Mondial 2018 : 18. Studebaker M5

En mal de constructeurs d'autos, le Mondial 2018 compléta avec des deux roues, des vélos et des services. Du coup, il devint le "Mondial de la mobilité". Un retour au "salon de l'automobile, du cycle et du motocycle", qui exista de 1951 à 1977 ! Personnellement, je pense qu'il aurait mieux fallu y associer les utilitaires : la clientèle est plus proche. Et puis, Paris va devenir une ville où les propriétaires privés d'automobiles vont se faire de plus en plus rares (un phénomène qui risque de s'étendre à la petite, puis à la grande couronne, au gré des travaux du Grand Paris Express.) Il restera donc les flottes, les VTC, les taxis... Et les transporteurs.
Après, pour 2018, rappelons que (entre autres) FCA, Ford, Mitsubishi, Nissan, Opel, Ssangyong et Volkswagen ont snobé le Mondial. Du coup, le nombre d'exposants dans les utilitaires aurait été très réduit...
Des utilitaires, il y en a quelques uns sur les stands (notamment chez Isuzu, un fidèle du Mondial.) Et chez les motos, il y a ce Studebaker. Google m'a appris que c'est un M5.
Studebaker se lança dans les pick-up avec le Coupe Express, en 1937. Il s'agissait d'une Dictator dont la cellule centrale s'arrêtait au pilier B pour faire de la place à une benne. L'année suivante, la marque de South Bend lança le M5. Il empruntait pas mal d'éléments à la berline Champion, à commencer par son 6 cylindres 2,8l 80ch. Prix : 850$ (contre environ 600$ pour les pick-up de Ford et Chevrolet) C'était le plus petit d'une gamme d'utilitaires, partageant la même cabine. Le plus gros, le M16, donna son châssis à l'US6 militaire. Converti en 6x6 et équipé d'une cabine de GMC, il fit les beaux jours... De l'armée Soviétique durant la Seconde Guerre Mondiale. Le M5, lui, connu un beau succès dans l'immédiat après-guerre. En 1947, il représentait plus de la moitié des ventes de Studebaker ! De quoi encourager le constructeur a poursuivre, avec le 2R. Hélas, face à l'agressivité commerciale de Ford, GM et dans une moindre mesure, de Dodge, Studebaker fut mangé tout cru. Tout comme International, pourtant bien implanté dans l'Amérique profonde. Il faut dire aussi qu'après le tout mignon M5, les pick-up de Stud' furent de plus en plus moche, jusqu'à l'affreux Champ (1962-1964.)
Ce pick-up permet aussi d'évoquer un amendement récemment déposé pour imposer un malus au pick-up. La motivation de Mathilde Panot (LFI), c'est qu'il y aurait des particuliers qui roulent en pick-up, car ils ne sont pas "malussés". La France n'est pas les Etats-Unis ; il n'y a pas des pick-up à tous les carrefours ! Et si on enlève les artisans, les ruraux, les autoentrepreneurs du BTP (qui sont de facto des particuliers)... Il ne reste plus beaucoup de "tricheurs". Pas grave ; l'assemblé nationale a voté ce texte. Ces salauds de pollueurs vont passer à la caisse ! C'est bien, comme ça, on va tuer l'artisanat avec un malus 10 500€ (les gros pick-up étant très prodigue en CO2.) Et après cela, on va pleurer que le BTP manque de bras...
La presse auto a des larmes de crocodiles. Elle se plaint des dégats pour les pros. D'un autre côté, une recherche sur Google montre que l'idée du particulier roulant en pick-up pour esquiver le malus, était un marronnier (cf. ici, ici ou ici.) A partir de là, il serait évident qu'un parti réputé pour sa démagogie, qui cherche à capter tous les électorats de gauche, notamment les écologistes, finirait par s'emparer du sujet...
Dans la benne du Studebaker, il y a une BSA B33, une 500 monocylindre. Dans les années 50, les gros mono étaient une spécialité Britannique. Mais ces motos s'adressaient à une clientèle qui n'avait pas les moyens de s'offrir une auto ; des motards par opportunités. Avec la diffusion de l'automobile (et un marché de l'occasion inondé d'Austin Seven à trois francs, six sous), cette clientèle migra vers 4 roues. Norton, BSA et Triumph surent sentir le vent tourner et elles misèrent davantage sur les multicylindres, destinées aux "vrais motards". Les mono connurent un bref second souffle en motocross, mais avec l'arrivée des deux-temps, le soufflé retomba aussi vite.
Ici, on a un look très sportif, avec fourche inclinée. Alors que je n'ai plutôt l'image d'une moto pépère, fiable mais lourde et pas très puissante (vitesse maxi : 130km/h, alors que quelques années plus tôt, la 6T Thunderbird de l'Equipée Sauvage -également une 500- atteignait 148km/h.)

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