Rétromobile 2020 : 8. Mercedes-Benz 540K
A l'instar de la Ford Thunderbird, la Mercedes-Benz 540K a été très prisée de l'industrie du jouet. Du coup, à force de la voir partout, les gens saturaient et leurs propriétaires ne les sortaient plus.
Aujourd'hui, c'est bien de la (re)découvrir.
Au salon de Berlin 1934, Mercedes-Benz dévoilait une évolution cabriolet, équipée d'un compresseur, de la vieille berline W08. La version 8 cylindres 5,0l de la W08 s'appelant 500, cette version sportive prit le nom de 500K.
Au salon de Paris 1936, la 500K évolua en 540K. Le style était du à Friedrich Geiger (futur "père" de la 300SL "papillon".) Comme son nom l'indique, elle était équipée d'un 5,4l double-carburateur à compresseur, de quoi développer 180ch et atteindre 170km/h.
La 540K était l'ancêtre des supercars. Mercedes-Benz produisit trois coupés profilés, surnommés "Autobahn kurier", un nom bientôt attribué aux 540K (et rétrospectivement, aux 500K.) C'était avant tout, un outil de propagande hitlérienne : l’opulente voiture filant sur les autoroutes fraichement construites ; elle était loin, l'Allemagne misérable de la république de Weimar ! C'est pour cela aussi, que la firme à l'étoile la présenta à Paris, afin de défier sur leurs terres Bugatti, Delahaye, Delage et Talbot-Lago (alors rois des voitures hautes performances.)
Mercedes-Benz avait prévu une 580K pour 1940. Le conflit en stoppa le développement, alors qu'un prototype fut construit.
A l'époque, Mercedes-Benz exportait très peu. La plupart des 540K furent attribuées à des officiers SS comme voitures de fonction. Les SS recevaient également yachts, manoirs, tableaux de maitre et même parfois, avions. Une opulence à rendre jaloux un rapeur de la côte ouest ! La SS recrutait parmi la haute-bourgeoisie et l'ancienne aristocratie impériale. Ce n'est pas vraiment l'image (diffusée après 1945) du chômeur désœuvrée qui a mal tourné... Ribbentrop, l'ex-VRP en champagnes, était l'exception -et il était moqué par les autres-. Tout cela, Mark Felton en parle mieux que moi (même s'il a tendance à oublier que tout ces hommes ont des hectolitres de sang sur les mains.)
J'avais donc prévu d'écrire un paragraphe sur la SS. Afin de savoir à quel criminel de guerre elle a appartenu, j'ai tapé sur Google son numéro de châssis, 154081... Et je suis tombé sur le maharadja d'Indore !
Ainsi, cette 540K fut l'une des très rares exportations de la marque. En 1937, elle a directement quitté Sindelfingen pour l'Inde, sans véhiculer de sinistre individus.
Les conquérants du XVe, du XVIe et du XVIIIe siècle voulaient éliminer les élites indigènes. Dans une stratégie de sabordage des sociétés des territoires conquis. Les colons du XVIIIe et du XIXe siècle furent beaucoup plus subtils. Les aristocrates et les chefferies locales avaient un pouvoir politiques et parfois religieux sur leurs ouailles. La critique était souvent taboue. En faisant de ces roitelets des suzerains, les colons s'assuraient une pax romana. C'était d'autant plus vrai dans le sous-continent Indien, très structuré.
Les maharadja étaient choyés par Londres. En 2014, Rétromobile avait d'ailleurs exposés leurs anciennes voitures.
Yeshwant Rao Holkar II, le maharadja d'Indore faisait parti de cette élite. Son palais du Madhya Pradesh. Yashwant Rao Holkar II devint maharadja à 21 ans, en 1926. Son père n'avait pas supporté que sa maitresse le quitte pour un autre et il commandita l'assassina du couple (seul l'homme mourut.) Reconnu coupable, le père du abdiquer. Le fils reçu une éducation oxfordienne, puis il acheta un château à Saint-Germain-en-Laye, se rendit à Londres pour assister au couronnement de George V, vécu à Los Angeles avec sa troisième épouse (une Américaine), puis au Nations Unies, à New York et mourut à Bombay (Mumbai.)
Le père du maharadja avait créé une voie ferré à Indore. Le fils construisit un hôpital et mis en place une liaison aérienne avec Bombay. Despote éclairé, il s'entoura d'un premier ministre et d'un mini-cabinet.
Sachez qu'à 16 ans, on l'avait marié à Shrimant Akhand Sahib Soubhagyavati Sanyogita Bai Holkar, qui avait alors... 9 ans. Ils partirent ensemble à Oxford et 9 ans plus tard, en 1933, elle lui donna une fille, Usha Devi Holkar.
Yeshwant Rao Holkar II avait malgré tout une image de maharadja moderne et occidentalisé. Il était cité en exemple par les Britanniques.
S'appuyer sur les autorités coutumières, fut a priori une bonne idée. Mais dans les années 20, dans les colonies d'Afrique et d'Asie, une nouvelle élite apparaissait : industriels, fonctionnaires, intellectuels... Avec elle, les colonisés se mirent à rêver de république. Les chefs traditionnels furent donc jetés avec l'eau du bain colonial.
C'est ce qui se passa en Inde. En 1947, le pays devint indépendant. Yeshwant Rao Holkar II tenta de se rapprocher des nouveaux souverains. Mais en 1948, la monarchie fut abolie. Le maharadja d'Indore n'avait plus qu'une valeur symbolique.
En 1961, Yeshwant Rao Holkar II mourut. Ses deux enfants se battirent pour son héritage, laissant son palais à l'abandon. La 540K, elle, fut oublié dans un garage de Bombay. Un collectionneur Britannique la découvrit là, en triste état, à la fin des années 70. Elle fut restaurée et passa de mains en mains, jusqu'à aujourd'hui.
Aujourd'hui, c'est bien de la (re)découvrir.
Au salon de Berlin 1934, Mercedes-Benz dévoilait une évolution cabriolet, équipée d'un compresseur, de la vieille berline W08. La version 8 cylindres 5,0l de la W08 s'appelant 500, cette version sportive prit le nom de 500K.
Au salon de Paris 1936, la 500K évolua en 540K. Le style était du à Friedrich Geiger (futur "père" de la 300SL "papillon".) Comme son nom l'indique, elle était équipée d'un 5,4l double-carburateur à compresseur, de quoi développer 180ch et atteindre 170km/h.
La 540K était l'ancêtre des supercars. Mercedes-Benz produisit trois coupés profilés, surnommés "Autobahn kurier", un nom bientôt attribué aux 540K (et rétrospectivement, aux 500K.) C'était avant tout, un outil de propagande hitlérienne : l’opulente voiture filant sur les autoroutes fraichement construites ; elle était loin, l'Allemagne misérable de la république de Weimar ! C'est pour cela aussi, que la firme à l'étoile la présenta à Paris, afin de défier sur leurs terres Bugatti, Delahaye, Delage et Talbot-Lago (alors rois des voitures hautes performances.)
Mercedes-Benz avait prévu une 580K pour 1940. Le conflit en stoppa le développement, alors qu'un prototype fut construit.
A l'époque, Mercedes-Benz exportait très peu. La plupart des 540K furent attribuées à des officiers SS comme voitures de fonction. Les SS recevaient également yachts, manoirs, tableaux de maitre et même parfois, avions. Une opulence à rendre jaloux un rapeur de la côte ouest ! La SS recrutait parmi la haute-bourgeoisie et l'ancienne aristocratie impériale. Ce n'est pas vraiment l'image (diffusée après 1945) du chômeur désœuvrée qui a mal tourné... Ribbentrop, l'ex-VRP en champagnes, était l'exception -et il était moqué par les autres-. Tout cela, Mark Felton en parle mieux que moi (même s'il a tendance à oublier que tout ces hommes ont des hectolitres de sang sur les mains.)
J'avais donc prévu d'écrire un paragraphe sur la SS. Afin de savoir à quel criminel de guerre elle a appartenu, j'ai tapé sur Google son numéro de châssis, 154081... Et je suis tombé sur le maharadja d'Indore !
Ainsi, cette 540K fut l'une des très rares exportations de la marque. En 1937, elle a directement quitté Sindelfingen pour l'Inde, sans véhiculer de sinistre individus.
Les conquérants du XVe, du XVIe et du XVIIIe siècle voulaient éliminer les élites indigènes. Dans une stratégie de sabordage des sociétés des territoires conquis. Les colons du XVIIIe et du XIXe siècle furent beaucoup plus subtils. Les aristocrates et les chefferies locales avaient un pouvoir politiques et parfois religieux sur leurs ouailles. La critique était souvent taboue. En faisant de ces roitelets des suzerains, les colons s'assuraient une pax romana. C'était d'autant plus vrai dans le sous-continent Indien, très structuré.
Les maharadja étaient choyés par Londres. En 2014, Rétromobile avait d'ailleurs exposés leurs anciennes voitures.
Yeshwant Rao Holkar II, le maharadja d'Indore faisait parti de cette élite. Son palais du Madhya Pradesh. Yashwant Rao Holkar II devint maharadja à 21 ans, en 1926. Son père n'avait pas supporté que sa maitresse le quitte pour un autre et il commandita l'assassina du couple (seul l'homme mourut.) Reconnu coupable, le père du abdiquer. Le fils reçu une éducation oxfordienne, puis il acheta un château à Saint-Germain-en-Laye, se rendit à Londres pour assister au couronnement de George V, vécu à Los Angeles avec sa troisième épouse (une Américaine), puis au Nations Unies, à New York et mourut à Bombay (Mumbai.)
Le père du maharadja avait créé une voie ferré à Indore. Le fils construisit un hôpital et mis en place une liaison aérienne avec Bombay. Despote éclairé, il s'entoura d'un premier ministre et d'un mini-cabinet.
Sachez qu'à 16 ans, on l'avait marié à Shrimant Akhand Sahib Soubhagyavati Sanyogita Bai Holkar, qui avait alors... 9 ans. Ils partirent ensemble à Oxford et 9 ans plus tard, en 1933, elle lui donna une fille, Usha Devi Holkar.
Yeshwant Rao Holkar II avait malgré tout une image de maharadja moderne et occidentalisé. Il était cité en exemple par les Britanniques.
S'appuyer sur les autorités coutumières, fut a priori une bonne idée. Mais dans les années 20, dans les colonies d'Afrique et d'Asie, une nouvelle élite apparaissait : industriels, fonctionnaires, intellectuels... Avec elle, les colonisés se mirent à rêver de république. Les chefs traditionnels furent donc jetés avec l'eau du bain colonial.
C'est ce qui se passa en Inde. En 1947, le pays devint indépendant. Yeshwant Rao Holkar II tenta de se rapprocher des nouveaux souverains. Mais en 1948, la monarchie fut abolie. Le maharadja d'Indore n'avait plus qu'une valeur symbolique.
En 1961, Yeshwant Rao Holkar II mourut. Ses deux enfants se battirent pour son héritage, laissant son palais à l'abandon. La 540K, elle, fut oublié dans un garage de Bombay. Un collectionneur Britannique la découvrit là, en triste état, à la fin des années 70. Elle fut restaurée et passa de mains en mains, jusqu'à aujourd'hui.
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