Rétromobile 2018 : 11. Alpine(s) A442 et A443
J'avais parié qu'Alpine ferait quelque chose pour les 40 ans de la victoire au Mans. C'était l'un des temps forts de Rétromobile 2018 : la réunion des quatre Alpine ayant disputé les 24 heures du Mans 1978 (avec les casques des pilotes !) Dont la "2" victorieuse, que j'ai pu croiser plusieurs fois.
Cette victoire laissa un goût bizarre. D'une part, l'opposition était réduite. Depuis le retrait de Ferrari, Matra, puis Alfa Romeo, le niveau du plateau du championnat du monde d'endurance avait baissé. Porsche menaçait régulièrement de sécher les 24 heures du Mans. Pour 1978, ses seules voitures "usines" étaient deux 936 (pour Bob Wollek et Jürgen Barth, ainsi que Jacky Ickx et Henri Pescarolo) et une 935 (pour Manfred Schurti et Rolf Stommelen.) Jean Rondeau a lui construit une voiture qu'il partageait avec Bernard Darniche et Jacky Haran. Le reste étant composé de Porsche privées et d'Inaltera (avec lesquelles Rondeau n'avait plus rien à voir.)
Alpine, avec ses quatre voitures, était le seul à jouer le jeu. l'A442, apparue en 1975, était largement fiabilisée. Et côté vitesse, ses poles aux 24 heures du Mans 1976 et 1976, prouvaient qu'il n'y avait rien à craindre.
Et puis, c'était un baroud d'honneur pour Alpine. En 1976, les activités sportives de Gordini, d'Alpine et d'Elf-Switzerland avaient été regroupées à Viry-Chatillon, sous l'enseigne Renault Sport. Alpine tenta un lobbying, mais la F1 fut badgée Renault. C'était le début de la fin pour l'artisan Dieppois. Qui plus est, la F1 demandait toujours plus de place. La RS01 débuta en 1977 avec un programme à temps partiel. En 1978, Jean-Pierre Jabouille pu disputer une saison complète et le programme F2 de Elf-Switzerland fut sacrifié. Renault Sport avait encore besoin de retour sur le turbo. Mais pour 1979, l'équipe allait engager une seconde voiture pour René Arnoux ; il n'y aurait plus d'autre gros programme circuit. Les 24 heures du Mans 1978 furent donc la dernière course d'Alpine (jusqu'à la coupe monotype, au milieu des années 80.)
La "3" est un châssis construit en 1976. Deux ans plus tard, elle évolua et pris le nom d'A442 A. Derek Bell (exceptionnellement infidèle à Porsche) et Jean-Pierre Jarier s'en partagèrent le volant. On l'a oublié mais Jarier fut aussi un pilote d'endurance, qui avait fait parti de l'équipe Matra. La voiture pointa longtemps au 2e rang. Mais le différentiel céda.
La "4" était un châssis neuf, bien qu'elle s'appelait également A442 A. C'était théoriquement une voiture privée, engagée par Calberson. Elle était confié à Guy Fréquelin et Jean Ragnotti, deux noms qui évoquent davantage le rallye. D'ailleurs, leurs casques unis trahissent leur habitude des habitacles fermés... Pourtant, le "grizzly" avait déjà trois 24 heures du Mans dans les dents (et il allait piloter dans la Sarthe jusqu'en 1982, avec WM.) Quant à "Jeannot", on a déjà raconté ses aventures sur circuits. Il avait déjà disputé deux fois les 24 heures du Mans et lui aussi fréquentera la Sarthe jusqu'en 1982 (avec Rondeau.)
La "4", c'était un peu Le Cid : partis à deux, ils arrivèrent à quatre 24 heures plus tard ! José Dolhem, inscrit sur une Porsche 934, disputa la course avec les deux rallymen. Et après l'abandon de sa voiture, Jabouille se joignit à eux. Elle termina 4e.
La "1" était une inédite A443. Ce fut sa seule course. Au volant, deux fidèles d'entre les fidèles : Jean-Pierre Jabouille, le pilote Renault F1 et Patrick Depailler, présent chez Alpine depuis le temps des A210... Ca aurait été le casting idéal pour le service marketing.
La "1" fut d'abord 3e, derrière les futurs vainqueurs et Jarier-Bell. Puis elle prit les commandes à la mi-course. Les deux pilotes de F1 étaient en tête au petit matin... Mais le moteur les trahis. Jabouille rejoignit alors les rallymen sur la "4".
La "2" était aussi un châssis de 1976 ; elle avait décroché la pole en 1977. Renommée A442 B, elle était confiée à un équipage improbable : Jean-Pierre Jaussaud et Didier Pironi. D'un côté, le doyen de la troupe, ex-futur pilote de F1. Un père tranquille de l'ancienne génération, qui approchait la fin de carrière. De l'autre, le benjamin de la troupe, ultra-ambitieux. Un pilote qui avait intégré les codes de l'ère sponsoring, où il fallait se montrer cynique et carnassier.
Premier leader de la course, le duo passa derrière Jabouille-Depailler et même derrière Ickx-Barth-Wollek (le Belge les ayant rejoint après l'abandon de sa 936.) La "2" repassa 2e au petit matin. Puis elle prit la tête suite à l'abandon des leaders. Jaussaud et Pironi résistèrent à la 936 et ils s'imposèrent.
Jaussaud récidiva en 1980, avec Rondeau. Pironi, lui, passa chez Porsche en 1979. Puis il couru les 24 heures du Mans 1980 avec une BMW M1 recouverte d'une carte de France sur laquelle était indiquée tous les concessionnaires BMW !
Cette victoire laissa un goût bizarre. D'une part, l'opposition était réduite. Depuis le retrait de Ferrari, Matra, puis Alfa Romeo, le niveau du plateau du championnat du monde d'endurance avait baissé. Porsche menaçait régulièrement de sécher les 24 heures du Mans. Pour 1978, ses seules voitures "usines" étaient deux 936 (pour Bob Wollek et Jürgen Barth, ainsi que Jacky Ickx et Henri Pescarolo) et une 935 (pour Manfred Schurti et Rolf Stommelen.) Jean Rondeau a lui construit une voiture qu'il partageait avec Bernard Darniche et Jacky Haran. Le reste étant composé de Porsche privées et d'Inaltera (avec lesquelles Rondeau n'avait plus rien à voir.)
Alpine, avec ses quatre voitures, était le seul à jouer le jeu. l'A442, apparue en 1975, était largement fiabilisée. Et côté vitesse, ses poles aux 24 heures du Mans 1976 et 1976, prouvaient qu'il n'y avait rien à craindre.
Et puis, c'était un baroud d'honneur pour Alpine. En 1976, les activités sportives de Gordini, d'Alpine et d'Elf-Switzerland avaient été regroupées à Viry-Chatillon, sous l'enseigne Renault Sport. Alpine tenta un lobbying, mais la F1 fut badgée Renault. C'était le début de la fin pour l'artisan Dieppois. Qui plus est, la F1 demandait toujours plus de place. La RS01 débuta en 1977 avec un programme à temps partiel. En 1978, Jean-Pierre Jabouille pu disputer une saison complète et le programme F2 de Elf-Switzerland fut sacrifié. Renault Sport avait encore besoin de retour sur le turbo. Mais pour 1979, l'équipe allait engager une seconde voiture pour René Arnoux ; il n'y aurait plus d'autre gros programme circuit. Les 24 heures du Mans 1978 furent donc la dernière course d'Alpine (jusqu'à la coupe monotype, au milieu des années 80.)
La "3" est un châssis construit en 1976. Deux ans plus tard, elle évolua et pris le nom d'A442 A. Derek Bell (exceptionnellement infidèle à Porsche) et Jean-Pierre Jarier s'en partagèrent le volant. On l'a oublié mais Jarier fut aussi un pilote d'endurance, qui avait fait parti de l'équipe Matra. La voiture pointa longtemps au 2e rang. Mais le différentiel céda.
La "4" était un châssis neuf, bien qu'elle s'appelait également A442 A. C'était théoriquement une voiture privée, engagée par Calberson. Elle était confié à Guy Fréquelin et Jean Ragnotti, deux noms qui évoquent davantage le rallye. D'ailleurs, leurs casques unis trahissent leur habitude des habitacles fermés... Pourtant, le "grizzly" avait déjà trois 24 heures du Mans dans les dents (et il allait piloter dans la Sarthe jusqu'en 1982, avec WM.) Quant à "Jeannot", on a déjà raconté ses aventures sur circuits. Il avait déjà disputé deux fois les 24 heures du Mans et lui aussi fréquentera la Sarthe jusqu'en 1982 (avec Rondeau.)
La "4", c'était un peu Le Cid : partis à deux, ils arrivèrent à quatre 24 heures plus tard ! José Dolhem, inscrit sur une Porsche 934, disputa la course avec les deux rallymen. Et après l'abandon de sa voiture, Jabouille se joignit à eux. Elle termina 4e.
La "1" était une inédite A443. Ce fut sa seule course. Au volant, deux fidèles d'entre les fidèles : Jean-Pierre Jabouille, le pilote Renault F1 et Patrick Depailler, présent chez Alpine depuis le temps des A210... Ca aurait été le casting idéal pour le service marketing.
La "1" fut d'abord 3e, derrière les futurs vainqueurs et Jarier-Bell. Puis elle prit les commandes à la mi-course. Les deux pilotes de F1 étaient en tête au petit matin... Mais le moteur les trahis. Jabouille rejoignit alors les rallymen sur la "4".
La "2" était aussi un châssis de 1976 ; elle avait décroché la pole en 1977. Renommée A442 B, elle était confiée à un équipage improbable : Jean-Pierre Jaussaud et Didier Pironi. D'un côté, le doyen de la troupe, ex-futur pilote de F1. Un père tranquille de l'ancienne génération, qui approchait la fin de carrière. De l'autre, le benjamin de la troupe, ultra-ambitieux. Un pilote qui avait intégré les codes de l'ère sponsoring, où il fallait se montrer cynique et carnassier.
Premier leader de la course, le duo passa derrière Jabouille-Depailler et même derrière Ickx-Barth-Wollek (le Belge les ayant rejoint après l'abandon de sa 936.) La "2" repassa 2e au petit matin. Puis elle prit la tête suite à l'abandon des leaders. Jaussaud et Pironi résistèrent à la 936 et ils s'imposèrent.
Jaussaud récidiva en 1980, avec Rondeau. Pironi, lui, passa chez Porsche en 1979. Puis il couru les 24 heures du Mans 1980 avec une BMW M1 recouverte d'une carte de France sur laquelle était indiquée tous les concessionnaires BMW !
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