Delta

Mesdames et messieurs, voici une Lancia Delta, première du nom ! Le badge de la version est effacé. Impossible donc, de connaitre la motorisation. Seule certitude : ce n'est pas une HF. Je penche pour une voiture post-facelift de 1986.
Encore une voiture décimée par les primes à la casse, alors que ce sera sans aucun doute un futur collector.
La Delta fut un modèle très important pour Lancia. Avant cela, la gamme s'articulait autour de la Beta (avec la pièce rapportée Beta Monte Carlo) et de la grande berline Gamma. A chaque fois, elles étaient proposées en coupé et en 5 portes, les deux versions ayant peu d'emboutis en commun (y compris la calandre.) André Chardonnet se vantait d'avoir imposé une face avant commune pour les années 80.
La Delta était une grosse compacte, signée Giorgietto Giugiaro. Le dessin était très moderne, pour 1979. Les hellénistes auront tout de suite compris la logique. En effet, dans l'alphabet grec "delta" suit "beta" et "gamma"... Elle fut élue "voiture de l'année" 1980. La Beta devait a priori s'effacer, mais en 1980, Lancia lança une version 4 portes de la Beta, la Trevi. Pininfarina proposa également une Gamma 4 portes (basée sur le coupé et non sur la 5 portes), la Scala, qui resta un prototype. La Delta eu ensuite son dérivé 4 portes, la Prisma, qui cohabita un temps avec la Trevi, alors que les autres variantes de la Beta avaient disparu !
A l'époque, la Rally 037 (vaguement basée sur la Beta Montecarlo) remplaçait la Stratos en rallye. Le championnat du monde de rallye était encore une discipline récente. Les constructeurs se contentaient d'une ou deux saisons, puis ils repartaient. Certains même ne venaient qu'à quelques épreuves stratégiques. Lancia, lui, fut le premier à être présent en permanence, d'où son palmarès. Ainsi, en 1984, lorsque la Rally 037 avait fait son temps, Lancia la remplaça par la Delta S4 (qui n'était qu'une Rally 037 avec une peau de Delta.) A cette occasion, la Delta de route eu sa version sportive, la HF. Lancia avait préparé une Delta Groupe S. A la mort du Groupe B, il créa une Delta Groupe A, beaucoup plus proche de la série. Audi fut le seul autre constructeur à sauter le pas du Groupe B au Groupe A et sa 200 était trop grosse. Le constructeur Italien se retrouva donc tout seul, jusqu'à l'arrivée de Toyota, au début des années 90. Ainsi, avec la Delta HF Intégrale, il était possible d'acheter une copie quasi-conforme d'une voiture multiple-championne de rallye ! Le constructeur se frottait les mains : une HF Intégrale 16V valait 196 000frs, autant qu'une Thema V6 !
La Delta eu une fin de carrière sans fin. D'une part, Fiat était occupé avec le plan de relance d'Alfa Romeo et le remplacement de sa propre gamme (avec les ambitieuses Tipo, Uno FL et Cinquecento.) Lancia du donc attendre son tour. De plus, le constructeur avait peur de tuer la poule aux œufs d'or. La Dedra apparu en 1989, remplaçant l'austère Prisma, mais la Delta 2 n'arriva qu'en 1993 ! La Delta 2 n'était qu'une Dedra 5 portes, ainsi, sa ligne avait d'emblée 4 ans ! Et même en version HF, elle n'était guère sportive... En prime, Lancia quitta définitivement la compétition en 1992 (les Delta privées continuèrent de rouler en WRC jusqu'au milieu des années 90 !) Ainsi, le constructeur avait perdu le feu sacré. Et ce n'était que le début des déconvenues...
J'ai hâte de voir ce que va faire le successeur de Sergio Marchionne. Hélas, je crois que Lancia est morte et enterrée. Reste Fiat et Alfa Romeo...

Depuis sa création, l'automobile a connu des accélérations subites. Qu'il s'agisse d'évolutions techniques ou réglementaires (comme le bonus/malus et la chasse au CO2 qui a suivi), d'évolutions des goûts du public (comme le dédain des monospaces au profit des SUV) ou d'évolutions commerciales (comme le boum du marché Chinois.) Et je pense qu'un nouveau coup d'accélérateur se prépare dans les années 2020-2025...
Les grandes villes font la chasse aux voitures. Des portions toujours plus importantes seront interdites à la circulation toute l'année. Le bonus/malus va se durcir, avec un point neutre sous la barre des 100g, voire sous le 80g. Et les plus de 130g auront un malus mortifère de 10 000€. Le marché va se porter sur des micro-citadines low-cost et des SUV citadins suréquipés. Autour de moi, les gens n'ont qu'un ou deux enfants. Alors pourquoi acheter un SUV 7 places ? Au dessus, ça sera le vide. Puis il y aura les berlines "D" des VTC. Et encore au-dessus, une population de mordus et d'ultra-riches. Eux, ils se fichent de payer un malus de 10 000€ ; ils veulent des véhicules ultra-sportifs ou ultra-luxueux, point. Le tout avec une part croissante des utilitaires moyens. Car dans un monde avec une sédentarisation extrême, il faudrat bien des véhicules pour tout vous livrer à domicile... Les mauvaises langues diront que cette distribution (petites voitures, grosses cylindrées et utilitaires) rappelle les pays émergents...
Le tout dans un marché qui se contractera. La population d'Europe occidentale va rester stable. La croissance économique sera faible. Par contre, le taux d'équipement va baisser. Dans les centre-villes, la voiture est déjà un boulet. Demain, les transports en commun couvriront correctement les banlieues. Les gens ne sortiront leur voiture que pour le déjeuner hebdomadaire chez belle-maman. Surtout, ce n'est plus un marqueur social. La voiture et sa taille sont déconnectée de la position sociale de l'individu. Il n'y a plus cette obligation de passer le permis à 18 ans, afin d'être autonome. Les plus jeunes pensent qu'avec les transports en commun et les VTC, ils peuvent s'en sortir. Surtout si leurs parents ont abandonné la voiture.
Cela fera pas mal de défi. Avec des constructeurs Chinois et Indiens qui sont en embuscade. Il y aurait donc plus de monde, pour un gâteau plus petit...

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