Alpine A110 Pure, mon soixante-et-unième essai
Premier essai de l'année 2020 ! Une Alpine A110 Pure. Première fois que je prenais le volant d'une Alpine. Et bien sûr, je ne le regrette pas...
"Va chez Renault Sport et emprunte une Alpine !"
Tout à commencé lors de la remise des prix de l'Alpine Elf Europa Cup. Après avoir vu toutes ces Alpine et discuté avec des pilotes Alpine, ça me titillait, forcément. J'ai avoué à Laurent Hurgon que je n'avais jamais conduit d'A110. Il a cherché à me motiver. Dans son esprit, je n'avais qu'à me bouger pour aller en chercher une !
En fait, psychologiquement, c'était plus compliqué. Vous le savez sans doute, j'ai eu un rôle dans la conception de l'A110. Un rôle minuscule et très bref. Mais qui m'avait néanmoins permis d'admirer la maquette de l'A110 "CAR". J'étais resté en contact avec madame Bellecuisse. Presque tous les jours, pendant deux ans, elle me fit des rapports sur le développement de la voiture, les problématiques, les futurs développements...
Je ne suis pas d'accord avec Bernard Ollivier ; sa chronologie ne colle pas. J'imagine qu'il a voulu faire un récit politiquement correct, donnant le beau rôles aux deux Carlos, ses anciens patrons.
Quelques années plus tard, l'Alpine A110 passait du conditionnel au futur simple, puis au présent de l'indicatif.
Le hasard de la vie professionnelle a voulu que j'assiste à la construction, puis à l'ouverture du show-room Alpine, à Boulogne.
Avoir assisté à la naissance de l'A110, même si, encore une fois, je n'ai eu qu'un tout petit rôle, ça reste l'une des grandes fiertés de ma vie. Car l'A110 et la renaissance d'Alpine, c'est un nouveau chapitre de l'automobile Française. Une voiture dont on parlera toujours dans 30 ans.
On dit qu'il ne faut pas regarder les cuisines d'un restaurant avant d'y avoir mangé. Là, pendant 2 ans, j'étais dans les cuisines d'Alpine... J'avais peur que si je la conduisais, je n'en verrai que les mauvais points...
Mais Laurent Hurgon m'a motivé. J'ai envoyé un mail un peu au hasard et me voilà au volant d'une A110...
Présentation
Moteur central arrière, roues arrières motrices, châssis inédit en aluminium, 2 places... L'A110 est très radicale.
On a longtemps cru qu'une voiture de sport se devait d'être polyvalente. Mais à vouloir désespérément plaire à tout le monde, on finit par ne convenir à personne. Le mérite de la Wind a été de montrer ce qu'il ne fallait pas faire. L'A110 devait être l'antithèse de la Wind. L'automobile est segmentée. Le fana a vu Le Mans 66 et il rêve d'aller sur le Nürburgring. Il veut une voiture exclusive, sans compromis, dans le seul but de s'amuser le week-end. La semaine, il prend le métro ; il n'a pas besoin d'une daily.
L'A110 est parfaitement dans l'air du temps.
Le nom et la ligne de l'A110 sont un renvoi direct au modèle des années 60-70. Renault et Alpine ont fait le choix du conservatisme. Comme un musicien qui repart en tournée après de longues années et reprend ses vieux tubes.
Le concept est cohérent pour un retour. Et pour qui a vu l'A110 "CAR", la mouture 2018 est très belle ! Plus sérieusement, basse et racée, l'A110 est très belle.
Mais Alpine, ce n'est pas que l'A110. Les A310/GT/A610 ont également entretenue la flamme, sans oublier l'A106, la GT4, les modèles de compétitions... J'espère qu'à l'avenir, Alpine saura dépasser l'A110.
Intérieur
Avec 1,25m sous la toise, on ne "monte" pas à bord : on "descend" à bord ! Le baquet Sabelt avec sellerie cuir est bien enveloppant. On est quasiment allongé et au ras du sol. Face à nous, un petit volant avec un "0" marqué d'une lanière de cuir. Aucun doute : on est à bord d'une voiture faite pour l'arsouille !
C'est bas, mais on a de l'espace, y compris pour les grands gabarits. Et les grandes surfaces vitrées rajoutent à l'impression d'espace. Du reste, rien à redire sur l'ergonomie ; tout tombe sous la main.
Côté équipement, évidemment, cette Pure d'entrée de gamme est chichement dotée. Mais après tout, on n'est pas là pour rouler dans un nid douillet !
Notez la présence du drapeau français sur le montant B et à bord, sur les compteurs. Sauf erreur, c'est une première sur une voiture de sport tricolore récente. Après tout, les Britanniques et les Italiens emploient régulièrement leurs drapeaux respectifs comme symboles sportifs, alors pourquoi les Français ne feraient-ils pas de même.
Au volant
L'Alpine A110 aurait du naitre avec le 1,6l turbo 200ch de la Clio IV RS, puis passer ensuite à une évolution "S" 1,8l turbo 250ch. Comme le lancement fut retardé, l'Alpine reçu d'emblée le 250ch (qui délivre en fait 252ch.) Puis, en 2019, il y eu la version "S" avec cette fois 282ch. La notion de version de base est donc toute relative.
Officiellement, le châssis en aluminium est un héritage des fiançailles avec Caterham. Mais si c'est le cas, pourquoi l'artisan s'était-il offert une PME spécialiste du carbone (renommée Caterham Composites) ? Quoi qu'il en soit, avec 1,1t sur la balance et 4,5 secondes pour atteindre 100km/h, ça décoiffe ! Les 320Nm de couple sont disponibles de 2000tr/min à 5000tr/min.
En ville, basse et agile, elle se faufile. Le radar de recul et la "vue d'oiseau" éliminent quasiment les angles morts.
Je n'aime pas trop les gadgets électroniques. Ca commence par la boite entièrement automatisée et puis, il y a ce bruit pas du tout réaliste pour un 4 cylindres turbo...
Le gros, le très gros "+", c'est le châssis. La dernière Renault sportive à moteur dans le coffre, c'était la Clio V6. Claude Fior et Tom Walkinshaw ne sont plus de ce monde. Renault Sport n'avait aucune expérience en interne. Pourtant, l'A110 est très stable. J'ai cherché à la piéger (comme ici, en accélérant un peu fort sur une terre un peu boueuse), mais les roues arrières restent derrière ! En utilisation "tonique", aucune surprise. Après, forcément, en mode "track", sur le mouillé, c'est une autre paire de manche... En attendant, c'est un vrai plaisir d'enchainer les virages à son volant, sur les petites routes...
La rançon de ce châssis monté sur rails, ce sont des suspensions en noyau de pèche.
Conclusion
Au risque de me répéter, Alpine s'est jeté à l'eau avec zéro expérience. L'A110 a quelques défauts de jeunesse et le constructeur corrigera sans doute le tir dès le lifting.
L'A110, c'est une voiture pour le week-end. Pour les journées circuits ou les balades. A 55 800€ (NDLA : 144g de CO2), cette version Pure 252ch aura de quoi rassasier le novice. Surtout, elle pardonne beaucoup.
Avec environ 8l aux 100km en consommation stabilisée, 2 places et 2 coffrets lilliputiens (et 0 porte-gobelets !), c'est une piètre voiture pour le quotidien.
L'A110 vise la clientèle d'une Elise ou d'une Caterham. Si l'on souhaite plus de polyvalence, on part soit sur une Allemande, plus confortable, mais avec un gros moteur pour compenser, donc une addition à rallonge. Soit une voiture beaucoup moins performante, mais plus aboutie, comme la Toyota 86.
"Va chez Renault Sport et emprunte une Alpine !"
Tout à commencé lors de la remise des prix de l'Alpine Elf Europa Cup. Après avoir vu toutes ces Alpine et discuté avec des pilotes Alpine, ça me titillait, forcément. J'ai avoué à Laurent Hurgon que je n'avais jamais conduit d'A110. Il a cherché à me motiver. Dans son esprit, je n'avais qu'à me bouger pour aller en chercher une !
En fait, psychologiquement, c'était plus compliqué. Vous le savez sans doute, j'ai eu un rôle dans la conception de l'A110. Un rôle minuscule et très bref. Mais qui m'avait néanmoins permis d'admirer la maquette de l'A110 "CAR". J'étais resté en contact avec madame Bellecuisse. Presque tous les jours, pendant deux ans, elle me fit des rapports sur le développement de la voiture, les problématiques, les futurs développements...
Je ne suis pas d'accord avec Bernard Ollivier ; sa chronologie ne colle pas. J'imagine qu'il a voulu faire un récit politiquement correct, donnant le beau rôles aux deux Carlos, ses anciens patrons.
Quelques années plus tard, l'Alpine A110 passait du conditionnel au futur simple, puis au présent de l'indicatif.
Le hasard de la vie professionnelle a voulu que j'assiste à la construction, puis à l'ouverture du show-room Alpine, à Boulogne.
Avoir assisté à la naissance de l'A110, même si, encore une fois, je n'ai eu qu'un tout petit rôle, ça reste l'une des grandes fiertés de ma vie. Car l'A110 et la renaissance d'Alpine, c'est un nouveau chapitre de l'automobile Française. Une voiture dont on parlera toujours dans 30 ans.
On dit qu'il ne faut pas regarder les cuisines d'un restaurant avant d'y avoir mangé. Là, pendant 2 ans, j'étais dans les cuisines d'Alpine... J'avais peur que si je la conduisais, je n'en verrai que les mauvais points...
Mais Laurent Hurgon m'a motivé. J'ai envoyé un mail un peu au hasard et me voilà au volant d'une A110...
Présentation
Moteur central arrière, roues arrières motrices, châssis inédit en aluminium, 2 places... L'A110 est très radicale.
On a longtemps cru qu'une voiture de sport se devait d'être polyvalente. Mais à vouloir désespérément plaire à tout le monde, on finit par ne convenir à personne. Le mérite de la Wind a été de montrer ce qu'il ne fallait pas faire. L'A110 devait être l'antithèse de la Wind. L'automobile est segmentée. Le fana a vu Le Mans 66 et il rêve d'aller sur le Nürburgring. Il veut une voiture exclusive, sans compromis, dans le seul but de s'amuser le week-end. La semaine, il prend le métro ; il n'a pas besoin d'une daily.
L'A110 est parfaitement dans l'air du temps.
Le nom et la ligne de l'A110 sont un renvoi direct au modèle des années 60-70. Renault et Alpine ont fait le choix du conservatisme. Comme un musicien qui repart en tournée après de longues années et reprend ses vieux tubes.
Le concept est cohérent pour un retour. Et pour qui a vu l'A110 "CAR", la mouture 2018 est très belle ! Plus sérieusement, basse et racée, l'A110 est très belle.
Mais Alpine, ce n'est pas que l'A110. Les A310/GT/A610 ont également entretenue la flamme, sans oublier l'A106, la GT4, les modèles de compétitions... J'espère qu'à l'avenir, Alpine saura dépasser l'A110.
Intérieur
Avec 1,25m sous la toise, on ne "monte" pas à bord : on "descend" à bord ! Le baquet Sabelt avec sellerie cuir est bien enveloppant. On est quasiment allongé et au ras du sol. Face à nous, un petit volant avec un "0" marqué d'une lanière de cuir. Aucun doute : on est à bord d'une voiture faite pour l'arsouille !
C'est bas, mais on a de l'espace, y compris pour les grands gabarits. Et les grandes surfaces vitrées rajoutent à l'impression d'espace. Du reste, rien à redire sur l'ergonomie ; tout tombe sous la main.
Côté équipement, évidemment, cette Pure d'entrée de gamme est chichement dotée. Mais après tout, on n'est pas là pour rouler dans un nid douillet !
Notez la présence du drapeau français sur le montant B et à bord, sur les compteurs. Sauf erreur, c'est une première sur une voiture de sport tricolore récente. Après tout, les Britanniques et les Italiens emploient régulièrement leurs drapeaux respectifs comme symboles sportifs, alors pourquoi les Français ne feraient-ils pas de même.
Au volant
L'Alpine A110 aurait du naitre avec le 1,6l turbo 200ch de la Clio IV RS, puis passer ensuite à une évolution "S" 1,8l turbo 250ch. Comme le lancement fut retardé, l'Alpine reçu d'emblée le 250ch (qui délivre en fait 252ch.) Puis, en 2019, il y eu la version "S" avec cette fois 282ch. La notion de version de base est donc toute relative.
Officiellement, le châssis en aluminium est un héritage des fiançailles avec Caterham. Mais si c'est le cas, pourquoi l'artisan s'était-il offert une PME spécialiste du carbone (renommée Caterham Composites) ? Quoi qu'il en soit, avec 1,1t sur la balance et 4,5 secondes pour atteindre 100km/h, ça décoiffe ! Les 320Nm de couple sont disponibles de 2000tr/min à 5000tr/min.
En ville, basse et agile, elle se faufile. Le radar de recul et la "vue d'oiseau" éliminent quasiment les angles morts.
Je n'aime pas trop les gadgets électroniques. Ca commence par la boite entièrement automatisée et puis, il y a ce bruit pas du tout réaliste pour un 4 cylindres turbo...
Le gros, le très gros "+", c'est le châssis. La dernière Renault sportive à moteur dans le coffre, c'était la Clio V6. Claude Fior et Tom Walkinshaw ne sont plus de ce monde. Renault Sport n'avait aucune expérience en interne. Pourtant, l'A110 est très stable. J'ai cherché à la piéger (comme ici, en accélérant un peu fort sur une terre un peu boueuse), mais les roues arrières restent derrière ! En utilisation "tonique", aucune surprise. Après, forcément, en mode "track", sur le mouillé, c'est une autre paire de manche... En attendant, c'est un vrai plaisir d'enchainer les virages à son volant, sur les petites routes...
La rançon de ce châssis monté sur rails, ce sont des suspensions en noyau de pèche.
Conclusion
Au risque de me répéter, Alpine s'est jeté à l'eau avec zéro expérience. L'A110 a quelques défauts de jeunesse et le constructeur corrigera sans doute le tir dès le lifting.
L'A110, c'est une voiture pour le week-end. Pour les journées circuits ou les balades. A 55 800€ (NDLA : 144g de CO2), cette version Pure 252ch aura de quoi rassasier le novice. Surtout, elle pardonne beaucoup.
Avec environ 8l aux 100km en consommation stabilisée, 2 places et 2 coffrets lilliputiens (et 0 porte-gobelets !), c'est une piètre voiture pour le quotidien.
L'A110 vise la clientèle d'une Elise ou d'une Caterham. Si l'on souhaite plus de polyvalence, on part soit sur une Allemande, plus confortable, mais avec un gros moteur pour compenser, donc une addition à rallonge. Soit une voiture beaucoup moins performante, mais plus aboutie, comme la Toyota 86.
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