Joest en dédicace

Première séance de dédicace pour mon livre Les voitures Chinoises. C'était au Auchan près de chez moi. D'autres sont programmées.

Ils avaient fait ça bien, avec un poster... C'était la première fois que je voyais mon nom écrit en aussi grand !

Quand j'ai reçu le carton de livres, j'ai pensé au film Inside Llewyn Davis. Dans ce film, on voit des chanteurs tentant désespérément de percer et ils se retrouvent avec des cartons de disques invendus. Cartons qui sont autant de boulets pour ces gens toujours sur la route... Et puis surtout, cet impresario qui dit au personnage principal, après l'avoir écouté chanter : "I don't see any money in that."

I don't see any money in that... C'est ce que m'ont dit les éditeurs à qui j'ai présenté mon synopsis. Quand vous avez un projet ambitieux, vous tomberez forcément sur des gens sceptiques, voire qui essayerons de démolir votre idée. Parfois, cette personne dubitative, ce sera vous ! Au pire, vous aurez essayé. Il n'y a que les gens qui ne tentent jamais rien, qui n'échouent jamais ! Je me doute bien que Les voitures Chinoises ne sera jamais un best-seller. Mais qu'est-ce qui est mieux ? Avoir un carton d'invendus, comme dans Inside Llewyn Davis ? Ou bien être aigri et passer son temps à ressasser tous les trucs que l'on n'a pas osé faire ?

Et ne vous inquiétez pas pour moi, le carton, il est plus léger, maintenant...

Qu'est-ce qu'un hypermarché ? Ce sont des milliers d'emballages, d'affichettes, d'étiquettes, etc. Qui disent "achète-moi". Ils cherchent tous à attirer votre intention. Sauf que vous êtes blasés et que vous les remarquez à peine. Et puis là, j'étais dans l'entrée. C'est un tunnel. Vous venez de prendre votre caddie, vous avez une longue liste de course, les enfants sont excités, vous avez des gens derrière vous qui arrivent, alors vous filez vers l'allée centrale, qui est plus large et plus lumineuse ! Il y avait des gens qui avaient tellement la tête dans le guidon qu'ils se payaient la table de dédicace !
Sauf que j'ai une arme secrète... Unilever, Mondelez et Coca-Cola peuvent se rhabiller ! J'en ai passé du temps, sur cette couverture de livre... Alain Langlois, le maquettiste, a du faire trois versions successives. Ying Yang m'a proposé huit polices de caractères. Mais le résultat est là... Notre client d'hypermarché, il voit du rouge, donc ça attire son regard. Il voit cette grosse voiture ancienne et des caractères chinois au-dessus... Là, c'est un message d'erreur. Caractères chinois + nourriture = ok. Caractères chinois + gadget = ok. Mais des caractères chinois avec une voiture ancienne, là, c'est de l'inconnu. Et je pouvais lire l'étonnement sur les visages des gens. Il y en avait même qui avaient fait quelques pas et qui remontaient le flot des clients (on était un samedi, imaginez cette espère de torrent humain...) pour revenir à mon stand. J'ai vu défiler des gens de tous âges, de tous les milieux et de toutes origines ethniques. Ils étaient curieux de voir cette histoire de voitures chinoises. Y compris des gens qui ne s'intéressaient pas aux voitures. Y compris des gens qui n'achetaient jamais de livre. Je les ai hameçonnés en utilisant à fond le ressort de l'exotisme. "I don't see any money in that". Moi, à la fin de la journée, je l'ai vu, l'argent dans mes poches !