Fire Knight

Pas le temps de trainer ! A peine débarqué à Zhengzhou, que je suis pris en charge par l'équipe Fire Knight. Ils m'emmènent dans une zone industrielle, proche de l'aéroport.

Le QG de l'équipe était autrefois un entrepôt de stockage de jujubes (NDLA : un genre de dattes rouge) et il a gardé le logo de l'ancien propriétaire. Dans un pays où tout est neuf et moderne, je trouve ça touchant de voir un bâtiment reconditionné. Mais mes hôtes n'ont pas la même vision romantique...
Comme tous les jeunes entrepreneurs, Donnie est quelqu'un de dynamique et de toujours pressé. Il a étudié le kung-fu chez les moines shaolin (dont le fameux temple n'est qu'à une petite centaine de kilomètres de Zhengzhou.) Il connait quelques Français (visiblement, d'anciens légionnaires sont devenus mécanos dans les raids Chinois.) Moi, je l'ai croisé l'an dernier au Taklimakan Rally, où il pilotait l'un des simili-Touareg (le voici ci-dessous, au bivouac de Turpan.)
Depuis, il a fondé son équipe, Fire Knight et il s'est offert quatre Nissan Navara T1, préparés en Afrique du Sud. L'équipe a remporté le championnat de Chine de rallye-raid.

Là, en fin de saison, ils ont droit à un démontage complet et à une révision. C'est a priori banal, mais parmi les équipes Chinoises, c'est loin d'être une habitude...
L'objectif, c'est de disputer le Dakar 2019. Si possible avec Christian Lavieille, qui entre Zhengzhou-Nissan, Haval et BAIC, a l'habitude de travailler avec des Chinois. Donnie va partir en Argentine pour assister à l'épreuve 2018 en observateur privilégié...

Xu Lang et Zhou Yong ont ouvert la voix des Chinois au Dakar. L'équipe Boundless Yong Team a elle défriché le terrain pour les privés. Montrer qu'une équipe Chinoise pouvait disputer seule le Dakar (les teams Great Wall/Haval et Relay s'appuyait sur des structures européennes.) Le rally-raid Chinois a progressé. Les Pajero bons pour le musée et les ateliers façon caverne d'Ali Baba tendent à appartenir au passé. Fire Knight représente bien cette nouvelle génération d'équipes Chinoises, ayant une approche nettement plus pro.
Ce qui me chiffonne, c'est d'une part, que toutes les pièces sont fournies par le préparateur Sud-africain. Y compris les éléments fabriqués par d'autres, comme les jantes Fondmetal. Y compris aussi les pièces issues du Navara de série, alors qu'à quelques kilomètres de là, Zhengzhou-Nissan construit des Navara (on y reviendra.)

Donnie veut faire uniquement de l'assemblage de véhicules. A sa place, j'aurais embauché un projeteur Catia et je me serais équipé a minima d'une imprimante 3D. Ca serait plus rapide et moins cher de produire sur place. Et je suis sûr qu'un raid Chinois n'a pas les mêmes caractéristiques qu'un raid Sud-africain (ne serait-ce qu'en terme de kilométrage...)
Le rally-raid existe depuis une quinzaine d'années en Chine, mais il n'existe pas d'écosystème du rallye-raid. Les patrons d'écuries achètent des voitures clef-en-main. Les plus riches -et les constructeurs Chinois- font appel à un spécialiste Européen pour sous-traiter le tout. Ils n'ont pas conscience qu'une équipe, ce n'est pas que signer des chèques. Il faut aussi bâtir. Je suis persuadé qu'il y aurait un espace pour un "Dessoude Chinois". Et c'est dommage que Fire Knight ne souhaite pas endosser ce rôle, y compris sur le long terme.

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