En marche !

Un Combi VW, dans un orange typiquement seventies, au milieu de marcheuses fugaces. Malgré son gnon sur l'avant gauche, il doit valoir une fortune !
Pour Volkswagen, le Combi s'appelle "Type 2 T2". Il fut lancé en 1967 pour remplacer le Type 2 T1. Ce dernier était un cas typique d'improvisation d'après-guerre. Ben Pon, l'importateur Néerlandais, eu l'idée d'un fourgon basé sur la Cox. Volkswagen dit banco. A l'origine, il était produit à Wolfsburg, aux côtés de la Cox. Cette dernière voyait sa production augmenter de façon exponentielle et le Combi fut déménagé dans une usine construite ex nihilo, à Hanovre. Dans les années 50, les utilitaires étaient généralement les parent-pauvres de la gamme. Mais VW mettait la Cox et le Combi sur le même plan, ce qui expliqua sans doute son succès. D'autant plus que la force de vente du constructeur était redoutable.
Le T2 marquait davantage de maturité. Il était plus gros, mais ses mécaniques continuaient de dériver de celles de la Cox (les fameux "katrapla" refroidit par air.) Son succès est sans doute du à son côté "Woodstock". La fin des années 60, c'était le temps des hippies. C'était aussi l'époque où les foyers européens s'équipaient en téléviseurs. Grâce aux satellites et bientôt, aux cassettes vidéos, on pouvait diffuser presque instantanément des images du bout du monde... Ainsi, des millions de jeunes virent des images de hippies US, des deux côtés de l'Atlantique. Et bien sûr, tout le monde voulaient les imiter. Or, le Combi VW faisait parti de la panoplie...

Puis, à la fin des années 70, Volkswagen accélérait dans les utilitaires, avec le LT et un Type 2 T3 refroidit par eau.
En 1969, le film Les chemins de Katmandou sortait sur les écrans. On n'y voyait pas de Combi VW. Par contre, il y avait cette idée de voyage mystique jusqu'en Asie, qui existait depuis le milieu des années 60. C'était la "hippie trail". La promotion par les Beatles de la spiritualité indienne, en 1965, inspira aussi les candidats au voyage... 
On disait qu'un restaurant d'Istanbul était tapissé de petites annonces de candidats au voyage. Puis c'était la route à travers l'Iran, l'Afghanistan, le Pakistan et l'Inde. La route se séparait alors : certains partaient vers Goa, d'autres vers Katmandou et d'autres enfin, à Bangkok. Au bout du voyage, certains se "trouvaient", comme Steve Jobs. D'autres devinrent à moitié fou, comme Michel Delpech. Beaucoup trouvèrent surtout la dépendance à la drogue (comme Alain Pacadis) où les maladies liées à une mauvaise hygiène (l'eau de Kaboul était dit-on, bourrée de microbes.)

En pratique, combien firent vraiment le voyage ? Mes parents étaient des candidats au voyage. Ils travaillaient tous les deux, mais ils n'avaient pas les moyens de s'offrir un Combi, même en troisième main ! Et puis, il faut le payer, le voyage jusqu'à Katmandou... A l'époque, point d'autoroute. Avec un Combi, il faut deux jours rien que pour atteindre l'Italie. Alors imaginez le temps qu'il fallait pour arriver en Asie... Forcément, leurs employeurs respectifs n'auraient pas apprécié qu'ils disparaissent pendant des mois... Or, le hippie qui vivait d'amour et d'eau fraiche, ce n'était pas une réalité statistique; la plupart avaient un emploi.
Plus prosaïquement, il y avait la barrière de la langue. En 1970, les cours d'anglais se limitaient à "My taylor is rich" et ce n'étaient pas avec ça que vous pouviez vous débrouiller loin de la francophonie... Enfin, rêver à un voyage au bout du monde, c'est bien, mais c'était un sacré saut dans l'inconnu ! La classe moyenne découvrait à peine les vols charters jusqu'au Maroc et en Espagne. Pour beaucoup de gens, passer deux semaines dans une maison de campagne en Normandie, c'était le bout du monde !
Dans ce contexte, seule une minorité de gens étaient capable, financièrement et intellectuellement d'organiser un trip jusqu'à Katmandou... Bref, c'était une jolie légende.

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