La rentrée de la F1

Nouveau point sur le mercato F1 2025... Et 2024 ! La rentrée est agitée. T'as ton Tann's ?

La grille 2025 est presque gelée. Avec au moins trois débutants (Antonelli, Bearman et Doohan), un vent de fraicheur soufflera sur la F1 ! Désormais le principal point de fixation, c'est Red Bull/RB Cash App...

En gras, les pilotes confirmés et en souligné, le nouveaux transferts.

Red Bull :
Max Verstappen - TBA

McLaren :
Lando Norris - Oscar Piastri

Ferrari :
Charles Leclerc - Lewis Hamilton

Mercedes :
George Russell - Andrea Kimi Antonelli

Aston Martin :
Fernando Alonso - Lance Stroll

RB CashApp :
TBA - TBA

Haas :
Oliver Bearman - Esteban Ocon

Alpine :
Pierre Gasly - Jack Doohan

Williams :
Alex Albon - Carlos Sainz Jr

Sauber/Audi :
Nico Hulkenberg - TBA

Sainz chez Williams

On l'attendait chez Audi, Mercedes, Red Bull ou peut-être Alpine... Carlos Sainz Jr trouve finalement refuge chez Williams. A l'instar d'Esteban Ocon chez Haas, ça sent la fin de carrière. Il n'a pourtant que 30 ans.

Comme de par hasard, Valtteri Bottas, Sergio Pérez, Daniel Ricciardo et Carlos Sainz Jr sont les pilotes les plus en difficultés dans ce mercato. Ce sont d'anciens vainqueurs de Grand Prix ? Et alors ? Les deux tiers de la grille 2024 ont remporté au moins un Grand Prix ! Terminé, l'extrême conservatisme, où les teams managers préféraient miser sur des pilotes expérimentés. Y compris des pilotes n'ayant pas rouler depuis un ou deux ans.
Désormais, les écuries veulent leur "Piastri". Elles entament un nouveau cycle et elles veulent de nouvelles têtes.

La seule équipe ayant besoin de pilotes chevronnés, c'est Audi. Nico Hulkenberg va jouer les cobayes et ça ne se bouscule pas pour rouler avec lui. Il y aurait un manque de confiance dans le projet de la marque aux anneaux.
La première erreur d'Audi fut sans doute d'abandonner le programme hypercar, pour se concentrer sur la F1. Le personnel typé "exploitation" s'est recasé ailleurs. A l'instar d'Andreas Roos, devenu directeur sportif de BMW. Markus Duesmann avait eu un rôle moteur dans le projet F1. Or, en 2023, il céda son poste de président à Gernot Dollner, plus tiède. Au point où Chris Reinke dût démentir une dissolution d'Audi Sport GMBh ! Quoi qu'il en soit, Audi n'est plus ce rouleau-compresseur des années 2010. L'organigramme se remplit lentement avec Jonathan Wheatley (ex-directeur sportif de Red Bull) et Mattia Binotto (le très moyen ex-team-manager de Ferrari.) Or, pour transformer Sauber en top-team, d'ici 2026, il faudrait des transformations profondes. A l'échelle de la F1, il est déjà très tard.

Doohan chez Alpine

Arrêtez les rotatives ! Alpine F1 a déniché la perle de demain : Mick Jack Doohan !

J'ai suivi ses débuts, en British F4, alors qu'il était pilote Red Bull. Le communiqué de la série était particulièrement enthousiaste. Pourtant, il n'a pas fait d'étincelles. Le limonadier lui avait pourtant monté des programmes plutôt à son avantage : MRF 2000, EuroFormula Open, F3 Asia... Néanmoins, même face à une opposition réduite, voire médiocre, l'Australien n'était pas dominateur. En 2021, il termina 2e de la F3 FIA, mais Red Bull avait perdu patience.
Jack Doohan se recasa dans la filière Alpine, terminant 3e de la F2 2023. Pilote d'essai d'Alpine F1, il est logiquement titularisé pour 2025. Les mauvaises langues disent que c'est grâce à son manager, un certain Flavio B...

Cela démontre au passage qu'Alpine n'a jamais vu en Victor Martins, un futur pilote de F1. Pour des raisons sportives et extra-sportives. Le Francilien a perdu son temps (et son argent) à poursuivre des chimères. Il aurait mieux fait de faire du WEC ou de la FE, dès la fin de saison 2022.

Antonelli chez Mercedes

Un chiffre pour comprendre Mercedes GP : cinq. Depuis la reprise de Brawn GP, en 2010, l'écurie étoilée n'a eu que cinq pilotes. C'est dire si la continuité a été importante pour Norbert Haug, puis Toto Wolff. Je pense que du printemps 2022 au printemps 2023, l'homme d'affaires Autrichien a dû beaucoup négocier avec Lewis Hamilton. "LH44" songeait à la retraite ou bien à revoir son salaire à la hausse. A l'été 2023, il trouvèrent enfin un accord pour 2024... Puis le Britannique signa chez Ferrari pour 2025 ! Le fait que Mercedes GP n'ait pas annoncé de pilote démontrait l'embarras de Toto Wolff.
En prime, des pilotes comme Lando Norris ou Charles Leclerc étaient déjà sous contrat pour 2025. A partir de là, Toto Wolff prospecta un champion du monde. Max Verstappen a sans doute rempilé trop vite avec Red Bull, pensant qu'avec la fin du "Hornergate", tout allait rentrer dans l'ordre. A 43 ans, Fernando Alonso aurait représenté une solution à très court terme. Quant à Sebastian Vettel, cela fait deux ans qu'il n'a pas disputé la moindre compétition. Et l'on ne peut pas dire que sa fin de carrière fut étincelante... Bref, il n'a jamais représenté un candidat sérieux.

Finalement, va donc pour Andrea Kimi Antonelli, un pur produit Mercedes GP. L'Italien possède un parcours limpide : doublé F4 Italia-F4 ADAC en 2022, champion de FREC en 2023 et débutant convaincant en F2 (même si Gabriel Bortoleto fait encore mieux.) Il sera donc le premier débutant de Mercedes GP. C'est le choix du long terme. Notez que par contre, George Russell pourrait céder son baquet à Max Verstappen en 2026.

Colapinto chez Williams

Logan Sargent avait une fâcheuse tendance à plier des châssis. Dès l'été, l'Américain savait que l'écurie se passera de ses services pour 2025. Terminer 2024 semblait de plus en plus une mission impossible. On pensait que Mercedes allait placer Andrea Kimi Antonelli en stage chez Williams. Mais le pilote Italien semble privilégier la F2. Et coup de théâtre : Franco Colapinto relaye l'Américain.

Colapinto... En 2019, il survolait la F4 Spain. Son manager d'alors, Fernando Alonso, lui offrit des piges en Eurocup FR et en EuroFormula Open, avec Drivex... Dont "Nando" était partenaire. L'Argentin termina 3e de la Toyota Racing Series 2020, devant Yuki Tsunoda. 3e de l'Eurocup FR pour ses grands débuts, il choisit curieusement de redoubler. Fernando Alonso retourna en F1 et l'Argentin fut désormais managé par Jamie Campbell-Walter, davantage introduit dans l'endurance. D'où des apparitions en "caisses à portes". Franco Colapinto poursuivit néanmoins en monoplace, avec des résultants en dent de scie en F3. En 2024, il débutait en F2 et décrocha trois podiums, dont une victoire. Notez qu'en parallèle, il fut nommé troisième pilote Williams, avec un "vendredi" à Silverstone.

Le parcours de Franco Colapinto rappelle celui de Logan Sargent : des succès, mais aucun titre. Et globalement, des performances allant descendo. Pour convaincre Williams, l'Argentin aurait réuni 4,5 millions de dollars (soit 4 millions d'euros.)
C'est inquiétant pour Sainz que Williams se soit décidé sur des arguments sonnants et trébuchants. Cela renforce l'idée selon laquelle l'écurie navigue à vue. Alex Albon possède un contrat pour 2025. Mais on peut se demander dans quelle mesure Franco Colapinto ne compte pas payer la close de sortie du Thaïlandais... Sinon, quel est l'intérêt pour l'Argentin de s'inviter en F1, alors que le mercato est bouclé ? 

P.S., un mot sur Viry...

J'ai regardé les photos de la grève d'Alpine F1. J'ai reconnu quelques têtes, de mon bref passage à Viry-Châtillon... Dans une entreprise, il y a toujours des gens avec qui vous ne vous entendez pas, mais dont vous respectez le travail. Dans ce qui s'appelait Renault Sport F1, j'ai rencontré des gens passionnés. Des gens qui décortiquent les résultats de leurs pilotes. Ils vivent pour eux. Et c'est presque normal d'en retrouver certains, se battant jusqu'au bout du bout pour Alpine F1...
Et puis, vous avez des nuisibles. Des gens qui non seulement ne fichent rien, mais qui parfois créent du chaos. Ces gens-là, Linkedin me l'a confirmé, ils ont quitté Viry-Châtillon depuis longtemps. Partant seuls sur leurs canots de sauvetage. Et ce sont toujours les mêmes profils...

Historiquement, Viry-Châtillon était un site de conception et d'assemblage de moteurs. Le "nouveau bâtiment" a d'ailleurs été créé pour faire (entre autre) un peu de fabrication. Il y a aussi une câblerie interne, où l'on fait le fameux marmottage... Le premier fournisseur de Viry-Châtillon, c'est Mécachrome. Et le premier client de Mécachrome, c'est Alpine. Lorsque j'étais là-bas, il fallait le payer à la commande, tant il manquait de trésorerie. Depuis, le rachat de WeAre Group, n'a pas donné le coup de fouet espéré sur les ventes, avec un chiffre d'affaires qui stagne autour de 450 millions d'euros. Mécachrome, c'est un archipel de sites. Les blocs des A424 et A524 sont construits à Aubigny-sur-Nère. L'arrêt du programme de moteurs F1 d'Alpine est un coup dur. D'autres pourraient suivre. Après tout, jusqu'ici, l'A424 n'a pas fait des miracles en WEC. Peugeot Sport est dans l'expectative et un retrait du lion pourrait faire tache d'huile... Là, Aubigny-sur-Nère serait grièvement touché. Le risque, serait que les F2 et F3 se retrouvent sans moteur. Ou que Mécachrome augmente les tarifs, afin de rester à flot.

Car au-delà d'Alpine F1, quelle est la vision de la compétition de Luca de Meo ? Viry-Châtillon, c'est aussi le FREC, la Clio Cup, les Clio de rallye et les FE pour Nissan. La FREC et la Clio Cup sont des reliquats de l'ancienne World Series by Renault. Il manque un nouveau paradigme. Sans quoi, ces programmes sont condamnés à terme. On voit mal une cellule compétition survivre au sein d'un Viry-Châtillon tourné vers les VE et avec lequel il n'y aurait aucune synergie. On voit mal aussi Renault faire courir la Clio, tout en tentant de pousser les R5 et A290.
Après, je suis très subjectif : j'ai toujours pensé qu'entre la F3 et la FREC, il y avait un étage de trop. La FREC aurait été cohérente s'il y avait eu plusieurs formules régionales européennes. Au lieu de cela, on a rajouté une étape à une filière en silo.

(Images générées sous Craiyon.)

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