Anne Asensio chez Renault Histoire

La semaine dernière, Renault Histoire invitait Anne Asensio. Une conférence animé par Yves Dubreil, le mythique "M. Bretelles" du design Renault (NDLA : et oui, il portait des bretelles !) J'ai eu la chance d'être présent.

La designer est revenue sur sa carrière. Elle fut d'abord une adolescente Versaillaise, un peu rebelle, férue d'hippisme et de moto, qui fit les Beaux-Arts, puis l'ENSAAMA. En guise de travail de fin d'étude, elle réalisa un bus Renault futuriste. Non seulement elle décroche le 1er prix, mais en prime, Renault lui paya des études au College for Creative Studies de Detroit !
Une fois diplômée, cette tête bien pleine intégra logiquement le bureau de style de Renault. Patrick Le Quément avait renégocié la place du design (jusqu'ici, en bout de chaine.) Terminées, les R9 et 11 ! Pour relancer Renault, il fallait de belles voitures ! Par contre, les mentalités n'avaient guère évoluées... On en était resté aux "Detroit Damsel" d'Harley Earl, des femmes au périmètre d'action très limité. D'autres fois, on la considérait comme une virago potentielle. Anne Asensio du donc faire sa place en tant qu'unique femme du style. En 1991, le concept-car Scenic fut bouclé in extremis. Alors on l'envoya au casse-pipe, avec les journalistes. A la surprise de Renault, le Scenic plu et la designer devint ainsi un personnage public. Pour elle, ce fut un cap important et lors de la conférence, elle en parla longuement. Personnellement, je ne le trouve pas terrible, avec son habitacle hypertrophié et ses roulettes de Samsonite ! Quant à Next, l'une de ses autres réalisations, on l'a presque complètement oublié ! J'aurais préféré qu'elle évoque le Trafic 2, la Megane 2 Coupé (j'ai toujours ma chemise de moniteur pour la présentation de la Megane 2 RS F1 Team à Dijon-Prenois...) et l'étonnante Jeep Junior (un genre de CJ-7 au format d'un Samurai.) Hélas, elle parlait davantage des conditions de travail. Du fait que les designers les plus influents ne sont pas forcément ceux qui "signent" le plus de voitures de série...
En 1997, elle devint responsable des véhicules de petite et moyenne taille. On la pressentait pour remplacer Patrick Le Quément. Elle a sans doute compris qu'il n'était pas près de partir (il resta jusqu'en 2009.) Elle commença à distribuer des CV. Finalement, GM la recruta, en 2000. 15 ans après, elle retrouvait Detroit et le rêve Américain... Mais GM était surtout un agglomérat de marques plus ou moins indépendante. Avec des bureaux de style qui n'en faisaient qu'à leur tête ou au contraire, qui se contentaient de mettre leur badge sur la création d'une autre marque. Charge à elle de consolider tout cela. On lui devait la Cadillac Sixteen et la Chevrolet Camaro. Là, encore , durant la conférence, elle mit surtout l'accent sur l'organisation interne. Chez Renault, elle était visiblement derrière sa table à dessin, puis son ordi. Chez GM, elle enchainait les réunions au quatre coins du monde. Anne Asensio était alors l'une des très rares femmes à une poste de responsabilité chez un constructeur. Et surtout, l'une de seules femmes connue du public, parlant régulièrement à la presse. Elle n'était une Detroit damsel ! En 2004, Wayne Cherry prit sa retraite, elle semblait tenir la corde, mais ce fut Edward T Welburn qui la remplaça. Elle hérita du design avancé.
En 2007, le navire GM commençait à prendre l'eau. Ses projets pour Hummer, Pontiac, Saab ou Saturn furent envoyés à la broyeuse. Est-ce pour cela qu'elle parti chez Dassault Systèmes ? J'avoue que là, j'ai un peu décroché. Néologismes, anglicismes en pagaille, termes marketing un peu creux... Ca sonnait surtout comme une présentation commerciale de Catia. Elle tenta de nous démontrer que demain, avec l'impression 3D tout le monde pourra créer sa voiture. Récemment, sur YouTube, j'ai vu un document sur le Yamaha DX7. Ce n'est pas une moto, mais un synthétiseur ; le premier synthétiseur programmable. Beaucoup de musiciens se contentèrent de l'utiliser en mode "piano" (cf. Say you, say me de Lionel Richie.) Brian Eno, lui, passa des heures à le programmer et il publia des pages et des pages de code dans les revues spécialisées. L'impression 3D, c'est pareil. Vous avez toujours un "Brian Eno" qui va chercher de nouvelles utilisations. Mais l'écrasante majorité des gens n'auront ni le temps, ni la motivation, ni les compétences pour utiliser cet outil de manière optimale...

Quoi qu'il en soit, c'était une conférence intéressante, sur un domaine que je connais peu, le design. Un paradoxe, alors qu'étant petit, je voulais être designer !

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