Gordini mix

Je suis tombée par hasard sur cette Renault 8 Gordini. On n'en voit plus beaucoup dans la rue et pour cause... Le moindre truc qui ressemble à une Gord' est facturée 30 000€. Vous pouvez même trouver une caisse nue, pour ce prix-là ! Alors une 1300 avec les matching numbers, l'historique, etc. Là, vous atteignez 50 000€. Autant dire qu'à ce tarif-là, votre assureur vous dit de la mettre sous cloche !

En plus, ici, c'est une R8 full jacky avec déco pas vraiment d'époque, le William Saurin et surtout, la queue de tigre. Il ne manque que le volant en moumoute !

"160 avec cette merveille. - En ville ? - Bien sûr, sur l'autoroute, tout le monde peut le faire."
D'après les Alfistes, la R8 aurait des origines transalpines. IRI, l'entreprise publique qui détenait Alfa Romeo après-guerre, aurait poussé pour une descente en gamme. Rudolf Hruska, ex-Porsche, aurait été transféré de Finmeccanica vers Alfa Romeo pour superviser un projet de petite Alfa, en 1954.
En 1958, Alfa Romeo débutait l'assemblage des Dauphine et Ondine. Le projet fut reconfiguré. Pour sa petite Alfa, Hruska devait partir de la berline Française. En 1960, le constructeur dévoilait la 103. Ce fut un champ du cygne : Fiat avait fait pression sur IRI et Alfa annula son projet de petite voiture.

A la même époque, Renault développait une R8, basée sur la Dauphine. Elle sortie en 1962 (la Dauphine resta encore 5 ans au tarif !) Sa silhouette, très carrée, rappelait beaucoup la 103. Philippe Charbonneaux en serait l'auteur.

Alfa Romeo a-t-il vendu les plans de la 103 à Renault, après l'annulation du projet ? Ou bien Alfa Romeo a-t-il profité d'une visite chez Renault pour regarder par-dessus l'épaule des designers français ?

"Mais qu'est-ce que c'est ? - Un pot d'échappement. - Pas un de chez vous j'espère. - Ah ça, non ne vous inquiétez pas, aucun risque."
Le remplacement des différentes versions de Dauphine fut très, très progressif. En 1964, la R8 Gordini remplaça la Dauphine du même acabit. Puis, en 1967, ce fut la Gordini 1300, avec ses longues-portée Cibie et surtout, 100ch (SAE.) Tout cela pour la modique somme du prix de deux R8 Major ! La R8 Gordini fut mythique à cause de la Coupe (je vais y revenir.) Mais il faut se souvenir qu'en 1967, c'était ça ou rien ! Il n'y avait pas d'autres sportives tricolores, la Simca 1000 Rallye n'arrivant qu'en 1970. Quant aux CG et autres A110, elles étaient à des prix stratosphériques...

Vu de 2019, la fiche technique fait sourire : 88ch DIN, 0-100km/h en 9,5" et 175km/h en pointe. Concrètement, si je faisais la course avec ma modeste Logan 1.6, je serais devant ! C'est dire à quel point les performances ont progressé... Notez qu'il y a un lien historique : l'usine de Pitesti a débuté par l'assemblage de R8, alias Dacia 1100...
Puis j'imagine le journaliste "influenceur" qui débarque... "Waouh, trop d'enfer, le design des années 70 ! Iléou, le launch control ?" Et au premier virage, boum ! "L'ESP, il marchait pas ou quoi ?"

"Je veux cette voiture !"
A la fin des années cinquante, le sport auto tricolore était dans un triste état. L'archétype du pilote, c'était quelqu'un arrivé sur le tard, comme André Guelfi, Jean Lucas, Jo Schlesser, Bernard Consten ou Guy Ligier. Lucides, ils se rendaient compte qu'ils vieillissaient, mais que personne n'était là pour prendre la relève. Il faut dire qu'il fallait être motivé, à l'instar d'Henri Grandsire, pour passer sa licence avec l'une des vieilles Maserati de Louis Chiron, puis courir avec des gens ayant l'âge de votre père !
A contrario, en 1956, en Grande-Bretagne, Jim Russell ouvrait une école de pilotage moderne, avec des Cooper F3. Les aspirant-pilotes se basculaient et parmi eux, il y avait beaucoup de futurs pilotes de F1...

Il fallait réagir et le gotha du sport auto français a réagi. Sport-Auto a d'abord organisé un partenariat avec Jim Russell. Des jeunes qui ne parlaient pas anglais et qui n'avaient pas un sou vaillant étaient prêts à traverser la Manche à la nage pour prendre le volant d'une Cooper !
En 1963, Sport-Auto, la FFSA, Europe 1 et Ford France créèrent l'Opération Ford Jeunesse. Chaque région se choisissait un jeune, qui disputait ensuite un challenge avec des Lotus Seven. Dans le lot, il y avait Henri Pescarolo, Johnny Servoz-Gavin, Jimmy Mieusset... A l'époque, pas de slicks. Pour prendre les virages rapidement, il fallait partir en dérive, comme en rallye. Le motard Patrick Depailler n'osait pas jeter sa Lotus Seven. Faut dire qu'à moto, partir de l'arrière, c'est mauvais signe... Le Clermontois attendit l'arrivée des slicks pour se lancer sur 4 roues...
En 1966, Moteurs, journal concurrent de Sport-Auto, s'associait à Dunlop et Renault pour créer la fameuse Coupe. Mieusset en fut le premier lauréat. Michel Leclère, Jean-Pierre Jabouille, Jean-Pierre Jarier, Hugues de Chaunac, Jean-Luc Thérier et plein d'autres prirent le volant des Gord'. La voiture coutait un bras, mais c'était la cohue ! Il n'y avait que des jeunes et l'ambiance était détendue. Certains venaient de passer le permis, à l'armée, sur une Jeep Hotchkiss. Il y en avait qui se retrouvaient vite sur le toit, mais ce n'était pas grave. On était là pour rigoler...
En 1970, Renault organisait la grand messe de la R8 Gordini : le Jour G, sur le circuit Paul Ricard. Avec en vedette, Amédée Gordini. Le ticket donnait droit à un méchoui et à deux boissons ! Si Renault a réuni tout le monde, c'était pour dévoiler la R12 Gordini. Beurk, une traction avant ! Une poignée de voitures firent une démonstration sur le "Ricard". Grandsire et Pescarolo jouaient les cautions morales. En fin de saison, Bernard Mangé fermait le palmarès de la R8. La R12 "G" la remplaçait l'année suivante...

"Trouve une enveloppe corporelle."

Cette année, le sport auto tricolore est contrasté. En F1, Romain Grosjean fait acte de présence, point. Pierre Gasly est décevant, chez Red Bull. Il a marqué le tiers des points de son équipier. Il faut qu'il se ressaisisse, car sinon, Dieter Mateschitz va vite-fait lui envoyer un SMS... Quant à Esteban Ocon, il a une super-tactique : il reste chez lui, il n'apparait plus en publique et il ne dit plus rien. Bravo mon gars, t'es super-bien parti pour retrouver un baquet en 2020 !
En F2, Anthoine Hubert fait le job. Chaque week-end, il colle une seconde au tour à Tatiana Calderòn et il finit dans les points. Son problème, c'est qu'il y a Zhou Guan Yu, qui est comme lui pilote Renault Sport Academy. Par rapport à l'an dernier, Zhou s'est métamorphosé. Lui, le pilote moyen de F3, a failli remporter la course sprint de Barcelone ! Il est de plus en plus rapide et à ce train-là, il peut espérer revenir sur le podium. A ce moment-là, il serait éligible à une super-licence... Vu les enjeux économiques, les écuries vont se battre pour un pilote Chinois compétitif... Hubert est bien gentil, mais à la place de Renault F1, je commencerai déjà à parler de 2020 avec Zhou. Sans quoi, d'autres se chargeront de l'appeler... En tout cas, Ferrari doit se mordre les doigts de l'avoir laissé filer. Eux, ils ont Dumb, Dumber et Dumbest ! Après trois épreuves, être derrière Mahaveer Raghunathan au classement... Ce n'est plus le principe de Peter, ces trois-là, c'est le principe de Dilbert ! Sinon, je trouve Dorian Boccolacci un peu timide. J'espère qu'au Paul Ricard, il sortira du bois, comme l'an dernier, en F3...
Ce week-end, il y a de la F3 Japan. Sacha Fenestraz s'est imposé lors de l'ouverture et j'espère qu'il va confirmer. J'attends aussi des podiums du côté de Charles Milesi et de Tristan Charpentier.
En Eurocup FR, Victor Martins a été bon à Monza et moyen à Silverstone. Vous me trouvez dur, mais en sport auto, pour progresser, il ne faut pas être "bon", il faut être "excellent". Si tu redoubles, tu dois atomiser la concurrence ! Regardez Max Defourny... Ce qui est dommage, c'est que Martins soit le seul Français. Les autres ont sans doute hésité entre tous ces championnats de "F3 Régionale"... En F4 ADAC et en F4 France, il n'y a pour l'instant eu qu'une seule épreuve. Impossible de jauger les Français.
Globalement, il y a plus de Français à haut niveau. Il y a 4, 5 ans, les pilotes Français au sommet de la pyramide, c'était Nathanaël Berthon, Arthur Pic et Aurélien Panis ! Avec Ocon et Gasly, on s'était habitué à entendre des Marseillaises sur les podiums, on a tous envie que ça se poursuive...

"Je veux être président !"

Commentaires

  1. Allez sur YouTube, tapez "Mickael Perez", vous verrez ce que l'on peut faire de nos jours avec une Gordini en courses de côte. Un regal. Sans compter les résultats, plus quetonnants

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