Un fameux virage...

Se garer dans Paris, c'est toujours une galère. Au moins, au passage, vous pouvez admirer des voitures intéressantes, comme cette Bentley Arnage. C'était la dernière Rolls-Royce rebadgée (en l'occurrence, une Silver Seraph.) Pendant 50 ans, les Bentley n'étaient que des Rolls-Royce avec une calandre différente. Dans les années 80, la marque avait une image poussiéreuse (plus encore que Rolls-Royce, d'ailleurs.) Pourtant, la Turbo R était intéressante. La Continental R fut un premier effort pour redynamiser la marque. Volkswagen n'a fait que poursuivre ce qui avait été débuté, mais en y mettant les moyens. Les plus jeunes auront du mal à croire que Rolls-Royce et Bentley furent un temps sous le même toit !

Pour autant, les temps des Rolls rebadgées n'est pas à jeter aux oubliettes. Il fait parti de l'histoire de Bentley, au même titre que les succès au Mans.
Rolls-Royce a l'air d'une vieille maison, mais en fait, l'entreprise fut fondée en 1998 ! Et techniquement, ce n'est pas Rolls-Royce qui a vendu Bentley, mais Rolls-Royce qui s'est détaché de Bentley !

Pour comprendre, il faut revenir aux méandres de l'industrie aéronautique Britannique. Dans les années 60, il y a eu une volonté de consolidation des acteurs. Historiquement, Rolls-Royce a d'abord construit des voitures, puis il s'est diversifié dans les moteurs d'avions durant la première guerre mondiale, puis les moteurs marins et enfin, les turbines industrielles (sans oublier le rachat de Bentley.) D'ailleurs, depuis la seconde guerre mondiale, les Rolls-Royce et les Bentley sont produites à Crewe, dans une ex-usine d'avions. En 1960, le gouvernement Britannique força Bristol, Vickers-Armstrong et Hunting Aircraft a former British Aircraft Corporation (BAC.) Bristol revendit ensuite ses activités de motoriste dans l'aéronautique à Rolls-Royce. Du coup, il devint LE fabricant Britannique de réacteurs civils et militaires. Ce projet de consolidation à marche forcée de vieilles entreprises n'ayant rien à voir fut un fiasco. En 1971, Rolls-Royce fit faillite. L'état Britannique accepta de l'aider, à condition qu'il revende sa division automobile (qui incluait Bentley.) En 1980, Vickers (ex-Vickers-Armstrong) racheta Rolls-Royce Motors, ainsi que Cosworth.
Au début des années 90, le constructeur songeait enfin à remplacer la Silver Spur. Quel moteur lui donner ? GM, Mercedes et BMW furent approchés. BMW proposait son V12 pour la future Silver Seraph et son V8 turbo pour la future Bentley Arnage. En parallèle, BMW proposait un marché à Vickers. Les Allemands disposaient d'une division aéronautique, qu'il souhaitait revendre et en échange, Vickers leur revend Rolls-Royce Motors. En parallèle, BMW a approché Rolls-Royce Plc (les moteurs d'avions, de bateaux et les turbines.) En effet, cette dernière dispose des droits sur le logo "RR" et le fameux Spirit of extasy...
Vickers racheta effectivement la branche aéronautique de BMW, mais en 1998, il revend Rolls-Royce Motors à Volkswagen. Ce fut le début d'un bras de fer. Si Volkswagen possédait Rolls-Royce Motors et l'usine de Crewe. BMW motorisait les Rolls-Royce et les Bentley et surtout, il possédait les droits d'utilisation de Rolls-Royce. Les deux constructeurs finirent par sceller un accord. Volkswagen gardait Bentley et l'usine de Crewe. BMW créa une nouvelle société Rolls-Royce Motors Cars. Durant 5 ans, les Rolls-Royce furent produites à Crewe, le temps pour BMW de bâtir une nouvelle usine et de développer un nouveau modèle. Quant à Volkswagen, charge à lui de développer un nouveau moteur d'ici là. Ainsi, en 2003, Rolls-Royce Motor Cars fit ses valises. La Silver Seraph disparu du catalogue, au profit de la Phantom, produite dans une toute nouvelle usine, à Goodwood.

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