F2, F3, voie sans issue

Qui va s'imposer en F2, Théo Pourchaire ou Frederik Vesti ? De toute façon, ils n'ont tous les deux que peu de chances de percer en F1.

Zombie no go stop, unless you tell 'em to stop (zombie !)

Haas vient de confirmer Kevin Magnussen et Nico Hulkenberg. Les dernières incertitudes concernent Aston Martin et Alfa Romeo. Rumeur folle de l'été, Lance Stroll voudrait abandonner la F1 pour devenir joueur de tennis. Tandis que Théo Pourchaire ferait du forcing pour prendre le baquet de Zhou Guan Yu. En l'état, on s'achemine vers une saison 2024 sans transfert, ni débutant. Une situation inédite en F1.
Et ce n'est pas un cas isolé. En 2023, il y eu exceptionnellement trois débutants (Oscar Piastri, Logan Sargeant et Nyck de Vries.) Les années précédentes furent calme : un débutant en 2022 (+ une pige pour Nyck de Vries), deux débutants en 2021 et un seul en 2020 ( + les pigistes Pietro Fittipaldi et Jake Aitken.) A titre de comparaison, il y avait cinq débutants en 2013 et quatre en 2003 ( + Nicola Kiesa et Zsolt Baumgartner.)

Dans la période 75-2015, il y avait énormément de turnover. Lorsqu'un pilote de milieu de grille ne faisait plus l'affaire, les team-managers disaient : "Qui marche bien en F3000/GP2 et en F3 ?" La F3000 fut accusée de n'être qu'un repère de fils-à-papa, vers 2000. D'où la création du GP2, lequel fut à son tour sous le feu des critiques, une dizaine d'années plus tard. Les écuries cherchaient alors des viviers alternatifs (Super Formula, Indycar, FR 3.5...)
Depuis, la F2 a fait le vide autour d'elle. Super Formula et Indycar se sont bunkerisés. Le système de Superlicence permet de sélectionner aussi des pilotes de WEC ou de FE. Sans succès probants.
Aussi, les équipes veulent un pilote d'emblée dans le coup. Plus question d'attendre une ou deux saisons que le métier rentre ! Sans trop de surprise, un pilote comme Oscar Piastri, au parcours météorique, est performant. Par contre, des profils à la progression plus lente, voire plus laborieuse, ont plus de mal à entrer dans le bain. La jurisprudence Nyck de Vries, c'est que même un pilote ayant longtemps été pilote d'essai, avec de nombreux "vendredi" et même une titularisation fructueuse, ne peut confirmer sur une saison. Pas de quoi encourager l'aventurisme, chez les équipes. Les écuries veulent donc des "Piastri". Mais forcément, la F2 ne peut pas en produire chaque année...

Pour en revenir à 75-2005, les revenants étaient rares. Certes, les anciens champions du monde pouvaient s'offrir le luxe d'une ou deux années sans F1 (cf. Niki Lauda, Alan Jones, Alain Prost, Nigel Mansell...) Pour les autres, tout année sabbatique était quasi-éliminatoire. Pour revenir ensuite, il fallait soit passer à la caisse (cf. Jos Verstappen, Tarso Marquès, Takuma Sato...), soit être un excellent pilote d'essai (cf. Olivier Panis, Alexander Wurz...) ou bien remporter un autre championnat (cf. Alex Zanardi, Ricardo Zonta, Timo Glock...)
Aujourd'hui, par frilosité, les écuries préfèrent un pilote de F1 au chômage à un débutant. Sur la grille 2023, six pilotes ont connu au moins une année sabbatique. Un record. Mick Schumacher, Antonio Giovinazzi et Nyck de Vries se tiennent aux aguets. Persuadés qu'on aura besoin d'eux. Après tout, dans cette F1 figée, on trouve des bouche-trous à temps plein. Des pilotes choisis faute de mieux et qui finissent par s'enraciner (comme Kevin Magnussen, Nico Hulkenberg, Alex Albon ou Sergio Perez !), car n saisons plus tard, aucune solution miracle n'est tombée du ciel !


Something that you wanna have but will never get

Dans la grille 2023 de F2, certains seraient sans doute capable de tenir leur rang en F1. Sauf qu'on l'a dit, les écuries sont frileuses. Elles veulent un Piastri !

Honnêtement, aucun pilote ne se détache vraiment en F2 ou en F3. J'en parle d'autant mieux que la plupart roulaient déjà lorsque j'écrivais pour l'escrault, en 2019 ! Caio Collet, Ido Cohen ou Sophia Floersch ne sont toujours pas arrivées en F2 entre temps. Theo Pourchaire, Jack Doohan, Enzo Fittipaldi ou Dennis Hauger, j'en parlais déjà en 2017, au temps du Blog Auto !

Théo Pourchaire, en F4 et en F3, c'était le nouveau Lando Norris. Mais en F2, c'est plutôt le nouveau Nicholas Latifi ! Il y a beaucoup trop de déchet pour un pilote qui triple. Et en face, il n'a pas George Russell, mais Frederik Vesti. Un titre dans une Formula Regional à trois voitures. Pas grand chose avant, pas grand chose après. Jack Doohan... Il était tout seul en Asian F3 et il termine deuxième, deux fois de suite ! Victor Martins, sept saisons de monoplace au compteur, repêché deux fois par la Renault Sport/Alpine Academy. Allez, encore deux ans et tu auras passé autant de temps en formules de promotion que Paul Belmondo

Traitez-moi de dingue, n'empêche, croyez-vous sérieusement qu'un Christian Horner, un Toto Wolff ou un Frédéric Vasseur regarde le peloton de F2 avec des envies de shopping ? Non, ça leur fait autant d'effet que l'Ultimate Cup Challenge Monoplaces !

When you try your best, but you don't succeed

En F3, c'est pareil. Le leader, Gabriel Bortoleto, n'avait pas fait grand chose en F4 et en FREC. Paul Aron ? Des débuts honnêtes en F4, puis il a plafonné en FREC et surtout, il s'est ridiculisé en Formula Regional Middle East ! Mis à part la famille al Qubaisi et quelques touristes, tout le monde était devant lui !
Puis il y a les "ex-futurs". A 14 ans, Kaylen Fredrick donnait des leçons de pilotage en F1600 (des FF équipées d'un 1500 Honda.) Il n'arriva pas à confirmer en Road to Indy. Alors il traversa l'Atlantique. Bon animateur de la F3 BRDC, il joue les chicanes mobiles en F3 depuis trois saisons. Et il n'a même pas l'excuse d'être dans une mauvaise équipe ! Caio Collet devait être la nouvelle sensation Brésilienne. Managé par Nicolas Todt, il remporta le volant Winfield et la F4 France. Il eut plus de mal à s'imposer en Eurocup FR. C'était lui qui pilotait "l'Alpine F1" aux 1000 Alpine. Depuis 2021, il roule en F3, reculant dans la hiérarchie à chaque saison.

Et ailleurs ? En FREC, Andrea Kimi Antonelli, champion 2022 de F4 Italia et de F4 ADAC semble avoir passé la 2. Il est pilote Ferrari Driver Academy. Archi-dominateur en British F4, Alex Dunne bute sur Callum Voisin. Ils jouent tous les deux la régularité. Oliver Bearman, pilote Ferrari Driver Academy et auteur d'un doublé F4 Italia/F4 ADAC en 2021, a été bon en F3, mais il a plus de difficultés en F2. Nikola Tsolov, qui a survolé la F4 Spain 2022 ? Il est à l'arrêt en F3. Myles Rowe est l'un des très rares pilotes noirs en monoplace. Il a failli remporter l'USF2000 2022, trébuchant lors du dernier week-end. Il mène actuellement l'USF Pro. Mais il a déjà 23 ans...

Difficile d'y trouver le futur Lewis Hamilton ou Max Verstappen.
Le gros problème des formules de promotion, c'est qu'au-delà de la F4, c'est un silo. Pour peu qu'il ait un budget, un pilote moyen de FREC est assuré d'aller en F2. Quant aux vrais espoirs, ils sont forcé de passer par les différents étages, quitte à être coupé dans leur élan (c'est ce qui arriverait à Verstappen Jr aujourd'hui.) On a l'impression d'un long escalator de métro, aux heures de pointes : ça monte lentement et tout le monde reste immobile, avec un regard bovin.

Renault/Alpine songerait à redéployer ses programmes sportifs, avec une liquidation de la FREC. On pourrait regretter la disparition d'une formule, dont les origines remontent à la Formule France de 1968.
La Formula Regional avait été conçu comme faisant parti d'une structure pyramidale. Chaque championnat de FR devait accueillir les meilleurs pilotes des championnats nationaux de F4. Puis la F3 se devait de recevoir les meilleurs pilotes des différents championnats de F3R. Voilà pour la théorie.
En pratique, les pilotes de F3 FIA débarquent presque tous de FREC. L'écart de niveau et de budget avec le GB3 Championship, l'Euroformula Open ou l'Eurocup 3 est trop important. La F3 Asia a mué en série hivernale, la FR Middle East. Au Japon, la FRJC labellisée FIA n'a que deux pilotes à temps plein. Les espoirs lui préfèrent la Super Formula Lights (ex-F3 Japan.) Même constat aux Etats-Unis où la FRAC (ex-F3 Americas) court après les pilotes, face à une Road to Indy qui fonctionne à peu près bien. On imagine mal un pilote de FRJC ou de FRAC débarquer en F3 FIA. Du coup, la FREC n'apporte pas grand chose en terme d'écrémage.

I'm a Barbie Girl

Pire ? Il y a les femmes pilotes. C'est le royaume des "low expectations". C'est un terme trouvé par George Bush Jr en 2002. A l'époque, c'était le fait que les collégiens noirs soient systématiquement traités comme de futurs exclus. Dans le sens de 2023, cela revient à dire que l'on met la barre très bas pour les minorités (NDLA : donc dans le cas du sport auto, les femmes.) Ce qui revient à dire que sans un gros coup de pouce, ils (elles) ne seraient pas capable de réussir. Le tout accompagné d'une surexcitation à la moindre ébauche de résultat. C'est très condescendent et très hypocrite. Ajoutez-y les simp et autres chevaliers blancs, qui se passionnent pour telle pilote (en espérant qu'elle sera reconnaissante derrière.) A l'arrivée, vous avez un certain nombre de femmes pilotes qui vivent dans une bulle. Ça vous donne Naomi Schiff, qui s'écoute parler. Vous avez des spectateurs de Canal + qui souhaitaient le retour de Marion Jollès, c'est dire !

Sophia Floersch a longtemps fait figure de femme pilote pragmatique. Cette année, l'ex-future membre des filières Red Bull et Mercedes a intégré l'Alpine Academy. Ils l'ont placé en F3, où elle roulait en 2020. A Spa, en grille inversée, elle a terminé 7e. Une première pour une femme, en F3 FIA (même si Alice Powell et Tatiana Calderon avaient fait mieux, au temps du GP3.) Donc, désormais, l'Allemande se voit en F1 !
Abbie Pulling était la protégée d'Alice Powell. La Britannique a effectué des débuts honnêtes en British F4, avec quatre podiums et une 6e place finale, en 2020. Hélas, depuis, en British F4, puis en W Series, les résultats ont plafonné. Mais l'Alpine Academy l'a recrutée et la voilà en F1 Academy. Après deux saisons au volant d'une F3R, piloter une F4, c'est du gâteau, non ? Surtout face aux sœurs al Qubaisi et à Lola Lovinfosse... Et bien non, pas pour Abbie Pulling ! Quatre saisons de monoplace et toujours pas de victoire. Malgré tout, elle est finaliste de l'Autosport Award !
Enfin, il y a Juju Noda. J'ai une certaine tendresse pour elle, car la Japonaise ne doit pas avoir une vie extrasportive très facile, avec un père omniprésent. Cette année, elle court en Euroformula Open, ainsi qu'en divers championnats de troisième zone. Elle a remporté une course au Paul Ricard. C'est déjà mieux que les trois autres ! Il lui reste un demi-championnat pour démontrer que ce n'était pas un accident.

Est-ce qu'une femme serait capable de briller en F1 ? Pourquoi pas. Est-ce que parmi les femmes pilotes actuels, l'une d'elle serait capable de briller en F1 ? Non, non et franchement non.
Les résultats dans les coupes mixtes sont consternants, il faut arrêter de vivre dans le déni. Jamie Chadwick, triple championne de W Series, galère en Indy NXT (ex-Indy Lights) : aucun top 5 et au championnat elle est bonne dernière des pilotes présents sur toute la saison. Elle précède même derrière des pilotes ayant du renoncer ! C'est dire le niveau de la W Series (et de l'actuelle F1 Academy.)

(Illustrations réalisées par Dall-e Mini.)

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