Rétromobile 2018 : 17. la Quick Super

Un de mes genres préférés de voitures, ce sont les "belles Américaines", ces péniches produites de l'immédiat après-guerre, jusqu'aux années 70. Ces voitures respirent une opulence, une foi en l'avenir, une insouciance et une certaine naïveté... Regardez ces chromes ! La guerre entre les Etats-Unis et l'URSS était également idéologique. La voiture était un des instruments de propagande : "Capitalisme oppresseur ? Chez nous, les ouvriers, ils roulent dans des voitures aux couleurs de crèmes glacées. T'as vu des voitures, à Moscou ? On est d'accord." Tout le monde enviait les Etats-Unis. Dans leurs rêves maudits, les plus orthodoxes des communistes se voyaient à Hollywood, avec Maryline Monroe ou Ava Gardner, au volant d'une voiture immense, puis regardant Elvis à la TV... Pas facile de lutter avec ça ! Les luttes des noirs, dans les années 60, donnèrent du grain à moudre aux "rouges". Je me souviens, en terminale, lorsque le prof de philo avait osé dire du bien des Etats-Unis, Florence, militante communiste depuis plusieurs générations, lui rétorqua : "Tout cela, ce n'est qu'un mensonge ! Le capitalisme yankee opprime les minorités et les pauvres. Il suffit de voir la situation des noirs..." Quelqu'un lui coupa la parôle, imitant la voix d'Arlette Laguiller, dans Les Guignols : "Travailleurs, travailleuses, on vous ment, on vous spolie..." Il n'empêche que la diatribe de Florence sentait la leçon apprise par chœur...
Cette Buick de 1955 me fait également penser à La Quick Super, une histoire de Spirou et Fantasio, groupée avec Les pirates du silence. C'était mon tout premier album de Spirou.
Elle débute par un essai de Buick Super (renommée "Quick Super") par les deux journalistes, pour le compte du Journal de Spirou. Car à l'époque, il y avait effectivement des essais de voitures dans Spirou et dans Tintin ! Rétrospectivement, ça semble idiot : ces journaux avaient un lectorat enfantin et plutôt ouvrier. Or, les essais portaient plutôt sur des grosses cylindrées. Et en prime, souvent, ils étaient illustrés par des dessins et non des photos. C'est dire l'amateurisme des services presse des constructeurs de l'époque... Au moins, on en a tiré les fameuses Chroniques de Starter...

Du reste, ce n'était pas mon histoire préférée de Spirou. Ni Les pirates du silence, d'ailleurs. Certes, Franquin y a (bien) dessiné beaucoup de voitures. A l'époque, les histoires devaient s'enchainer. D'où une qualité inégale, surtout après un très créatif Le repaire de la murène et avant Le gorille a bonne mine, pour lequel Franquin s'était beaucoup documenté sur le Congo. On était en 1959, 4 ans après l'apparition de Gaston Lagaffe. Franquin commençait-il à se sentir à l'étroit avec ce Spirou, dont il n'était qu'un des dessinateurs (alors que Gaston était sa propre création) ?

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