Déesse de novembre

C'est toujours amusant, de voir une ancienne, dans les embouteillages. C'est d'abord une forme ou une couleur inhabituelle. Puis, au gré des flux, la voiture se rapproche. 9 fois sur 10, c'est juste une Twingo 1 ou une Jumper, voire simplement un effet de lumière qui transformait un banal SUV. Lorsque c'est effectivement une ancienne, elle est trop loin ou bien, d'un seul coup, la circulation repart. Et parfois aussi, elle vient assez prêt pour se laisser photographier...

C'était donc le cas avec cette Citroën DS cabriolet Chapron. Un modèle très rare. Je n'ai pas grand chose à dire sur des voitures comme la DS. Ou plutôt, je n'ai pas grand chose à dire de neuf. Fabien Sabatès, qui est un authentique expert Citroëniste, a (presque) tout dit dessus. Ce serait comme vouloir peindre la montagne Sainte Victoire... La DS c'était du Citroën pur jus : un dessin et des technologies sans compromis ; on aime ou on n'aime pas. Les Citroën et les DS actuelles, c'est du caca. Des déplaçoirs enrobées de marketing. L'intransigeance de Citroën avait fini par la ruiner. Il y avait du Tesla dans la DS : des technologies (suspension hydropneumatiques, phares directionnels...) qui étaient balancées, alors qu'elles n'étaient pas abouties. Le plus incroyable, c'est que la gestation de la DS avait duré près de 20 ans (!) pourtant, rien n'était prêt. Et sûrement pas l'outil industriel. Grave erreur. L'ouvrier avait attendu 20 ans pour économiser suffisamment pour s'offrir une 2cv. Il y avait même des gens qui encadraient leur bon de commande ! En tout cas, ils était près à patienter encore quelques mois... Pour la DS, par contre, Citroën s'adressait aux cadres supérieurs et aux hauts fonctionnaires. Des gens habitués à couper les files d'attente. Alors pas question d'attendre 18 mois pour avoir une DS 19 ! Peugeot se vantait qu'une partie des acheteurs de 403 était des personnes qui avaient baissé les bras face aux délais d'obtention des DS...

La DS, c'était aussi l'une des rares Françaises à avoir percé aux Etats-Unis. C'est peut-être parce qu'elle correspondait à l'idée que la classe moyenne US avait des Français. Quelque chose de sophistiqué, de statutaire, mais en même temps d'artistique, où la forme a devancé la fonction, quitte à devenir peu pratique. Les Américains nous voient comme une nation d'intellos et de bons vivants. Si DS ou Alpine veulent vendre des voitures aux Etats-Unis, ils devront jouer là-dessus. Citer Jean-Paul Sartre ou Michel Foucault, montrer des femmes légères, des Tour Eiffel... C'est très cliché, mais cette France Amélie Poulain, elle est vite identifiable. Et le principal pour quelqu'un avec quelque chose à vendre, c'est que cette France-là, elle plait aux Américains. Il ne faut pas chercher à séduire la soccer mom ou le bouseux du middle-west ! Il faut mettre le paquet sur les habitants des cotes ! Mais bon, comme d'habitude, les donneurs d'ordres auront peur de leur ombre et ils vont faire des campagnes ultra-creuses du style "bienvenue chez vous" (c'était le slogan de Brilliance en 2008 !) Sur Alpine, j'ai l'impression que les communicants ont une vision trop franco-française. Je suis désolé pour eux, mais Bernard Darniche et Jean-Luc Thérier sont des inconnus hors de l'hexagone ! Pour vendre des A110, il faudra un peu plus que des photos sépias d'eux. A foriori aux Etats-Unis, où le rallye est extrêmement confidentiel...

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