Rétromobile 2018 : 14. Porsche 959

Passons chez Porsche. Contrairement à Peugeot et Citroën-DS, ils ont pensé à payer leur facture d'électricité !

La voiture qui m'a marqué, sur le stand officiel du constructeur, c'est la 959. Je crois que c'est la première fois que j'en vois une en vrai. Jusqu'ici, je ne connaissais que les Bburago !
J'ai pas mal d'ouvrages sur Porsche... Et aucun n'est d'accord sur la 959 ! Au salon de Francfort 1983, le constructeur dévoilait le concept-car Gruppe B. Comme son nom l'indiquait, elle était destiné au championnat du monde de rallye, où la 911 SC était complètement dépassée. Elle reposait sur une cellule centrale de 911, avec une carrosserie composite très futuriste et équipée du 6 cylindres biturbo refroidi par eau de la 956 (réalésé à 2,8l, mais dégonflé à 400ch) avec une inédite boite à 6 rapports (à une époque où nombre de citadines n'avaient que 4 rapports) et surtout, une transmission intégrale. Une vraie 935 de route !
Ensuite, Porsche prit son temps. La 961, son dérivé course apparu en IMSA en 1985. Cette même année, elle disputa le Paris-Dakar. La 961 de raid disposait d'un bloc de 911 SC descendu à 2,8l, mais poussé à 450ch. Une solution qui préfigurait la 959 de route.
Finalement, en 1987, la 959 apparu enfin, avec un 2,8l turbo 450ch (à refroidissement par air.) Porsche a néanmoins gardé le Motronic Bosch de la 956, la boite six vitesses et la transmission intégrale. Côté carrosserie, les portes étaient en aluminium, les boucliers en plastique et le reste, en matériaux composites. Malgré un tarif astronomique de 1 780 000frs (soit le prix de deux Countach LP 500 !), les clients se bousculèrent. La Fia imposait 200 exemplaires (de toute façon le Groupe B avait disparu entre temps) et Porsche aurait écoulé 283 voitures. Notons que le constructeur annonçait 300km/h en pointe. Un chiffre symbolique, sur lesquels Aston Martin (avec la Vantage Zagato) et Ferrari avaient buté (malgré un 305km/h annoncé sur la 288 GTO.) L'Auto-Journal emmena la 959 à Montlhéry, où elle roula à 317km/h ! Ainsi, le constructeur avait été timide...
Depuis, Porsche a reconnu que la 959 fut un cauchemar technique et financier. Mais on retrouva nombre d'éléments et de solutions techniques sur les 964 et 993...
L'autre voiture qui m'a marqué, c'est cette 911 2.5 S/T de 1972. Louis Meznarie a été un grand préparateur dans les années 60-70. Pilote moto sur NSU, il ouvrit une concession de la marque allemande. Lorsque NSU passa au voitures, Meznarie fit de même. Il fut célèbre pour ses préparations rallyes pour TT/TTS. A la fin des années 60, il sentait que NSU tournait au vinaigre, avec le rachat par Volkswagen et l'attelage à Audi. Alors, il se diversifia dans les 911 S.

En 1972, Porsche créa une nouvelle évolution compétition de la 911 S, réalésée à 2,5l (d'où son nom de 2.5 S/T.) Un moyen de patienter avant la Carrera RS... Mike Keyser courrait aux USA avec une 911 S. La voiture fut accidentée et pour 1972, il s'offrit une 2.5 S/T. Objectif : Le Mans. Porsche lui assigna le tout jeune Jürgen Barth. Ensemble, il coururent à Daytona.
En vue de la Sarthe, la voiture fit un tour chez Meznarie. Sylvain Garant, qui avait déjà piloté au Mans avec Barth, rejoignit Keyser et Barth. Pour payer le voyage, l'Américain se fit filmer lors de son aventure mancelle (un genre de reality show avant l'heure.) Lors des 24 heures du Mans 1972, les 911 tombèrent comme des mouches et la voiture du "Toad Hall Racing", seule rescapée, remporta la catégorie GT. Keyser fit commenté son film par Vic Elford et Mario Andretti. Ca donna Speed merchant, qui fit un carton, un an après Le Mans.
En 1973, Porsche lança la Carrera RS (et son dérivé course, la Carrera RSR.) Keyser revendit sa 911 2.5 S/T, ainsi que la 911S  pour s'en offrir une. Il couru jusqu'au début des années 80 avec diverses voitures. Meznarie, lui, il n'a pas su prendre le virage de la professionnalisation. C'était un mécano, pas un chef d'entreprise. Il n'avait pas vocation à avoir vingt personnes sous sa responsabilité et à recruter un commercial pour démarcher des sponsors.

Il y a quelques années, un collectionneur Américain trouva une 911 dans une casse. D'après le numéro de châssis, c'était la Toad Hall Racing du Mans 1972. La voiture avait été accidentée, mal réparée et les pièces saines avaient été dépouillées.
Personnellement, je me méfie énormément des voitures "retrouvées". Il y a des voitures dont on sait qu'elles sont actuellement dans telle zone géographique. Il y a des voitures qui rouille dans un coin et dont on se doute qu'elle aurait un passé prestigieux. Mais le style "je me promenais et j'ai vu une voiture qui s'avérait être un exemplaire disparu depuis longtemps..." Ca, c'est de l'histoire pour touristes ! C'est comme l'histoire du Van Gogh qui n'existait dans aucun catalogue, retrouvé entre deux cartons lors d'une succession... La 911 a fêté son millionième exemplaire en mai dernier. C'est une voiture extrêmement répandue et depuis peu, la côte des voitures à refroidissement par air flambent.
Donc, au mieux, entre les réparations et la restauration, seule la structure est encore d'origine. Au pire, C'est juste une 911 lambda qui a été maquillée...

Commentaires

Articles les plus consultés