Rétromobile 2020 : 13. Gordini 1938

Sur les stands des assurances Aon, une Gordini de 1938. Christian Huet vient pour présenter son livre et il connait bien cette voiture. Et pour cause, il en est le propriétaire !
Amédée Gordini mériterait bien un biopic. Un artisan à l'ancienne, qui a toujours tiré le diable par la queue et devint célèbre à plus de 60 ans, avec la fameuse R8 Gordini.

Amedeo Gordini est né en Emilie-Romagne, en 1899. A peine sorti du collège, il commença à travailler comme mécanicien auto. Mobilisé pendant la Première Guerre Mondiale, il se maria et eu un fils, Aldo (futur pilote/mécanicien de l'écurie...)
En 1925, il parti pour Paris et devint Amédée. Il emménagea à Suresnes et travailla logiquement comme mécanicien. En 1928, il ouvrit un petit garage et prit un panneau Fiat.  En 1930, c'est avec une Fiat qu'il disputa le Paris-Nice, sa toute première compétition.
En 1934, Enrico Teodore Pigozzi (qui allait bientôt se faire appeler Henri Théodore Pigozzi) créait la SAFAF, qui faisait passer des Fiat pour du made in France. La SAFAF était basé à Suresnes. Pigozzi et Gordini étaient deux émigrés Italiens, du même âge, liés à Fiat et habitant Suresnes. Le courant ne pouvait que passer ! Gordini fut aux premières loges lorsque la SAFAF racheta Donnet et devint Simca. En 1936, avec une Simca-Fiat préparée par ses soins, il remporta le Bol d'or.
En 1937, grâce à Pigozzi, Gordini obtint une Fiat Ballila 508 type 8 (cousine de la Simca 8.) Cette fois-ci, le garagiste voulait la transformer intégralement. Portant le numéro de châssis 823885, ce fut la première vraie Gordini. Pigozzi lui interdit de courir avec, tant qu'il n'a pas présenté la Simca 8 ! Cette dernière fit ses débuts au salon de Paris 1937. La saison était finie et le préparateur-pilote du attendre 1938. Dans l'intervalle, il reçu une seconde voiture (numéro de châssis 803068) à laquelle il donna une carrosserie différente.

Gordini aligna ainsi deux voitures au Bol d'or 1938. 823885 pour lui et 803068 (la voiture du jour) pour Jean Breillet. 24 heures plus tard, ils passent devant le damier dans cet ordre !

Quelques jours plus tard, c'est les 24 heures du Mans. Gordini pilotait cette fois 803068 avec José Scaron (le grand-père de l'écrivain Joseph Macé-Scaron) et Breillet, avec Jean Viale, 823885. Les deux voitures abandonnent. Gordini écuma les épreuves Européennes : 24 heures de Spa, Tourist Trophy (où Breillet remporta sa catégorie)...

Pour 1939, une troisième voiture (810404) fut construite, sans lien stylistique avec les deux autres. Guy Lapchin et Charles Plantivaux triomphèrent dans leur classe, aux 24 heures du Mans.
Puis ce fut la guerre. Une bombe tomba à Suresnes. Miraculeusement, les trois voitures furent épargnées, mais le garage était détruit et Gordini s'installa dans un hôtel particulier du boulevard Victor (en face de l'actuel Hall 1 du Parc des expositions de la Porte de Versailles !)

Amedée Gordini remporta la Coupe du Bois de Boulogne, première épreuve de l'après-guerre, avec la voiture de 1939.
Par la suite, les Gordini s'éloignèrent toujours plus des Simca. Le patron créa une monoplace, qu'il imposa lui-même à Marseille, en 1946. Alors que Delahaye et Talbot-Lago étaient déjà à la dérive, l'écurie Gordini s'imposait comme la structure la plus dynamiques. Des pilotes comme Jean-Pierre Wimille, Maurice Trintignant, Robert Manzon ou Juan-Manuel Fangio se pressaient pour courir chez lui.

Pour les 24 heures du Mans 1949, 803068 et 810404 furent modifiées. Gordini avait dévoilé une 1500 inédite, il roula à tombeau ouvert jusqu'aux Mans, mais manquant la fin des qualifications de quelques minutes. La scène a-t-elle inspiré Luc Besson pour Michel Vaillant ? Les deux vieilles voitures abandonnèrent.
823885 avait été vendue, en 1946, à un privé, qui l'avait lourdement modifiée. Elle disputa l'épreuve avec René Camérano et Viviane Elder, une aviatrice, actrice à l'occasion.

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