Volkswagen T1 Lowrider par Schuco

Une miniature. En l'occurrence, un Volkswagen Combi (Type 2 T1, pour les puristes) par Schuco. Ça va, c'est du 1/64e, ce n'est ni onéreux, ni encombrant.

Un mot sur la miniature, très finement réalisée. C'est un modèle réduit et non un jouet. Le fabricant ayant privilégié l'échelle à un format two inch.

Le Combi a l'air un peu perdu dans la boite. Ce que l'on ne réalise pas, c'est que le T1 est tout petit ! Il a grosso modo la largeur et l'empattement d'une Fiat 500 actuelle !

Schuco lui a appliqué un traitement low-rider, façon Cal-look des années 90. Voire début 2000, avec un côté resto-mod.
Sachant qu'aujourd'hui, un T1 vaut entre 30 000€ et 50 000€. Les Samba, entièrement vitrés, frôlent les 100 000€. On en voit à vendre pour 15 000€, mais ils sont très fatigués ou (mal) customisés. On parle tout de même d'un utilitaire, de petite cylindrée, produit à 1,8 millions d'unités ! Sur YouTube, on redémarre des Combi abandonnés depuis 20, 25, 30 ans parce que même une quasi-épave vaut de l'or. Donc, en 2021, plus personne n'oserait customiser un T1.

Revenons en 1946. L'usine Volkswagen de Wolfsburg est en zone Britannique. Elle représente l'un ds symboles de la propagande allemande. Les Britanniques comptent la vendre à Ford ou Rootes ou bien à la piller pour mieux aider à la reconstruction de l'île. Les Britanniques ont subit cinq années de bombardement de populations civils. Ils ont connus des batailles sanglantes en Afrique du Nord, en Asie et en Europe de l'ouest. Puis ils ont découvert les camps de concentration. Ils n'ont alors aucune sympathie pour les ex-nazis et la sauvegarde de leur industrie.
En attendant qu'une décision soit prise, ils ont dépêché un militaire, Ivan Hirst, pour faire redémarrer l'usine et produire quelques voitures (ce qui pourrait convaincre un repreneur.) Les Allemands refusent d'écouter une Britannique. Heinrich Nordhoff est chargé de faire la liaison. Hirst et surtout Nordhoff veulent jouer la montre et créer des fait-accomplis. Cela passe par une augmentation de la production et de l'export. Mijndert Pon avait contacté Ferdinand Porsche en 1939, pour vendre ce qui était alors la KDF, aux Pays-Bas. Les hostilités finies, son fils, Ben Pon, retourne à Wolfsburg. Le Pon's Automobielhandel, c'est alors un petit garage d'Amersfoort, qui vend des Opel et des pneus Continental. Hirst et Nordhoff, qui cherchent désespérément de la croissance, lui font signer un contrat. Pon obtient ainsi 51 Coccinelle.
Dans l'usine, Pon repère un convoyeur et il est intrigué par son plancher plat. A la fin des années 30, les Français avaient produits les premiers fourgons (dont le Citroën TUB.) Pourquoi ne pas créer un fourgon Volkswagen ? Il imagine un fourgon avec plancher plat, comme le convoyeur. Le moteur Volkswagen restant à l'arrière, le conducteur peut être placé devant l'axe des roues avant et l'on dégage ainsi le maximum d'espace. Il dessine un croquis en 1947.
Là encore, dans un climat d'urgence, Volkswagen écoute Pon et un équipe transforme son crayonné en prototype roulant, en 1949. Entre temps, les Britanniques ont confié Volkswagen au Land de Basse-Saxe et Nordhoff de prendre officiellement les commandes. En novembre 1949, le Type 2 est dévoilé. L'Allemagne a besoin d'un utilitaire bon marché, mais plus performant que les gros triporteurs jusqu'ici utilisés.

Le Type 2 T1 arrive au bon endroit, au bon moment. En 1954, le 100 000e exemplaire sort de chaine. En 1956, pour faire face à la demande, une usine dédiée est ouverte à Hanovre. En 1957, Volkswagen inaugure une usine à São Bernardo do Campo, au Brésil, son premier débouché à l'export. En 1959, l'agence DDB, lance une campagne publicitaire jouant sur l'autodérision ; les Américains se ruent sur les Coccinelle et les Combi. En 1962, la barre du million est franchie.
En 1967, un nouveau Combi, le Type 2 T2 prend le relais. Sauf au Brésil où le T1 rempilera pour une décennie. Le T1, increvable, spacieux et largement diffusé, devient la voiture des jeunes Américains. En 1957, l'autocar Indiaman avait rallié Londres à l'Inde. Il ouvrit l'ère de la "Hippie Trail", rendue célèbre n France avec le film Les chemins de Katmandou (1969.) Du spot de surf à Bombay, en passant par Woodstock, le Combi est omniprésent dans l'imagerie des hippies et de la surf culture. Volkswagen et DDB surent exploiter ce filon.

Ce T1 Schuco est mon premier Combi VW miniature. En fait, dans mes propres archives, j'ai eu du mal à trouver des photos ou des dessins de Combi.

D'une part, le Combi reste un utilitaire. Jusqu'à récemment, les journaux d'anciennes rechignaient à les évoquer. De la même façon, j'ai aussi peu d'articles sur le Type H ou l'Estafette.
De plus, on l'a trop vu. Dans les films, dés que l'on veut représenter des hippies (cf. Le Péril Jeune, Forrest Gump, Les Simpsons...), on leur colle un Combi VW couvert de fleurs. C'est devenu un cliché. On le retrouve sur quantité de bibelots. Alors qu'est-ce qu'un journaliste pourrait dire de neuf ou d'original dessus ?
Enfin, il reste lié aux baby-boomers. Volkswagen avait songé à surfer sur la nostalgie avec les concepts Microbus (2001) et Bulli (2011.) Mais aujourd'hui, il y a un rejet des baby-boomers par les plus jeunes. Le terme "ok, boomer" (cause toujours, [baby-]boomer) est désormais une insulte répandue. Quant à l'Hippie Trail, elle st comparé au "Grand Tour" que les jeunes aristocrates Anglais effectuaient au XVIIe siècle. VW évite donc de trop revenir sur ses années hippies.

Sur ce Combi, j'adore l'inscription "I still play with cars".  

J'ai déjà dit à quelle point je suis émerveillé par les miniatures actuelles. Que de progrès par rapport à l'offre disponible dans mon enfance !
Tous les modèles (y compris les plus exotiques) sont reproduits et à des prix raisonnables. Longtemps, le 1/43e était l'échelle de référence des collectionneurs de miniatures. Mais aujourd'hui, on assiste à une vraie émergence du 1/64e. Ce Combi est un bel exemple de modèle réduit de qualité. Le plus dur, c'est de résister à la tentation de tous les acheter...

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