Chantilly Arts & Elegance, jour 2

Chantilly, c'est à 40km de chez moi. La climatisation de la Logan connait deux positions : froid polaire et souffle asthmatique ; pas top pour rouler en pleine canicule. Pour me motiver, je me suis dit que cette seconde visite de Chantilly Arts & Elegance allait être vite bouclée... J'avais déjà pris plusieurs centaines de photos le jour 1 : il ne restait pas tant de voitures que cela à immortaliser, non ? Cela voulait dire quelques dizaines de photos à tout casser ! J'allais rentrer en milieu d'après-midi, avant les bouchons de retour de week-end !

Et tout en démarrant ma voiture Roumaine, je savais que je me mentais...
Parking(s)
Le dimanche, c'était la journée publique. C'était une toute autre ambiance. C'était visible d'emblée. En effet, sur les différents parkings, il y avait des anciennes ici et là...

Et il s'agit des parkings "normaux", pas du parking VIP !
Grand Prix des Clubs (1)
A l'entrée du domaine de Chantilly, on était accueilli par plusieurs clubs. En l'occurrence, les amateurs d'Italiennes c'étaient réunis là.

De part son moteur V6 de SM, cette Ligier JS2 était acceptée par le Club Maserati.

Avec le cinquantenaire de Ligier et l'arrivée de la JS2 R, nul doute que la cote des JS2 va flamber... La JS2 R est une drôle de GT, réservée à la compétition. Onroak/Ligier songe-t-il à terme à une version en petite série ?
Parmi toutes les production transalpine exposée, moi, j'ai retenu cette Alfa Romeo Alfetta blanche. Le nom "Alfetta" (petite Alfa) renvoyait aux monoplaces de la fin des années 40. Lorsqu'Alfa Romeo est en panne d'inspiration (ou en panne tout court), il va puiser dans son passé. Et dans les années 70, le constructeur Milanais allait très mal...

Alors pourquoi prendre en photo, ce qui fut l'une des pires époque d'Alfa ? L'Alfetta, c'est une madeleine de Proust.
Dans les années 80, ma mère avait une TV noir et blanc, sans télécommande. Il n'y avait alors que trois chaines et puis, zapper, cela impliquait de se lever... Donc, voilà pourquoi je regardais Danse avec moi, une telenovela Brésilienne. Or, Joaquim, le personnage principal, roulait dans une Alfetta rouge  (NDLA : en fait, c'était une Alfa Romeo 2300 produite par FNM et relookée façon Alfetta.)
Plus récemment, lorsque j'allais chercher celle qui allait devenir mon ex-femme, il y avait une Alfetta crème dans son quartier. Une voiture ventousée, remplie de détritus. A chaque fois, j'arrivais juste, juste. Je me promettais que la prochaine fois, j'arriverai plus tôt et que je prendrais en photo la voiture... Et ça ne s'est jamais fait.
Concours d'élégance
Quelques concept-cars qui étaient encore drapés la veille...

On commence par la Lexus LC Concept cabriolet, vue au salon de Detroit, puis à Genève. Officiellement, ce n'était qu'un concept-car destiné à fêter les 30 ans de Lexus (ah, la LS400 du Bonus stage de Street Fighter 2...)
Après, personne n'est dupe. Lorsque vous construisez un concept-car "réaliste" (un coupé LC décapsulé) et que vous le baladez partout, vous avez des arrières-pensées... Et sans surprise, Lexus annonça quelques jours plus tard que la LC allait être mise en production.
La McLaren Speedtail, la nouvelle hypercar du constructeur. Les chiffres donnent le vertige : 0-300km/h en 12,8 secondes (une Capri GT atteignait 100km/h dans ce laps de temps !), 1 050ch et 403km/h en pointe.

106 personnes devront s’acquitter d'un chèque de deux millions d'euros pour l'obtenir.
Pour la première fois, la BMW M Vision Next mettait le nez dehors.

Alors que d'autres parlent d'une voiture presse-bouton, BMW voulait rassurer les fans. Oui, demain, il y aura encore des voitures qui se pilotent. La preuve avec ce coupé hybride 4-roues motrices développant 600ch et atteignant 300km/h, tout en étant capable de rouler 100km en mode électrique pur.
Et la plus désirable, la Bugatti La Voiture Noire. Cette Chiron unique a été créée pour le 110e anniversaire de Bugatti (notez que l'EB110 rendait, elle, hommage aux 110 ans de son fondateur.) C'est une interprétation moderne de la 57 SC Atlantic de 1936 et plus précisément, du deuxième châssis, dit "La voiture noire".

Ce second châssis a disparu vers 1941, en France. A l'époque, les gens avaient alors d'autres préoccupations... En même temps, ce n'était qu'une voiture de seconde main. On voit bien qu'aujourd'hui, au Moyen-orient, des supercars sont livrées à la végétation (encore que la végétation, au Moyen-Orient...) car les propriétaires veulent de la nouveauté, en permanence.
Donc oui, on a perdu une Atlantic, de même que la plupart des Mercedes-Benz 500K Spezial Roadster ont disparu ou que les premières Ferrari ont été feraillées ! Dans le livres Les grandes marques : Bugatti (Gründ, 1984), il y a zéro mention de cette "voiture noire".
Bugatti a sans doute compris que face à Ferrari, il fallait raconter des histoires (à tous les sens du terme.) Les riches sont souvent friands d'unica (comme l'écrivait déjà Georges Perec.) D'où cette "Voiture noire" montée en épingle...

Au demeurant, la voiture est très belle.
Le concours d'état
Encore une ex-Jean-Pierre Jarier !

C'est Hervé Poulain qui a vraiment lancé la mode des Art Cars, à la fin des années 70. Dans les années 90, des gentlemen-drivers, souvent proches du commissaire-priseur, prirent la suite. Et pas forcément sur des BMW. Peter Klasen avait déjà peint une Porsche 962 Kremer pour les 24 Heures du Mans 1990. En 1998, il s'attaqua à une 911 GT2. A son volant, "Godasse de plomb" et François Lafon remportèrent le championnat FFSA-GT. Une voiture aussi belle que rapide... La voiture couru en 1999, puis le duo passa à une Viper GTS-R.
Cette voiture fut exposée sur le stand Motul de Rétromobile 2010, en présence de l'ex-pilote de F1.

La troisième 917 était dévoilée le dimanche.

Notez l'absence de cordelettes et de robocop autour des voitures. Il était même possible de discuter avec les propriétaires ! Et la zone du podium était réduite au strict minimum.
Cette proximité était un vrai plus.

A contrario, le gros défaut de Bagatelle, c'était l'élitisme. Les voitures étaient sur des pelouses interdites au public et les modèles exposés à part étaient cernés d'un cordon. Qui plus est, lors de la cérémonie de remise des prix, la cour d'honneur et les terrasse étaient privatisée. Les voitures primées réintégraient leur emplacement sous escorte.
Par la suite, il y a eu un "village". A savoir une zone VIP avec l'exposition des concept-cars modernes, les stands des partenaires et tous les invités... Invités qui ne visitaient l'exposition qu'une fois un périmètre de sécurité quadrillé ! Et d'année en année, le "village" grossissait...
Vu le prix du billet, c'était se moquer des visiteurs... Je pense que cela explique la chute de ce concours.
Puisque j'ai évoqué les prix, la 917 "Gulf" en a remporté un.
Un prix également pour la Ferrari 342 America, carrossée par Vignale. Je savais bien que cette voiture avait "quelque chose" !
La "Maserati" qui avait traversé le jardin à vive allure, le samedi, était en fait une Osca 750S de 1958. Je n'avais donc pas complètement tort...
Dans le film Hollywood Mistress, un scénariste et un producteur fauché tentent de trouver des financements pour leur film. Mais tous les partenaires n'acceptaient qu'à condition que leur maitresse ait le rôle-principal. Maitresses qui, bien sûr, jouaient comme des savates.

A Bagatelle, déjà, il y avait des voitures dont le seul mérite était d’appartenir à l'un des partenaires.

A Chantilly, j'ai eu la même impression que certaines voitures avaient mises sur la pelouse à la "demande" de tel partenaire... La moins subtile, c'était quand même cette Renault, qui ne figurait même pas dans le programme...
Et puis il y avait cette Supercinq GT Turbo, dans la rétrospective Marcello Gandini.
De loin, je l'avais prise pour une Hispano-Suiza. Mon flair n'est pas complètement émoussé car cette Ballot RH3 date de 1932. C'est-à-dire après qu'Hispano-Suiza ait pris contrôle du constructeur.

Une Porsche 959. Elle non plus, elle ne figurait pas dans le programme. Mais qui se plaindrait de la présence d'une 959 ?
La Ballot 5/8 LC n'était pas la seule Formule Indy de Chantilly ! Il y avait également cette McLaren M16C. A son volant, Johnny Rutherford remporta les 500 Miles d'Indianapolis 1974. Il récidiva en 1976 (la dernière victoire d'une McLaren à Indianapolis) et en 1980, avec la Chaparral dessinée par John Barnard. En 1986, à 48 ans, il s'imposa dans le Michigan et devint le plus vieux vainqueur d'une course de 500 Miles. Après une saison moyenne, en 1987, il ne fit plus que des apparitions à Indianapolis, avant de raccrocher, en 1994.
Ensuite, il fut l'une des chevilles ouvrières de l'Indy Racing League et il conduisit le pace-car pendant des années. En 2016, sa femme Betty mourut. Ils s'étaient rencontré dans des circonstances particulières... Lors du second tour des 500 Miles d'Indianapolis 1964, Dave MacDonald perdit le contrôle de sa Thompson. Eddie Sachs ne put l'éviter. La Thompson utilisait probablement du carburant aviation (prohibé, mais toléré.) MacDonald fut tué sur le coup. A l'endroit du choc, il y eu une boule de feu et Rutherford était impliqué dans ce "big one". Transporté à l'hôpital, il vit Sachs expirer. Et ça ne l'empêcha pas de draguer son infirmière, Betty !

Notez que Rutherford servait de consultant pour McLaren, à Indianapolis !
Richard Mille avait ramené ses McLaren. Le clou du spectacle, c'était cette MP4/4 ex-Ayrton Senna. La voiture avec laquelle le Brésilien décrocha son premier titre de champion du monde.
Egalement présente, la F1 GTR victorieuse au Mans 1995 (vue à Rétromobile 2018) et la MP4/13 avec laquelle Mika Hakkinen décrocha son premier titre de F1, en 1998.
Retour à Senna avec cette Senna GTR, sponsorisée par... Richard Mille !

L'aileron arrière était impressionnant. Cela rappelait les délires de la fin des années 70 (DRM, CanAm, F1...)
On livre
Chantilly Arts & Elegance, ce n'était pas que des hypercars ou des anciennes prestigieuses. La FFVE avait organisé une exposition sur le thème des utilitaires anciens, portant les couleurs d'entreprises.

L'occasion d'apprécier notamment ce Type H Miko :
Peugeot 203, Estafette, "walk-through" Daimler, 2cv Camionnette, Isetta Velam... Les vieux utilitaires s'étallaient dans leur diversité. Diversité de forme, mais aussi d'utilisation.
Etmême devant le domaine, il y avait cette Simca Aronde glacier :
Retour à l'intérieur, avec ce Ford F100 aux couleurs de Bud Ekins. Ekins était le cascadeur attitré de Steve McQueen. Le saut à moto de La grande évasion ou la poursuite de Bullitt, c'était lui ! Et il était également vendeur de motos.
Grand Prix des Clubs (2)
Par rapport à la veille, le coin des clubs s'était rempli. Je m'étais surtout rattardé sur les Françaises disparues : Venturi 260 APC, Matra Bagheera Courrèges... Et cette Murena. L'occasion de voir que l'ajustement des panneaux (surtout les portières), ça n'a jamais été le top, à Romorantin...
PGO, nouvelle membre du club des Françaises disparues... Dans vingt ans, quand je parlerai de voitures avec un jeunot et que je dirais que j'ai testé une PGO, il me regardera comme une momie !

C'est comme ça, la vie ! Ca ne sert à rien de "jouer les jeunes", vous allez vous trahir tôt ou tard ! Il y a ce moment où vous direz un truc et quelqu'un de plus jeune mettra une barrière entre lui et vous. Vous êtes un vieux. L'une des premières fois où ça m'étais arrivé, c'était lorsque j'avais parlé de l'essence "normal" à un collègue plus jeune, sur la route de de Genève. Il n'avait jamais entendu la phrase "super ou ordinaire ?", moi si. Et du coup, j'étais un vieux.
Mmh, une Chevrolet Caprice Estate, avec panneaux en ronce de formica... Quand vous visitez un pays, ce qui est bien, c'est de sortir des sentiers battus, des pièges à touristes. Aux Etats-Unis, il n'y a encore pas si longtemps, le break en faux bois, c'était le symbole que ça y est, vous étiez dans l'Amérique profonde. Avec des points bonus s'il y avait un autocollant "Jesus" dessus.
Aujourd'hui, ça serait plutôt le pick-up surélevé, avec un autocollant "politiquement incorrect" dessus.
It's fini !
Voilà, en fait d'une heure, je suis resté jusqu'à la fermeture... Il fallait quitter les lieux.

Jean Todt, visiblement pressé, driftait sa golfette. Deja vu !
Une grosse majorité des voitures repartaient par la route. Y compris des modèles prestigieux.
Décidément, les Lamborghini ne craignent pas les chevaux, même cabrés...
Ensuite, il y avait une trentaine de kilomètres de départementale, jusqu'à l'autoroute. Dans chaque villages, des petits malins spottaient les anciennes qui retournaient sur Paris. Et même sur l'autoroute, il y avait de quoi se rincer l'oeil...

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