Tutu

Un soir de semaine, dans Paris, sur le chemin du retour, j'arrive boulevard Saint Germain. Le feu est vert, mais je préfère regarder, parce qu'entre les Velib en état d'ébriété, les Deliveroo et les scooters TDC, les feux rouges n'ont guère de valeur, chez les deux roues...

C'est là que je vois cette Morgan Tourer, "garée" entre deux prestigieuses brasseries qui se font face... Une Tourer, 10 ans et quelques semaines après la Tourer manquée au Touquet ! Je m'arrête tant bien que mal et je fonce pour immortaliser la voiture... Je ne sais pas pourquoi, j'avais du Miles Davis dans la tête, à cet instant-là...
J'adore les Morgan, ce sont des gentils anachronismes. Malvern Road n'est qu'un ensemble de hangars. L'entreprise produit chaque année une centaine de voitures. Il y a des tôliers qui martèlent à la main les plaques jusqu'à ce qu'elles aient la forme désirée, des selliers qui découpent du cuir au ciseau et cousent à la main, des ébenistes, qui poncent le bois... Du moins, ça, c'est que Morgan montre aux caméras. Je les soupçonne d'avoir aussi des CN pour les plus récentes Aero8 et Plus-8... En tout cas, il est possible de visiter l'usine et c'est sur ma liste de choses à faire...
Les Morgan sont des anachronismes. A fortiori la Tourer, cette 2+2 à l'arrière inélégant. Notez les trois essuie-glaces et la vitre latérale rectangulaire... Pas sûr que la capote soit très étanche et à mon avis, le pare-brise est vite embué. Mais voilà, vous roulez dans une Morgan...
C'est toujours compliqué de dater une Roadster. Je penche pour un modèle relativement récent, vu les jantes.
La dernière fois que j'ai croisé une Morgan, j'avais évoqué le Brexit. L'une des questions du Brexit, c'est le statut des artisans. Jusqu'ici, les constructeurs produisant moins de 1000 véhicules par an sont dispensés de crash-test et de répondre aux normes d'émissions de CO2 moyennes. Du sur-mesure pour les artisans Britanniques.
La Grande-Bretagne partie, qui reste-t-il sur le continent ? Soyons francs, PGO, Spyker et Wiesmann n'existent plus que sur papier. Reste quelques producteurs de VE, comme Bolloré (qui n'ont donc rien à craindre sur les émissions de CO2.) La clause d'exception pour les artisans pourrait disparaitre. Du coup, les Caterham, Ginetta et autres Morgan devraient donc faire de couteuses homologations. Sauf à vendre sur le continent uniquement des véhicules utilisables sur circuit.
Le coup de poker industriel du Brexit, c'est que la Grande-Bretagne comptait s'ouvrir vers la Russie, la Chine, les Etats-Unis... Autant de pays auxquels les portes de l'UE sont relativement fermées et qui auraient pu se servir de la Grande-Bretagne comme d'un cheval de Troie pour y implanter des usines. C'était sans compter sur l'aventurisme personnel de leurs dirigeants. La Chine et la Russie semble sur la voie d'une personnalisation extrême du régime, ce qui devrait entrainer une répression accrue des opposants, donc des sanctions économiques internationales. Pas sûr qu'Anne Hidalgo veuille acheter des bus Byd, si Xi Jinping rouvre les Laogai... Donc pas d'investissements en Europe et pas d'usine ou de bureau d'étude en Grande-Bretagne. Quant aux entreprises Américaines, elles préfèrent investir surplace, bénéficier de subventions et d'une conjoncture économique favorable. FCA vient de connaitre un mois de mars record aux USA (battant un précédent record datant de 2001) et son meilleur premier trimestre depuis 2006, alors qu'il n'a rien de neuf. Alors pourquoi s'embêter à investir en Europe ?

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