Vincennes en Anciennes - décembre 2021

Chaque mois, j'essaye de me motiver pour assister à Vincennes en Anciennes. Parfois, le dimanche après-midi, je vois passer des anciennes sous ma fenêtre. Je me promets alors que le mois prochain, j'y irai. Ces derniers temps, entre les interminables travaux de l'esplanade et le Covid, la réunion mensuelle
a bien failli disparaitre
. Alors, pour la dernière de l'année, j'ai mis mon réveil et je ne le regrette pas...

Pour rappel, depuis un peu plus de 30 ans, chaque premier dimanche matin du mois, les amateurs d'anciennes se réunissent sur l'esplanade du Château de Vincennes.

C'est un évènement vivant. Les organisateurs ont fait la chasse aux marchands du temple et il n'y a donc que des propriétaires d'anciennes. Certains viennent seuls, d'autres en groupe. Certains ne font que passer et d'autres restent toutes la matinée. En permanence, ça entre, ça sort. Le temps d'atteindre un bout de l'esplanade et d'autres voitures sont arrivées à l'autre bout.

On commence par deux Françaises par adoption.

La rouge est une Simca-Fiat 6cv. Henri Pigozzi prit en main la SASAF (Société Anonyme Française des Automobiles Fiat) en 1926. Il convainquit les Italiens de passer du CKD à un vraie fabrication sur place. Simca-Fiat vit ainsi le jour en 1934 et l'année suivante, elle racheta Donnet pour disposer de son usine à Nanterre.
Les premières Simca-Fiat étaient très proches des Fiat contemporaines (cf. "l'Hispano" de mon grand-père...) Pour la 6cv, Pigozzi fit néanmoins créer cet inédit cabriolet. Il se distingue de la Fiat Ballila cabriolet par son pare-brise fixe et ses portes s'ouvrant dans le bon sens. C'était le premier modèle inédit de Simca-Fiat.

La noire, c'est une Ford Vedette. A la fin des années 30, Edsel Ford fit étudier une petite voiture. Les premiers prototypes disposaient d'un moteur en porte-à-faux arrière. Le projet évolua beaucoup, avant d'être abandonné, dans les années 40.
Au lendemain de la guerre, le divorce entre Ford SAF et Mathis était consommé. Maurice Dollfus (responsable de Ford France et collabo notoire) avait une usine -Poissy- mais pas de nouveauté. De passage à Detroit, il persuada la maison-mère de lui offrir ce projet mort-né. Ce fut la Vedette, en 1948. Cette Ford US miniature était une voiture du PDG tricolore ! En 1953, elle évolua avec cette carrosserie trois volumes.

Pour 1955, Ford SAF avait prévu d'éclater la Vedette dans une série de voitures. Chaque nom correspondant à un niveau de finition. Les noms était ceux de châteaux ; c'est évocateur et ils sont dans le domaine public. Alors que les Françaises (403, Frégate et DS) étaient plutôt austères, Ford SAF proposait des chromes, des peintures bi-tons et des ailerons.
Peu après la présentation, Simca racheta Ford SAF. L'idée plaisait bien à Henri Pigozzi. Tout comme le concept "bling-bling" avant l'heure, qu'il appliqua à l'Aronde avec la P60. Lors du lifting de 1957, les Vedette reçurent de nouveaux noms. La Régence devint ainsi Chambord. Au passage, les ingénieurs de Simca trouvèrent le moyen d'extraire quatre chevaux de trait supplémentaires du vieux V8 2,3l (avec désormais 84ch.)
Chrysler racheta Simca à Fiat. La Vedette n'eu pas de descendante. Mais l'outillage de la Vedette parti au Brésil pour une "long life" commercialisée jusqu'en 1969.

Mesdames et messieurs, voici l'une des huit AC Aceca à moteur Ford Zephyr 2,5l. Et comme ce n'est pas assez rare, elle possède une préparation d'époque Raymond Mays (co-fondateur d'ERA et de BRM.)

Au-delà de sa rareté, il n'y a pas grand chose de positif à dire sur cette voiture. En 1954, AC lança une version coupé de l'Ace présentée l'année précédente. AC Cars n'a jamais été hyper-pointilleux, d'où ce dessin maladroit, mal adapté du roadster.
En 1960, Tony Crook devint le premier actionnaire de Bristol et il arrêta la production du 6 cylindres d'origine BMW. AC se tourna alors vers la Ford Zephyr Mk II et son gros 6 cylindres. La Zephyr étant la voiture des Specials dans le clip Ghost Town. L'exploit de Ford UK étant d'avoir produit un bloc avec un rapport chevaux/litre encore pire que celui du V8 Ford/Simca !
En 1963, Carroll Shelby proposa à AC de mettre un Ford V8 "289" sous le capot de l'Ace. Ce fut la Cobra. Il n'y eu pas d'Aceca V8 ; AC sombra dans la monoculture Cobra.

NSU, ce n'était pas que la TTS ! Voici une Prinz [4] L, sans doute achetée chez Meznarie.

En 1961, NSU dévoila sa quatrième itération de la Prinz. D'où le nom de "Prinz 4". Alors que les 2 et 3 n'étaient que des évolutions du premier modèle, la Prinz 4 reçu un bicylindre réalésé à 0,6l et surtout, une carrosserie inspirée de la Chevrolet Corvair, apparue en 1960. Elle remplaça les Prinz 1, 2 et 3. En 1965, une version mieux équipée, la L, prit son envol.
Entre temps, la marque avait lancé la 1000, une Prinz rallongée et élargie. La L eu donc une carrière discrète, entre la 4 et la 1000.

La première Corvette était une voiture assez placide. Dès le milieu des années 50, designers et ingénieurs songèrent à la transformer en bête de course. Le fait que Zora Arkus-Duntov, le chef de projet, pilote à l'occasion, n'y était pas étranger...
Lors de son bref passage chez GM, Peter Brook dessina un genre de C2 "SWB". Larry Shinoda, venu des hot-rods, serait le père biologique de la C2. Bill Mitchell, l’omnipotent vice-président du design GM, déclare lui qu'il en aurait eu l'idée. Lors d'un plongée aux Bahamas, il aurait croisé un requin. D'où le concept-car "Shark" (par la suite repeint et renommé "Mako Shark 1".) Notez enfin que les ultimes C1 (1961-1962) possédaient déjà l'arrière des C2 avec les quatre phares ronds.

Vincennes en Anciennes, c'est un évènement entre amateurs. Rien n'empêche un particulier de revenir n fois avec la même voiture.

Cette 2cv était ainsi présente à la Traversée de Paris 2021 :

Plus étonnant : une vraie-fausse Ford Anglia "Monte-Carlo" que j'avais croisée en marge de Rétromobile 2016 (entre le salon et ma voiture.) Je lui avais consacrée un Conducteur du Jour.

Longtemps, les Ford et Opel des années 70, 80 n'avaient guère la cote. Les modèles sportifs subissaient du jackytuning et les autres étaient décimées par les primes à la casse.

Aujourd'hui, de meeting en meeting, on constate qu'elles sont désormais préservées. A l'instar de cette Manta B GS/E (kitée Irmscher), cette Kadett et cette Escort MK II.

Une Fiat Ritmo II Abarth avec calandre Stand 21 et le crochet d'attelage. Pensez à prendre les surlunettes, car c'est violent !

En tout cas, il est qualifié d'office pour le prochain Vendôme 80 !

Autre design controversé : une Citroën Visa 1 !

Rien de controversé, avec ce trio de Land'. Mais jusqu'il y a peu, ils étaient considérés comme trop roturiers pour les réunions d'anciennes.

On peut supposer que les voitures les plus anciennes sont déjà remisées pour l'hiver. En tout cas, les youngtimers sont présentes en force. Lorsque Vincennes en Anciennes débuta, c'était ces voitures que l'on croisait dans les rues...

Dire qu'un jour, on entendra peut-être : "Je collectionne les anciennes. Je viens d'acheter une Zoe de 2019..." 

Pour saisir l'évolution radicale du design, durant les Trente Glorieuses, il faut voir que cette MG B GT MK III a été lancée en 1970 et cette Matra Murena, en 1980...

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