Citroën SpaceTourer, mon cinquante-neuvième essai

Un grand essai ! 5,306 mètres, pour être précis. C'est la longueur de ce Citroën SpaceTourer Business Lounge XL 180.

"SpaceTourer", comme le nom adopté sur le tard par les C3 Picasso et C4 Picasso. Car l'on demande désormais aux gros vans de remplacer les grands monospaces. D'ailleurs, son cousin Opel a déterré le nom "Zafira".
La version "Business Lounge" s'adresse elle aux VTC. Il y a une quinzaine d'années, j'ai travaillé comme chauffeur de Grande Remise (l'ancêtre des VTC.) Je faisais souvent le "Shuttle" avec de tels vans. A l'époque, les Allemands (Mercedes-Benz et Volkswagen) régnaient en maitre : silencieux, performants et confortables, ils surclassaient la concurrence. J'avais conduit une fois un Trafic : une fourgonnette avec trois bancs et un moteur de VSP... Un vrai calvaire ! Le marché du transport de VIP est assez florissant et la concurrence s'est mise au travail. Que vaut ce SpaceTourer face aux références d'Outre-Rhin ?
Présentation
Comme souvent, sur les utilitaires, la fonction a dicté la forme.

Avec 1,89m de haut, le SpaceTourer peut ainsi entrer dans la plupart des parkings souterrains. Un vrai plus pour ce type de véhicules (qu'il s'agisse de déposer des clients à Roissy ou de le garer lors des phases d'attente.)

Néanmoins, comme il est un poil plus large (1,92m) que haut, cela donne un aspect écrasé.

Le gros défaut de "mon" Trafic, c'était son aspect. Ici, avec ses jantes 17", sa calandre chromée et sa rampe de LED, le SpaceTourer joue les coquets. Il est à sa place sur le perron d'un palace.
Intérieur
Sur un "shuttle", tout se passe à l'intérieur...

Le chauffeur a droit à un capitain seat (idéal pour les longs voyages), au volant réglable et au GPS. Il y a quinze ans, il n'y avait pas de GPS ! Un bon chauffeur GR devait connaitre par chœur l'adresse des grands hôtels...
Ce que j'ai trouvé formidable, c'est l'ouverture des deux portes coulissantes depuis l'intérieur. J'ai connu des clients si pressés qu'à l'arrivée, ils n'attendaient même pas que vous leur ouvriez la porte. Et ensuite, ils partaient sans refermer... Là, même plus besoin de sortir ! Quand le client est parti, vous pouvez refermer les portes. Notez au passage qu'il y a DEUX portes coulissantes. De quoi éviter de déposer les clients côté rue...
Le plus important, ce sont bien sûr les passagers. Il n'y a que quatre places, mais ce sont des sièges individuels. Tapissés de cuir, bien entendu. Et ils sont en vis-à-vis.
Et comme c'est un empattement long, les passagers peuvent s’étaler. Là encore, il semble taillé pour les longs trajets. Les VIP sont rarement sveltes ; ils ont besoin d'espace. Pour le coup, ils sont servis ! Et l'habitacle très lumineux renforce cette impression.

Au centre, il y a un rangement coulissant, dont les côtés peuvent se déployer et devenir ainsi une table. 1) La finition de la tablette est minable. 2) Les ailettes sont à peine assez larges pour poser un ordinateur portable dessus. Sur la présentation de Citroën, les passagers ont défaits leurs ceintures et ils sont penchés en avant, de biais pour pouvoir en profiter. Bref, c'est l'unique gros défaut de l'ensemble.

Le top de l'aménagement, ce sont les Chinois. Sur un Jinbei ou un Buick GL8, chaque passager possède une tablette avec un port USB, un écran... Et un cendrier. Sans oublier les boiseries et la moquette rouge épaisse, un peu kitsch, mais au goût des tempes grises du Pays du Milieu.
Le plus clair de son temps, le chauffeur attend. Quand vous faites de la "dispo", on vous demande de déposer et de reprendre le client. Si vous êtes verni, vous avez le temps de rentrer chez vous. Au salon du Bourget, non-seulement le client me laissait entrer sur le stand, mais en plus, j'avais accès à la cantine ! Mais dans la très écrasante majorité des cas, vous vous retrouvez à attendre, sans pouvoir aller nul part.

Les sièges arrières ne sont pas pratique pour piquer un roupillon. Mais au moins, vous avez un store.
Moteur/tenue de route
Le SpaceTourer Business Lounge XL est exclusivement proposé avec le 2,0l HDI 180. Par contre, vous pouvez choisir entre boite manuelle et automatique.
Le point faible, c'est 144g de CO2. C'est un Crit'air 2, donc à court terme, il risque de n'être plus le bienvenue dans certaines zones urbaines. Imaginez la scène : "Le client veut aller rue des Rosiers. D'accord, je le dépose boulevard de la Chapelle. Il finira le trajet en métro !" On commence à voir des utilitaires moyens électriques. Par contre, l'offre en "shuttle" se limite à des diesel, sans hybridation. Espérons que les constructeurs vont réagir face aux normes qui se profilent...

Du reste, quel confort ! Avant, vous aviez le choix entre un Volkswagen à boite manuelle (ce qui impliquait d'être doux sur les changements de rapport) et un Mercedes-Benz avec boite automatique de la vieille école (d'où des problèmes d'insertion sur voies rapides.) Là, aucun soucis. Les rapports s'enchainent en douceur et vous avez du couple en permanence. Qui plus est, le HDI 180 est très discret.
Le Head-up Display permet d'avoir les informations essentielles (vitesse, direction du GPS...), sans quitter la route des yeux. C'est très pratique pour Paris. Généralement, le client possède une marge de 10 secondes sur son planning, le trajet est truffé de voies à sens unique et tous les Deliveroo ont des envies de suicides... Mieux vaut donc regarder où l'on va !
En ville, malgré 5,3m de long, il se manœuvre bien, avec un rayon de braquage de 12,4m. Sans oublier la caméra de recul.
Conclusion
J'ai été bluffé par ce SpaceTourer Business Lounge. Il soigne son chauffeur et ses passagers ! En terme d'agrément, de confort et de performances, il est au niveau des références allemandes.

A 52 800€ (avec boite automatique et teinte Noir Perla Nera en option), il est très intéressant. Le souci, c'est le Crit'Air 2 pour un véhicule qui a vocation à aller au cœur des villes...

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