J70

Encore une Toyota des années 80 ! Sauf erreur, c'est un Land Cruiser II (J70.) Visiblement, il a été vendu à l'époque en voiture de société (d'où l'absence de banquette arrière et une plaque en bas des ailes avants.)
Un des précédents propriétaires faisait sans doute du trial avec. D'où les pneus TT, le pare-buffle et surtout, un arceau à l'intérieur. Hélas, désormais, il est plus ou moins ventousé.

Ces Toy' là, sont indestructibles. Mais il y a forcément un moment où trop, c'est trop.
A son lancement, il était décrit comme une jeep (avec un "j" minuscule.) Les termes 4x4 ou tout-terrains n'étaient pas encore entrés dans les mœurs. Il disposait d'un 4 cylindres diesel 3,4l 98ch. De quoi atteindre 120km/h en pointe, avec une consommation mixte de 16,5l aux 100km ! Pour info, à l'époque, Toyota ne proposait le J60 (alias "Land Cruiser Wagon") qu'avec un 6 cylindres essence 155ch. Consommation mixte : 20l aux 100km !
Toy' avait une politique très agressive. Le J70 était vendu 99 950frs, soit 10 000frs de moins qu'un Land Rover 90 et 23 000frs de moins qu'une Jeep CJ-7 ! 100 000 frs pour devenir le roi du Sentier, qui dit mieux ?
L'autre jour, j'avais évoqué le futur SUV Lotus. Ca peut sembler hors-sujet, mais je vais revenir au Land Cruiser...
Je suis dubitatif sur le SUV Lotus. Avec ce véhicule, le constructeur va s'adresser à un public plus large. Donc un public qui souhaite un produit abouti. La qualité, ça coute cher. Donc, il faut faire du volume pour rentabiliser. Sauf erreur, les derniers gros investissements sur le site d'Hethel avaient été financés par GM, pour pouvoir produire l'Opel Speedster. D'où un site a priori dimensionné pour 5 000 véhicules par an. Depuis, le Classic Team Lotus de Clive Chapman a déménagé dans des locaux propres, libérant de l'espace. Mais sûrement pas de quoi assembler 10 000 voitures de plus ! Pour son SUV, Aston Martin s'est offert un nouveau site, à St Athan, aux Pays de Galles. A cette occasion, il va également recruter et former des monteurs pour ce véhicule. Car, ça ne demande pas le même savoir faire que pour une GT quasiment assemblée à la main... Dès 2016, Aston a donné des coups de pioches et inspecté des CV, pour un véhicule produit en 2019. Lotus parle d'un SUV en 2022. Or, en amont, l'artisan n'a annoncé aucun plan de recrutement ou d'investissements lourds à Hethel. Si l'on regarde Aston, il lui reste une fenêtre d'un an.
Bien sûr, les solutions alternatives ne manquent pas. Contrairement à Enzo Ferrari, Colin Chapman n'a jamais dit que les Lotus devaient être exclusivement produites sur leur terre natale. Il y a d'ailleurs un précédent, avec Youngman. Potentiellement, il y a le site Volvo d'Uddevalla, où Pininfarina assemblait les C70 cabriolets. Un site dimensionné pour de la moyenne série et où Volvo pourrait décrocher des subventions pour le remettre en route. Dans le même genre, il y a le futur site Polestar de Chengdu, en Chine. Geely a bâti une usine flambant neuve, à Coventry, pour le London Taxi TX5. Mais Geely avait annoncé qu'il pourrait produire pour d'autres marques. Notamment les SUV Lynk & Co. Proton, qui reste la maison-mère, dispose d'usines sous-utilisées... Néanmoins, on bute ensuite sur la question du réseau. En 2002, l'année précédent le lancement du Cayenne, Porsche avait vendu 55 903 voitures. Il disposait d'une marque forte, avec un réseau important aux Etats-Unis et en plein développement dans les BRIC. Tout était prêt pour diffuser au plus grand nombre le Cayenne. A contrario, Lotus a vendu 1 565 voitures en 2017. Il possède une tête de pont historique au Japon et depuis peu, de représentants officiels en Europe continentale. Par contre, il existe à peine dans les BRIC. Jean-Marc Gales a quatre ans pour développer tout ça et offrir une vraie plateforme à son SUV. De plus, il va falloir revitaliser la marque au préalable. Depuis Dany Bahar, on n'a plus vu grand chose... Cette année, le Cyan Racing, l'ex-antenne sportive de Polestar, aligne une Evora officielles en championnat Suédois de GT. Est-ce un nouveau départ ? Si oui, Lotus pourrait profiter du lancement de l'Esprit (2020 ?) pour avoir de nouveau un programme ambitieux, au-delà des coupes monotypes...
Et le rapport avec ce Land Cruiser ? Lorsque je l'ai vu, avec son arceau, je me suis dit : c'est ça, que Lotus aurait du faire.

Tant qu'à se diversifier, Lotus devrait se diversifier intelligemment. Clamer "light is right" et commercialiser un SUV de 1,5t avec un moteur de tondeuse à gazon, ça fera forcément grincer des dents...
Ce qui correspondrait davantage à l'univers de Lotus, ça serait un vrai quat'quat pur et dur. La cible actuelle de Lotus, c'est les passionnés, qui utilisent leur Elise comme deuxième voiture. Ils passent le week-end à bricoler et à arsouiller sur des petits circuits. Or, les propriétaires de tout-terrains, les vrais, ils les utilisent comme deuxième voiture. Ils les bricolent et le week-end, c'est trial ou mini-raid ! En ça, ils sont très proches des gentlemen-drivers de Lotus. Si le constructeur débarquait avec un véhicule performant en tout-terrain, il serait plus facilement accepté. Ce qui comptent c'est le rapport de réduction et l'empattement, pas le tableau de bord en plastique moussé ! D'autant plus que les vrais 4x4 se raréfient dans les catalogues constructeurs. Pas besoin d'organiser des cocktails de présentation, avec des pipoles ! Et accessoirement, les volumes correspondraient aux capacités dont dispose Lotus.

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