Quelques sites oubliés...


En cette fin juillet, l'actualité est plutôt calme. J'en profite pour faire un post différent, consacré aux sites webs.

Régulièrement, à la TV, comme sur le web, on surfe sur la nostalgie. Voitures, films, jeux vidéos, objets usuels... On a tous nos madeleines de Proust.  Je suis sûr que l'empilement ci-dessous vous évoquera des souvenirs...
Pourtant, rien sur les sites web. Le web tel qu'on le connait existe depuis près de 30 ans. C'est suffisant pour créer de la nostalgie, non ? Dans l'intervalle, il y a eu plein de sites jadis incontournables -y compris sur les voitures- et qui ont disparu depuis.

En voici 10 que je consultais fréquemment à une époque. Je ne prétends pas être exhaustif. Il s'agit juste de 10 sites que moi, je consultais (pas toujours par plaisir) et qui ont implosé presque du jour au lendemain. J'ai cherché 10 sites sur des thèmes différents. C'est une balade à travers d'anciens sites souvent tenus par une seule personne, depuis le temps des sites personnels, jusqu'aux blogs...

P9.com alias the unofficial BPR Endurance GT Web site
C'était l'un des premiers sites que j'ai ardemment fréquenté ! Aujourd'hui, toutes les grandes compétitions possèdent un site officiel avec classements, photos, compte-rendus, etc. Mais au milieu des années 90, vous n'aviez rien de tout cela.

P9.com était l'un des tout premiers sites complet sur le sport auto. Il était mis à jour après chaque épreuve et il disposait de belles photos en 800x600. Autant de révolutions. Pour la première fois, on pouvait voir tous les concurrents du BPR, y compris les Marcos, les Venturi ou la Morgan ! Accessoirement, lorsque j'avais des questions, ils répondaient rapidement à mes mails !

En 1997, alors que le BPR devenait GT FIA, le site s'intéressa à Daytona et à Sebring. Pour 1998, il envisageait de suivre l'USRRC (ex-IMSA) et il avait publié une page sur le Lamborghini Trophy.

Apparemment, il y eu des descensions internes et au printemps 1998, le site s'annonça "fermé". La page fut toujours visible, pendant quelques années, mais il n'y avait plus de mises à jour.
KTUD Online Automotive Archive
Derrière les premiers sites web, on trouvait souvent des passionnés. C'était la grande époque de GeoCities et autres Multimania.
Dans le lot, certains parlaient de voitures anciennes (souvent, c'était des propriétaires de voiture de la marque ou des gens habitant à proximité de l'ancienne usine.) Ca n'avait rien de facile ! Il fallait accepter de payer 20€ par mois pour l’hébergement, acheter un logiciel de création de page web et numériser soi-même les photos. Sans oublier les bugs, les plantages, etc.

Paul Negyesi regroupa tout ces sites. Avec un focus sur les artisans et les marques disparues. Et en tant qu'Hongrois, il s'était spécialisé sur ce qui touchait à l'Europe Centrale. KTUD était avant tout un portail. Même si Negyesi avait écrit lui-même certaines pages.

Personnellement, j'avais toujours eu l'impression d'être tout seul à m'intéresser aux voitures exotiques. Là, je découvrais que non, il existait d'autres passionnés comme moi. Non seulement, grâce à KTUD j'ai découvert plein de marques et de modèles obscurs, mais ça m'a conforté dans mes goûts...


Fast Sarah
Un site qui m'a marqué, mais pour de mauvaises raisons !

A la fin des années 90, internet était lent. Vous cliquiez, l'icône d'Internet Explorer moulinait et colis par colis, votre page s'affichait. Et vous vous rendiez compte qu'une nouvelle fois, vous étiez sur le site de Sarah Kavanagh...

Sarah Kavanagh était pilote de Japan F3000, puis d'Euro BOSS. Sportivement, elle n'a guère marqué les esprits. Par contre, c'était l'un des premiers pilotes à disposer d'un site personnel. Surtout, en arrière-plan, son webmaster avait truffé le site de mots comme "Reynard", "F3000", "Irish", etc. Donc, si vous tapiez l'un de ces mots, Yahoo! vous renvoyait souvent vers le site de "Fast Sarah". De quoi gonfler le compteur de visiteurs et créer une bulle médiatique autour d'elle.

Comme quoi, en matière de spamming, Michel Disdier et Marine Pidoux n'ont rien inventé ! Allez, tendresse et chouquettes !
La Jamais Contente
Evoquons maintenant d'un artiste maudit : Laurent B.

Un jour de février 1998, il créa un site perso chez Voila et publia un billet caustique sur le Classe G V12. Il en écrivit un par mois, jusqu'à la fin de l'année, avant de se taire pendant 6 ans !

Il rouvrit boutique en janvier 2005. Toujours aussi caustique. La Jamais Contente, c'était des digressions sur l'automobile. Avec une très grande culture, il tapait là où ça faisait mal. Le tout souvent illustré par des photos osées...

Un jour de janvier 2007, Christophe Labédan envoya un mail à tous les rédacteurs du Blog Auto. Bienvenue à Laurent B, alias La Jamais Contente ! C'était le mercato du siècle du blogging auto français !
Laurent B tira à vue. Son deuxième post s'intitulait : "Nous nous sommes tant haïs : Peugeot 607." Le troisième fut consacré à la Mercedes-Benz Classe E. Autant de crimes de lèse-majesté ! Il s'attira les foudres de tous les trolls du web. Ce fut un carpet bombing de commentaires assassins. En mars, il jeta l'éponge, laissant plein de posts en brouillon. J'avoue que j'avais profité de mon accès pour lire ces fameux posts inédits... Notez que des années plus tard, Le Blog Auto continuait de recevoir des commentaires sur les posts de Laurent B !
Et ensuite ? Il transféra tout son site sur Canalblog, le transformant donc en blog. Malheureusement, on eu un peu tendance à l'oublier.

En 2015, il annonça que désormais il écrivait pour le Blenheim Gang (autre site disparu.)


F1 Rejects
En 1999, deux Australiens, Enoch Yan-Tak Law et Jamie McGregor, voulurent répertorier tous les losers de la F1. Les nuls, les malchanceux, les fils-à-papa, les poches-trouées... Pour être éligible, le pilote ne devait pas avoir inscrit plus de deux points au championnat du monde.

Les biographies étaient féroces, mais très bien documentées. Les deux hommes allèrent voir les photographes, les écuries, les constructeurs... Grâce à eux, de nombreux documents furent numérisés.
Ils publiaient également des compte-rendus des Grand Prix, quelques biographies d'écuries, des éditos sur le mercato, etc. Toujours avec un ton sarcastique. C'était WTF1 avant l'heure !

C'était justement ce ton qui plaisait. Au début des années 2000, il n'y avait pas encore de blogs. En France, par exemple, les journalistes F1 étaient mielleux avec un Gaston Mezzacane (sans quoi, ils auraient été exclu du stand Prost Grand Prix) et méprisants avec un Tarso Marquès (qui avait le droit à une photo que lorsqu'il n'y avait vraiment rien d'autres au magasin...) Même dans F1i Magazine, les pilotes de milieu de grille étaient à peine évoqués (quant à ceux au fond...)
A force, F1 Reject eu des fans à travers le monde. Perry McCarthy, en mal de promo, fut le premier pilote de F1 à s'associer au site. En pleine vague Harry Potter, Zsolt Baumgartner fut surnommé "Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom" et le surnom parvint jusqu'aux paddocks de F1... Bientôt, chaque biographie était accompagnée d'une interview.

En 2015, sans raison apparente, ils fermèrent le site.


Global Auto Index
En 2004, le créateur de KTUD, Paul Negyesi, décida de se lancer dans un projet fou : répertorier tous les constructeurs du monde entier, avec les modèles qu'ils produisent ! Y compris les joint-ventures, les usines de CKD, etc. Une vraie mine d'or pour les fans de constructeurs exotiques. Global Auto Index fut l'un des premiers sites à offrir des informations sur les constructeurs Chinois et j'avoue qu'aux débuts du Blog Auto, j'y ai pioché pas mal d'informations.

Les mises à jour furent peu nombreuses. Il faut dire que ça réclamait un travail colossal, alors qu'a priori, le site était mono-personnel. En 2008, le site a visiblement connu une grosse panne de serveur. Ensuite, il n'afficha plus que "it works" !
China Car Times
Vers 2006, les constructeurs Chinois déboulaient dans les salons européens. Qui étaient ces nouveaux challengers ? Quels étaient leurs moyens ? Fallait-il les craindre ? Les informations étaient très rares. Global Auto Index donnait le nom de ces constructeurs, ainsi qu'un résumé de quelques lignes, mais c'était tout.

A la même époque, Ash, un Anglais vivant en Chine commença à traduire des informations chinoises, par passion et envie d'informer. China Car Times était le premier blog en anglais traitant d'automobiles chinoises, au sens large du terme. Nouveautés, spyshots, actualités... Mais aussi rumeurs et faits divers. Chaque jour, il publiait ainsi 3, 4 posts.
La limite du site, c'est que le créateur n'était ni un journaliste, ni un professionnel de l'auto. Il recopiait maladroitement les informations du web chinois (qui lui-même faisait régulièrement preuve d'amateurisme.) Moi, j'ai vite compris qu'il fallait prendre de la distance avec ses dires et croiser les infos. Au moins, il admettait volontiers ses erreurs.
Les années passaient et le CCT restait l'unique source quasi-instantanée, en anglais, sur la Chine. Les constructeurs Chinois faisaient régulièrement appels à des occidentaux, notamment comme consultants. Notamment Paul Stowe, passé chez MG (au temps de NAC), puis chez Geely. Ces prestataires se confiaient sur le site. Ash fit aussi appel à d'autres contributeurs et la présentation devint plus pro (sur le fond, comme sur la forme.)

Pour autant, il ne gagnait pas un seul cent. Les publicités étaient très rares et son envie d'être consultant auto n'a visiblement débouché sur rien. Accessoirement, la Chine durcissait sa "Grande Muraille virtuelle", avec une liste toujours plus importantes de sites bannis, une chasse aux VPN, etc. D'où des difficultés pour publier.

En 2014, Ash retourna en Grande-Bretagne et il ferma le site... Qui rouvrit en 2017, avant de rediriger vers le blog Autowise (qui n'a aucun lien.)
Mémoire des stands
Voilà un site que je connaissais très bien !

Dans les années 70, Patrice Vatan et sa bande de potes écumaient les courses de F1, F2 et F3 d'Europe de l'ouest. Des journées de route pour assister à une course. C'était l'époque où l'on pouvait apostropher les pilotes dans les paddocks et s'assoir quasiment en bord de piste. Au pire, ils avaient leurs trucs pour débarquer de manière illicite dans le carré VIP... A la fin de la décennie, comme dans toutes les bandes de potes, les liens se sont distendus. Les uns avaient des obligations professionnelles ou familiales.
30 ans plus tard, Vatan mit ses souvenirs en ligne, avec Mémoire des stands. Les bonheurs, les galères, dans un style très gonzo... Le TTCB y ajouta aussi des biographies, des historiques et des nécrologies. L'homme, cultivé et adepte des bons mots, avait une très belle plume. Au fil du temps, d'autres se joignirent. D'anciens pilotes, mais aussi, un fils de patron d'écuries, quelques journalistes... Moi-même, j'y ai contribué, avec ma nouvelle, Le dernier pilote.

Personnellement, MdS m'a donné envie de retourner sur les circuits et d'assister à des courses !

Vers 2012, Mémoire des stands était une institution du web auto Français. Les commentaires étaient parfois un régal avec des témoignages qui venaient s'ajouter à l'article. Vatan, l'ex-voyageur sans permis de la F1, était désormais invité VIP de certains salons et autres concentrations d'historiques !

C'est peut-être cette notoriété qui a fini par l'énerver. Il n'avait pas fait cela pour la gloire ou l'argent. Du jour au lendemain, en 2013, il a fermé le site. Un imposteur le rouvrit (en moins bien) et Vatan le força à changer de nom. Impossible de trouver une capture d'écran de MdS, y compris sur les sites d'archivages ! Je suis sûr que cela fait bien rire Vatan...
Asie Auto
Un site marquant, ce n'était pas forcément un site positivement marquant ! Après Fast Sarah, voici Asie Auto !

En 2004, un Roubaisien créa le site Miseauto.com, un site de ventes de voitures aux enchères. En 2006, il changea de braquet avec le portail Adgoog., qui devait être un site d'information, mais également de création et d'hébergement de page web. Sentant le filon de la voiture Chinoise, notre homme lança Asie Auto.
A priori, il avait un intérêt pour la chose. Mais sa motivation première, c'était d'occuper le terrain. Il faut reconnaitre que ce Roubaisien connaissait bien les rouages du web. Il avait truffé ses pages de mots-clefs pour ressortir en tête des moteurs de recherche...
Lorsque Landwind voulu débarquer en France, il s'empressa de déposer le domaine Landwind.fr. Il fit de même avec Chery.fr, Geely.fr, Byd.fr, Greatwall.fr, Roewe.fr, etc.

Chaque page disposait d'un mini-suite, avec des informations succinctes. Notez, en haut, à droite, la publicité vers une enchères de Miseauto...

J'imagine que l'objectif, c'était de revendre ces noms de domaines à leur constructeurs respectifs, le jour où ils s'implanteraient en France.
Et pour se crédibiliser, il publiait des "infos" (sur Adgoog, bien sûr.) C'était souvent du copier/coller de Les voitures chinoises, le site créé par Asie Auto et lui-même adepte du Ctrl+C et de Google Traduction... Dans un premier temps, il avait recopier mes articles du Blog Auto et j'avais demandé à Christophe Labédan de lui décrocher un scud. Alors ensuite, il changea d'étals où chaparder...

A titre d'exemple, la prose de cet article sur la Roewe 450 (NDLA : la future 550) laisse rêveur.

Les constructeurs Chinois ne sont jamais venus en France. Vers 2007, il mit en avant Eurowebcar, un site généraliste d'auto. Il y eu Pole F1, le seul qui existe toujours (mais ne publie rien de neuf depuis 2013.) Ce genre de sites, complètement bâclés, a beaucoup nuis à la réputation des blogs.

Visiblement, dès 2009, notre Roubaisien réduisit la voiture, fermant ou arrêtant ses sites, pour ne plus conserver que Miseauto.

The Car Fanatic
Au milieu des années "00", le format blog révolutionna internet. Désormais, avec les plateformes de blogging, Typepad, puis Wordpress, il était devenu facile de créer sa page. Et surtout, que sa page ait un aspect "pro".
En plus, on commençait à voir apparaitre des sites presse des grandes marques. De quoi disposer de textes, d'images de qualité et bientôt, de vidéos.

Des blogs comme The Car Fanatic, mais aussi Carscoop ou CarZi se contentaient de récupérer les communiqués de presse et de les publier tel quels. Pas d'essais, pas d'analyse, pas de reportage. Rien. C'était des sites mono-personnels. The Car Fanatic, lancé en 2008, s'était spécialisé dans les informations insolites. Notamment les photos de charme, mais aussi les séries limitées, le tuning...

Vers 2012, les articles se sont espacés, alors que jusqu'ici, il y en avait plusieurs par jour. Le dernier post datait d'avril 2012. Par contre, il a ensuite disposé d'une nouvelle banière ! Que s'est-il passé ? Le créateur du site a-t-il découragé par une baisse de fréquentation ou de revenus ?

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