Zhengzhou-Nissan

En matière d'automobile, LA visite incontournable à Zhengzhou, c'est bien sûr l'usine Zhengzhou-Nissan. Ma première fixeuse, cela qui était censée m'accompagner durant tout le séjour, réapparait enfin. C'est elle qui m'a accompagné...

Vous vous en doutez, le site n'est pas situé dans le centre-ville de Zhengzhou. Il est situé à Zhongmu, une lointaine banlieue.
On prend l'autoroute vers l'aéroport, mais on la quitte peu après pour une autre autoroute. Terminé, la préfecture proprette, avec ses Starbucks à chaque coin de rue. Place à la Chine rurale, des petits villages aux rues étroites et aux chaussées défoncées. Malheureusement, ces villages sont appelés à disparaitre. Ici et là, les bulldozers sont déjà à pied d’œuvres, pour construire qui un programme immobilier cyclopéen, qui une autoroute. Ces petits villages ont une certaine authenticité et ils représentent une part de l'histoire Chinoise... Sauf que cette Chine-là, elle est jugée obsolète par les Chinois. Y compris les paysans qui y habitent. Ils feront leur baluchon demain ou après-demain, plus ou moins volontairement, mais sans regarder derrière eux. Puis on arrive dans une zone industrielle un peu vieillotte. Un pick-up Paladin de course, ex-Dessoude, rouille sur un parking. C'est un indice que l'on approche. Puis c'est le parking des véhicules finis et enfin, l'entrée.

Pas facile d'avoir des informations correcte. En effet, pour le nom de ses filiales, Dongfeng manque d'inspiration : elles s'appelle toutes Dongfeng ! De quoi brouiller les pistes. De ce que j'ai compris, en 1993, Dongfeng et le Taïwanais Yue Long (devenu depuis Yulon) s'associaient pour former Dongfeng LTD (DFL.) En 1993, la Chine était encore réticente à l'idée d'avoir un coactionnaire Japonais pour une joint-venture. Nissan se cacha donc derrière Yulon et officiellement, il n'offrait que des conseils techniques. Pour une raison inconnue, DFL posa ses valises à Zhengzhou, loin de Wuhan, le fief de Dongfeng. Il assembla des pick-up King Cab (type D21.) Notez qu'à l'époque, Dongfeng et Yulon créèrent une autre joint-venture, Yunbao, basée à Canton, pour des berlines et des monospaces. En 2003, Nissan eu enfin le droit de sortir du bois. D'où la création d'une troisième joint-venture, Dongfeng-Nissan. Yunbao devint devint Dongfeng-Fengshen et DFL, Zhengzhou-Nissan. Notez que les voitures de ces deux joint-ventures étaient des Nissan, mais avec un badge Dongfeng. Zhengzhou-Nissan produisit ainsi un Navara (D22) "Dongfengisé", qui devint un hit.
Zhengzhou-Nissan avait anticipé la montée en gamme des pick-up. La présence du constructeur au Dakar, avec la star Xu Lang (on y reviendra) y fut sans doute pour quelque chose.

Notez, sur le bâtiment, l'originale utilisation du slogan "Shift..."
Vouloir visiter une usine d'utilitaires, c'est déjà saugrenu en France. Mais en Chine... Tout le monde me disait : "C'est une usine ! Il y a juste des pick-up, ici ! Pourquoi est-ce que vous voulez aller là ?"

Zhongmu, c'est tout de même trois bâtiments. Le best-seller, ça reste le D22, alias Rich. On voit ici un châssis nu (sans doute destiné à la compagnie chinoise d'électricité) en cours de transfert.  L'Angola et le Soudan ont assemblés de Rich (badgés Nissan !) expédiés d'ici en kits. Le pick-up Peugeot n'est qu'un Rich rebadgé et évidemment, il est produit ici-même.
En 2009, Nissan a voulu y assembler le Cabstar, qui a visiblement fait un flop.
Autre tentative de diversification : le van NV200. Il est plutôt rare dans les rues. A mon avis, il souffre d'un positionnement flou. Il est plus cher que les vans purement utilitaires, mais pas assez soigné pour jouer les shuttle.
La capacité totale de Zhongmu est de 200 000 voitures et il n'en est qu'à 50% de charge. Depuis 2013, Dongfeng parle de revendre le site. Dongfeng-Fengshen et ses berlines Nissan rebadgée, a disparu (même si le nom "Dongfeng-Fengshen" fut réutilisé ailleurs...) En 2016, la maison-mère a songé à un SUV, basé sur Rich : le Dongfeng-Fengdu MX3. Il a été effectivement lancé, mais je n'en ai vu aucun sur le site. Ce qui est mauvais signe...
DFL a été liquidé, semble-t-il, en 2016. Zhengzhou-Nissan est enfin raccroché à Dongfeng-Nissan. Nissan, lui, s'accroche. le nouveau Navara (D23) représente l'avenir de Zhengzhou-Nissan. Et dire que Fire Knight va se fournir en D23 en Afrique du Sud...

Notez qu'en face de l'usine, il y a un concessionnaire qui vend à la fois les berlines de Dongfeng-Nissan et les utilitaires de Zhengzhou-Nissan.
Retour à Zhengzhou. Nous voilà dans un concessionnaires spécialisés dans les utilitaires. J'en profite pour mitrailler un Navara.

Dans un recoin, il y a un totem sur le Rebelle Rally, avec une photo de Florence Pham (dommage que le coin était mal éclairé...) J'ai déclaré fièrement : "C'est Florence ! Je la connais très bien : elle bosse chez Nissan France !" Et mes hôtes m'ont répondu un "ok" pas très convaincu (traduction : "c'est ça, tu la connais et ma mère, c'est la reine d'Angleterre...") Florence, si tu me lis, ne t'inquiètes pas si la prochaine fois, je fais un selfie avec toi : ce sera pour prouver mes dires aux Chinois !
Signalons que la réglementation sur les utilitaires impose de marquer le poids à vide et la capacité de chargement sur les flancs, d'installer des bandes réfléchissantes à l'arrière et une fois immatriculé, de peindre en grand l'immatriculation à l'arrière.
J'étais tout content d'avoir vu l'usine Zhengzhou-Nissan. Ma guide a tenu à me prendre en photo avec le Navara made in Zhengzhou.

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