Rétromobile 2019 : 32. Renault 4 Plein Air

Comme l'an dernier, il y avait un coin dédiée aux anciennes à vendre à un prix raisonnable. Parmi ces voitures, une Renault 4 "Plein Air". Sauf erreur, c'était la seule R4 du salon.

Prix : 12 450€.
Comme d'autres, Renault avait senti, au début des années 60, qu'il existait une clientèle pour des voitures de loisir. Une voiture de plage, sans portes, ni réel toit, avec une présentation minimaliste et capable de faire du tout-chemin.
En 1964, alors que Bruce Meyers commençait à réaliser ses premières buggys, Renault concevait la R4 Torpedo (destinée à l'Armée de Terre ?) Une R4 fourgonnette, biplace, sans porte, avec une partie arrière coupée à la hauteur de la ceinture de caisse. Un prototype eu un rôle dans un épisode des Chevaliers du Ciel, avec livrée yéyé. Sur les forums, on évoque une R4 Torpedo survivante (la même ?) A se demander aussi si la Torpedo n'a pas inspirée les voitures de Miko...
Sinpar, dont certains lui attribuent la conception de la R4 Torpedo, revint à la charge avec la Plein Air. Lancée en 1968, il s'agissait cette fois d'une berline R4, sans portes, mais avec un découpage inédit (évoquant les Jeep) et surtout, sans toit.

Le problème, ce fut le time to market. Quelques jours plus tard, Citroën dévoilait la Mehari, plus légère et encore plus typée loisir. Renault songea à avoir son pendant de la Mehari, ce fut la Rodeo -également basée sur la R4- en 1971. Du coup, après seulement 650 unités, la R4 Plein Air tira sa révérence.
L'exemplaire de Rétromobile me laisse dubitatif. La R4 Plein Air fut produite entre 1968 et 1971. Or, la calandre en plastique noir n’apparut qu'en 1974... Et elle est montée sur un capot post-78, à clignotants rectangulaires. Les rétroviseurs, eux, proviennent d'une R5 post-80 et les jantes sont celles d'une R5 Alpine !
Au mieux, le propriétaire, peu soucieux, bricola sa Plein Air avec des pièces trouvées ici et là, sans respect de l'état d'origine.
Dans les années 70-80, il existait pas mal d'artisans travaillant sur la R4 (et la 2cv.) Quelqu'un aurait apporté sa R4 neuve et l'artisan lui donna un look "dans l'esprit de la Plein Air". Au moins, ce serait une transformation d'époque.
Au pire, quelqu'un a pris une R4, un coup de tronçonneuse Outils Wolf et voilà une Plein Air, vendue à prix d'or pour berner les gogos !

Donc, bien sûr, il faut regarder la carte grise et en cas de doute, une vraie Plein Air doit posséder une plaque apposée par Sinpar.
En tout cas, ce qui me plait avec les anciennes, c'est l'évolution du produit. Les cycles de vie étaient très longs, donc on prenait le temps de réfléchir. Moteur plus gros ? Nouvelle carrosserie ? Nouveaux équipements ? Trains roulants revus ? Parfois, face à la proposition d'un concurrent, on retournait à la planche à dessin et 3, 4, 5 ans après, on lançait une grosse remise à jour...
C'était acceptable dans les années 50, 60, voire 70, lorsque l'offre était limitée. Dans les années 80, ce lent déploiement commençait à peser. Car en attendant qu'un modèle soit enfin proposé en break ou en diesel, le modèle sortant continuait... Une situation idéale, pour le réseau ! "Elle est belle, hein, ma 605 ? Un 4 cylindres ? Euh... Non, pas encore. Mais si vous voulez, je vous propose... La 505 ! Un modèle lancé il y a 11 ans, complètement obsolète et qui sera une galère à revendre. Tentant, hein ?" Remarquez, longtemps après, Fiat a bien commercialisé des Punto Classic et Panda Classic. Il fallait souquer fermer pour les écouler...

Maintenant, c'est fini. Le déploiement se fait dans les 18 mois. De toute façon, à 30-36 mois, c'est le lifting de mi-vie et à 48 mois, la remplaçante se balade sans camouflage. Alors pas de correctif, pas de "back to the drawing board". On lance des voitures à la chaine et dès la pré-série, l'équipe projet s'étiole comme peau de chagrin...

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