la Facellia, Jean Daninos obtint un prêt de l'état Français à la fin de l'été 1961. Le fondateur du laisser son siège de N°1 à Jean Belin, tout en restant omniprésent.
Jusqu'ici hostile à la compétition, il fit aligner des Facellia en rallye. Surtout, il prépara un projet de prototype pour les 24 Heures du Mans 1964. On accusait les Facel Vega de n'être pas fiables ? Alors il ira au temple de la fiabilité ! (Panhard avait eu une démarche similaire au début des années 50.) La voiture avait un moteur V8 Hemi, une boite Tec-Mec et des freins à disque Dunlop. Hélas, Facel Vega connu un second naufrage à l'été 1962, puis un troisième à l'été 1963. Le projet Manceau avança semble-t-il à un rythme de tortue. Sud-Aviation, présent au nouveau tour de table, dû se concentrer sur le Concorde. En octobre 1964, Facel Vega ferma définitivement ses portes.

Le prototype fut ferraillé. Il n'en resta qu'une vue de profil et les souvenirs de Jean Daninos.

Je suis très partagé sur ce projet. Paulo Antunes, qui en est à l'origine, a l'air très motivé. Après, il s'agit d'une création à 99%, faute d'avoir davantage de vues ou de données d'origine.

J'ai très peur qu'une fois achevé, Vilebrequin n'en prenne le volant et nous en bâcle un historique. Comme ils savent si bien le faire.

Les Talbot-Lago T26 GS de Louis Rosier (vainqueur des 24 Heures du Mans 1950) et Pierre Levegh (vainqueur moral des 24 Heures 1952), furent les derniers feux du sport auto français. Il n'y eu plus de voitures tricolores capable de jouer la gagne ensuite. Jean Daninos avait sans doute bien conscience de l'électrochoc provoqué par une Française aux avant-postes... Même si elle ne gagnait pas (cf. Matra en 1968.)

Le problème, c'est que cela signifiait aussi qu'il n'y avait pas de structure française pour préparer une grosse voiture ou de pilotes pour se mettre au volant. La décennie avait été une hécatombe : Pierre Boncompagni, Guy Mairesse, Louis Rosier, Pierre Levengh ou Jean Behra s'étaient tué en course. Maurice Trintignant était trop vieux ; d'ailleurs chez Ford France, il fut simple conseiller.
Facel-Vega avait un bureau d'étude. C'est proche d'un département compétition, mais pas assez. Carlo Marchetti, le père de la Facellia, avait bien travaillé chez Talbot-Lago, mais il aurait manqué au moins un ou deux ingénieurs comme lui pour porter le projet Le Mans.
Au moins, à partir de 1963, avec Sud-Aviation, Facel Vega aurait pu disposer d'ingénieur issus de l'aéronautique (comme Matra.)

Quant à la voiture... Jean Daninos parlait d'un "voiture achevée à 80%". Oui, mais ensuite, il fallait la mettre au point. Le moteur était en fait un V8 "Hemi" 392. En configuration dragster, il délivrait 425ch... Oui, mais un run de dragster dure une poignée de secondes ! En prime, il n'avait jamais été monté sur un train arrière... Il aurait bien chauffé, surtout au mois de juin (et dans un voiture sans aucune ouïe à l'arrière...) Valerio Colloti avait commencé à bricoler des boites de vitesse pour les V8 Ford, par contre, ce fut sa seule commande pour un Chrysler. D'où d'inévitables soucis de jeunesse.
Les 330km/h annoncés, ils font sourire. Une Ford GT40 Mk1 contemporaine dépassait à peine les 300km/h. Pour 330km/h, il faudra attendre les 917 "longue queue"...

En bref, avec tous ces paramètres, le prototype Facel Vega aurait été un flop. Sauf à réaliser beaucoup de développement, comme Ford. Or, l'argent manquait à Dreux...

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