Super Trooper

En voilà un qu'on ne voit plus beaucoup ! Le Monterey, au temps où Opel complétait sa gamme avec des Isuzu. Qui plus est, il est dans une version V6 (essence !) châssis court qui, sauf erreur, ne fut pas importée en France à l'époque. Le V6 n'était proposé qu'en 5 portes (alias LTD), alors que le turbo-diesel était proposé en 3 portes (alias RS) et en 5 portes.
Visez le pare-buffles avec longues-portées, pour faire encore plus viril !
Dans les années 60, Isuzu avait du mal à trouver sa place dans une industrie en plein boum. Il tenta successivement des alliances avec Mitsubishi et Nissan, pour finalement signer avec GM. Grâce à cela, son petit pick-up Faster débarqua aux USA, en 1972, sous le nom de LUV truck. Ce fut un succès et dans les années 80, Isuzu se lança aux Etats-Unis sous ses propres couleurs. En 1981, le 4x4 Trooper apparut. Grâce à GM, il fut vendu via Holden, en Australie et via Chevrolet, aux USA. Quant au Faster, il fut brièvement rebadgé Bedford. En parallèle, Isuzu, expert du diesel, fournissait des mécaniques à Opel.
Dans les années 90, Isuzu et GM voyaient encore plus grand. Le Faster troisième génération avait droit à une version 4x4, l'Amigo. Tandis que le Trooper deuxième génération, plus luxueux et mieux motorisé, jouait désormais les gros 4x4 familiaux.
Au début des années 90, la demande européenne en 4x4 explosait. On retrouvait bien sûr le vendeur de jeans et l'Indiana Jones en carton-pâte, mais il y avait aussi une clientèle féminine. Ces trois populations cherchaient des véhicules hauts, statutaires ou rassurants, sans qu'ils aient forcément des aptitudes en TT. Or, Opel n'en avait pas dans son catalogue. Isuzu voulait vendre en Europe, Opel cherchait des 4x4, en voilà deux qui étaient faits pour s'entendre !

En 1992, l'Amigo débarqua dans le réseau Opel sous le nom de Frontera (5 portes) et Frontera Sport (3 portes.) Au préalable, la marque au blitz lui avait greffé un train avant de Vectra. Avec son prix bien étudié et l'allure fun du Frontera Sport, ce fut un succès. Ils pouvaient passer à la deuxième étape. En 1993, le Trooper apparu sous le nom de Monterey. Cette fois-ci, il fut commercialisé en l'état. Il n'avait même pas droit au logo au blitz, juste un "Opel" écrit en toutes lettres. Le V6 3,2l 6VD1 130ch est un bloc Isuzu (et non celui de l'Omega MV6.)
Autant le Frontera avait un style dynamique, autant le Monterey apparaissait lourdaud et banal. Et là où le Frontera avait des prix très doux, le Monterey avait pris ses aises... La gamme commençait avec le 3,1l TD, facturé 10 000frs de plus que le Frontera 5 portes 2,8l TD. Les prix s'envolaient avec un 3,2l V6 TD à 249 000 frs. Il était plus cher que les Land Cruiser et Pajero V6 et il flirtait avec le tarif d'un Range Rover V8 (260 000 frs !) Bref, du délire pour un 4x4 de milieu de gamme. L'accueil fut glacial et dès 1995, le Monterey disparu du catalogue d'Opel France.
Le Frontera poursuivit lui sa carrière jusqu'en 1998. Le Monterey revint brièvement, uniquement en 5 portes turbo-diesel, sous son nom originel d'Isuzu Trooper. A la fin des années 90, le constructeur Japonais décida d'arrêter de vendre des berlines. Il commit des erreurs dans les 4x4/SUV et il finit par quitter ce segment. Il revendit la chaine de l'Amigo au Chinois JMC, qui créa pour l'occasion la marque Landwind...
Tout ceci semble si loin... Isuzu est désormais dans l'orbite lointaine de Toyota. Il prépare un nouveau D-Max en collaboration avec Mazda. Son SUV MU-X, à moteur Euro 4, est invendable en Europe. Le constructeur Japonais songerait néanmoins à lancer un SUV plus moderne. En attendant, il vit très bien grâce à ses utilitaires moyens. Aux Etats-Unis, il retrouve les volumes des années 80 !

Opel, lui, j'ai hâte de voir ce que PSA va en faire, au-delà des SUV et des utilitaires. Le Monterey est un témoin de la grande époque d'Opel, lorsque la marque était présente en F3, en Supertourisme et en DTM. Lorsqu'elle sponsorisait le PSG et le Bayern de Munich.
En 1993, lorsque le Monterey apparu Opel/Vauxhall écoulait 1 422 720 véhicules, avec 12,64% de part de marché. En 2017, le constructeur a vendu 935 169 véhicules. Sa part de marché est à 6,4%. Visiblement, il y a un problème, non ?
J'espère donc que PSA va redynamiser tout cela. De toute façon, PSA n'a pas le choix. Les généralistes Européens se retrouve entre le marteau de législations européennes toujours plus rigides et l’enclume de constructeur Asiatiques (Japonais, Coréens et demain, Chinois) très agressifs. Pour se maintenir, il faudra se cracher dans les mains !

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