Rétromobile 2018 : 24. Lamborghini Polo Storico

J'adore les Lamborghini, a fortiori la Countach. C'est une provocation. Ce n'est pas une voiture qui rassurera votre entourage ! C'est une maitresse folle. Vous finirez ruiné, mort dans un accident grave... Ou les deux !
Celle-ci est une LP400 de 1976, en cours de restauration.  Posée sur un bâti, on dirait une sculpture. A la limite, le propriétaire devrait la laisser comme ça et l'exposer dans son salon... En terme d'expression artistique, cela vaut bien 1 000 créations de Jeff Koons !

Après, 1976, cela correspond aux pires années, lorsque Ferruccio Lamborghini venait de vendre ses dernières parts à Georges-Henri Rossetti et René Leimer... Qui firent faillite peu après. La réputation de ces voitures fabriquées entre deux dépôts de bilan n'était terrible... J'imagine que lorsque les ouvriers l'ont mis sur le pont élévateur, ça devait être le musée des horreurs...
Ainsi, comme tout le monde, Lamborghini lance son service "restauration", le Polo Storico. Cette Miura P400 de 1967 sert à montrer le savoir-faire de l'entité.

Moi qui suis un éternel sceptique. Je suis dubitatif sur le modèle économique et l'intérêt pour les propriétaires. Si tous les constructeurs font cela, c'est parce qu'il y a un marché de propriétaires d'anciennes qui ne veulent pas mettre les mains dans le cambouis. Ils sont prêt à mettre les moyens, pourvu qu'au premier tour de clef, elle démarre. Et accessoirement, c'est très bon pour l'image. Je prends les pari : d'ici un an, Alpine aura à son tour sa filiale classique.
Le premier souci, c'est la qualité du travail. Il existe déjà quantité d'ateliers spécialisés et très compétents. A contrario, certains constructeurs veulent aller vite, pour accueillir davantage de véhicules, quitte à bâcler le boulot. Et certains jeunes ouvriers n'ont pas forcément eu de formation préalable...
Le second souci, ce sont les volumes. Avec plusieurs centaines de milliers de véhicules en circulation, Porsche n'a aucun problème à faire vivre Porsche Classic. Il peut même s'offrir des filiales régionales. Mais Lamborghini, par contre... Depuis sa création, il y a 55 ans, la firme au taureau a produit environ 30 000 voitures, dont la moitié ces dix dernières années. Enlevez-y les Islero, Jalpa, Silhouette et autres Urraco, complètement boudées par les collectionneurs. Puis il faut ensuite enlever les voitures détruites ou irrémédiablement corrodées. Ce qui vous laisse un marché de quelques milliers de voitures. Et encore, est-ce qu'un Américain ou un Japonais va envoyer sa Lamborghini en Italie ? Qui plus est, le constructeur a connu une myriade de propriétaires. Pas sûr que Volkswagen dispose de toutes les archives...

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