Le bureau des légendes

Parfois, le titre du futur post me vient tandis que je prends les photos. Au Mondial de Paris, le concept-car en hommage à la 504 s'appelait e-Legend. Les murs de Paris sont tapissés de publicité pour la nouvelle saison du Bureau des légendes, sur Canal +. D'où ce télescopage.
La 504, c'est du solide ! En Tunisie, on en voit encore quelques unes. En France, il faut aller du côté des chantiers. Là, les 504 pick-up ne connaissent pas encore la retraite...
La 504, c'était une autre vision de l'automobile et des biens d'équipements. Une vision déjà quasiment obsolète, en 1968, lorsqu'elle est sortie.
C'était la vision des primo-accédants de l'après-guerre. "J'ai attendu d'avoir 40 ans pour acheter une voiture, un téléviseur, un frigo ou une machine à laver. Alors, c'est pour les garder !" Avant, dans les villes, vous aviez des réparateurs. Votre frigo tombait en panne, il avait déjà 10 ans, mais vous appeliez le réparateur. Les biens d'équipements duraient éternellement. Lorsqu'on s'achetait une nouvelle télévision, l'ancien poste partait dans la chambre, voire la chambre des enfants. Le frigo ou le congélateur, c'était pour la cave, afin d'y stocker les denrées encombrantes. Si vous aviez une résidence secondaire (ou "maison de campagne"), vous y mettiez votre vieil électroménager. "J'achète une nouvelle machine à laver. L'ancienne va partir dans la maison de campagne." Et c'était pareil pour les voitures. Quand vous en achetiez une nouvelle, l'ancienne était pour madame ou pour le fiston... La première voiture de mon père, c'était une Aronde P60 ; la voiture de son beau-père (mon grand-père maternel.)
Et la 504, c'était la voiture idéale pour cette génération : une voiture capable d'avaler des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers de kilomètres...

Sans oublier les émigrés Algériens ou Portugais de la première génération, qui retournaient chaque été au bled, par la route. Le coffre bourré de produits divers pour la famille étendue...
La génération suivante était dans une autre optique. C'était la société de consommation. Le goût pour les produits éphémères, qui durent moins longtemps ou qu'on jette simplement parce qu'ils sont passés de mode. Il y avait aussi l'idée d'une progression sociale future. J'achète un mini-frigo, en espérant que d'ici 5, 10 ans, j'aurais les moyens de m'offrir un vrai frigo. Sans oublier les contraintes d'espace. Terminés, les petits pavillons de banlieue, place aux appartements (donc la place est plus limitée et il faut se débarrasser du superflu...)
Sans oublier la crise du pétrole ; l'essence devenait très chère. A 1,2t, la 504 était lourde, donc vorace. Ajoutez-y l'image de voiture d'immigrés (pour ne pas dire de [terme péjoratif pour un Maghrébin]) et c'était plié pour Peugeot.

La voiture de la fin des années reflétait tout cela. Elle devait être plus compacte, plus économe et surtout, plus lookée. C'était donc R5 pour tous, sauf que le jeune cadre, qui roulait en R20. Mais suite au rachat de Citroën et Simca, Peugeot était bien occupé. La marque au lion était laissée en friche, alors qu'il aurait du réagir. Songez qu'entre la 505 (1978) et la 205 (1983), il n'y avait eu aucune nouveauté ! On comprends pourquoi PSA a failli boire la tasse, au début des années 80...

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