RÉTROMOBILE 2024 : 22. Berliet VRD19 1933

Terminons cette série sur Rétromobile par le stand Berliet. Depuis 2019, la fondation Berliet n'a plus exposé de camion de la marque Lyonnaise et certains le regrettent. Comme l'an dernier, c'est une voiture qui trône sur le stand. Cette très rare VRD19 de 1933 sort d'une restauration complète.

Au début des années 30, le camion prenait de plus en plus de place chez Berliet. Le fameux CBA de la Première Guerre Mondiale parti enfin à la retraite. Le GDH, d'abord complément du CBA, prend sa suite dans le créneau des porteurs, sous le nom de GD.
Puis il y eu le gros GPEF, avec ses trois essieux et ses 15 tonnes de charge utile, il pouvait traverser la France. Avec 60km/h en boite longue et sur les 2x1 voies à peine bitumée de l'époque, un Paris-Marseille était une expédition. Mais le transport routier devenait une alternative au train.

Raoul Dautry, haut fonctionnaire et lobbyiste du rail, passa une série de mesures pour barrer la route au camion. Son règlement (longueur maximale, charge utile, etc.) était contraignant. Or, seul le GPEF entrait dans les clous. Il fit involontairement un beau cadeau à Marius Berliet (qu'il haïssait pourtant.) Le constructeur était débarrassé de concurrents n'ayant pas les moyens de s'adapter. Et avec l'arrivé du diesel, sous licence Ricardo, Berliet devint l'expert incontournable du PL.

L'automobile était un peu délaissée. D'autant plus que le marché était de plus en plus concurrentiel, au dépend du Lyonnais.
Là, l'ennemi s'appelait André Citroën. Marius Berliet était un catholique discret voire austère, autodidacte et aimant les randonnés en montagne. L'antithèse d'un André Citroën, X, cosmopolite, joueur invétéré et adepte des coups d'éclats.

Au début des années 30, Berliet tenta une descente en gamme, abandonnant les 6 cylindres au profit de gros 4 cylindres. D'où cette VRD19[cv]. Son 3,3l disposait d'une boite à 4 rapports et de servo-freins. Des technologies modernes hélas desservies par une ligne démodée.

Le constructeur à la locomotive en produisit 999 unités. Pour 1934, il préféra se concentrer sur sa 9cv, déclinée en 11cv. La VRD19 fut donc la dernière grosse Berliet.

Un entrepreneur du BTP, Jean-Victor Legros en acheta une, en version limousine 7 places. Il la conserva jusqu'à sa mort, en 1957. La voiture fut alors murée dans son garage. 60 ans plus tard, l'immeuble de Jean-Victor Legros allait être rasé. On y redécouvrit la voiture. Sylvie Legros, sa petite-fille, la confia à la Fondation Berliet. Protégé des intempéries, le châssis était relativement sain. Par contre, la carrosserie, à structure en bois, tombait en morceaux. Il fallu sept ans pour lui redonner vie, avec le concours de la Fondation du Patrimoine et de la Fondation Berliet.

La voici donc, reparti comme en 1933 !

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