En sortant du bureau...

Tous les soirs, j'emprunte une départementale. Il y a des véhicules anciens, ici et là. Du très ancien et du pas très ancien. En général, mes posts de spotting ont un peu de succès. Alors pourquoi ne pas m'arrêter et les prendre en photo ?

On commence par Adriatique Autos, un garage semble-t-il abandonné depuis longtemps (créé par un natif des Balkans ?) Particularité : il a conservé des voitures : Saab 9-5, Jeep Laredo, Volvo S40, Alfa Romeo 145, deux (!) Fiat Multipla, Volkswagen Vento et en bonus, une carcasse plus ancienne (une Lancia Fulvia Zagato ?)

Certaines seraient éligibles au statut de youngtimer ! Encore quelques années et les autres prendront de la valeur. Qui sait, peut-être que demain, dans un catalogue de ventes aux enchères, on verra "les trésors d'Adriatique Autos". Ce n'est pas pire que la collection Baillon !

J'étais intriguée par cette ambulance Mercedes-Benz 200/300 (W124.) Difficile de savoir qui l'a carrossée : Binz et Miesen, les deux principaux spécialiste de la firme à l'étoile, proposaient des réalisations similaires. Jusqu'aux vitres. Notez le châssis rallongé. La longue demi-porte, côté conducteur, permettait d'accéder à un rangement.

Hélas, elle est ventousée et sert de débarras. L'avant relevé trahit l'absence de moteur. Elle est vraiment dans un triste état.
Lorsque j'ai pris les photos, une femme m'a prise pour un agent de la mairie, puis de la police municipale. Car cette ambulance est là depuis vraiment longtemps et ça la gène...

Sa descendante, une Classe E (W210.) Là encore, Miesen et Binz construisaient des ambulances rigoureusement identiques. En France, Miesen s'était associé à Heuliez et Binz, à Gifa. Le châssis a été rallongé et on peut encore lire "Samu" sur le capot.
Miesen (devenu C. Miesen) propose toujours des Classe E ambulance, mais la demande a migré vers les fourgons. Terminés, les gros breaks rallongés et surélevés...

Je la croyais ventousée, elle aussi, mais certains soirs, elle n'est pas là. Elle a même eu droit à un lavage !

Chez un concessionnaire Renault Trucks, deux Saviem, pour le côté "maison fondée en..."

A l'armistice de 1941, Vichy songea à regrouper les constructeurs de VL, VU et PL aux productions proches. Le plan Pons reprit l'idée, plus ou moins l'état, en 1945. A l'instar du Gouvernement Provisoire, cette union sacrée fit long feu. Néanmoins, le concept d'un regroupement des constructeurs de poids-lourd fit son chemin. D'autant plus que la production de camion était incapable de suivre la demande.
En 1955, les activités PL de la Régie Renault, SOMUA et Latil furent fusionnés sous le nom de Société Anonyme des Véhicules Industriels et d’Équipements Mécanique Latil-Renault-SOMUA (SAVIEM LRS.) Le tout parrainé par l'état Français.
Le camion de droite, un JL20 dérivait ainsi du JL19 de Somua. Le Somua JL19 disposait d'un moteur Panhard. Or, désormais Panhard était dans le giron de Citroën, un concurrent de Saviem, donc. Renault avait une réputation passable comme motoriste PL. Le Renault série R était ainsi brocardé pour sa puissance limité (ce qui expliquerait son sobriquet de "fainéant".) Saviem se tourna vers l'Allemagne et Henschel. La nouvelle mécanique imposait un remodelage du JL19, qui devint JL20.

Henschel connu de grandes difficultés, aboutissant 20 ans plus tard à l'implosion du groupe. Saviem se tourna vers MAN.
L'état Français avait ouvert une usine de maintenance de moteurs, à Limoges, en 1939 (le plus loin possible d'une Allemagne menaçante.) Elle devint une usine de construction de moteurs Gnome et Rhône et Hispano-Suiza. Après une période de flottement, l'état décida que Saviem y produirait ses moteurs MAN sous licence (puis des Mack.) C'est aujourd'hui le site Arquus de Limoges... Qu'il partage avec son concurrent Texelis.
Le Saviem série S avait vocation à remplacer les camions issus de l'héritage Renault, Somua et Latil. En 1967, avec l'apparition des moteurs MAN, ils devinrent SM (Saviem-MAN.) Ce SM7 a plus fière allure que celui de la casse parisienne... 

Pour finir, un camion militaire, au bord de la départementale. J'ai cru à un mémorial de la Seconde Guerre Mondiale, mais il appartient a priori à un particulier !

A l'origine, Matford voulait écouler des stocks de camionnettes V8-75 auprès de l'armée Française. Convaincue par ces camions puissants (V8 Ford oblige), l'armée lui commanda un camion 5 tonnes, que Matford du construire à la hâte.
Après la guerre, Ford SAF voulu lui donner un successeur. Ce fut le Cargo. En 1955, il était dans la corbeille, lors du rachat de Ford SAF par Simca. Simca étant lié à Unic -via Fiat- la production de l'ex-Ford Cargo parti chez Unic, à Puteaux. Toujours en 1955, l'armée commanda des Simca Cargo.
Simca pensait pouvoir faire d'Unic sa branche camion. En 1958, Unic commercialisa un Cargo équipé d'un diesel Unic. Mais lorsque Chrysler prit le contrôle de Simca, Fiat se garda Unic. Le Cargo fut produit jusqu'en 1966.

Côté armée Française, le "Simca Cargo" devint un pilier des casernes. En particulier pour les personnes effectuant le service militaire. Il y eu même une tentative de mise à jour avec un turbo-diesel ! Il était encore en service dans les années 90, survivant à Simca et à Unic !

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