Rétromobile 2020 : 11. BMW 1600 GT

Le hall 1 de Rétromobile, c'est avant tout celui des négociants et des constructeurs. Sur l'un des stands, il y a un coupé des années 60, très élancé. Le double-haricot aurait de quoi surprendre le néophyte : "Ça, une BMW ? BMW, ce sont des formes un peu raides et de la sobriété, afin de retranscrire le sérieux des réalisations. A contrario, ici, c'est exubérant et ostentatoire !"

Et pour cause, il s'agit d'une BMW née avec un autre badge !

Hans Glas était à l’origine un fabricant de machines agricoles. En 1951, il s’est diversifié dans les scooters.
Dans l’Europe d’après-guerre, il y avait une très forte demande pour des véhicules, très bon marché et disponibles tout de suite, maintenant. Cela valait aussi pour l’Allemagne de l’ouest. Volkswagen avait beau ouvrir et racheter des usines, l’appétit du marché était insatiable. Qui plus est, la modeste Coccinelle était hors de porté pour les petites classes moyennes. D’où l’émergence de microcars : Messerschmitt, BMW Isetta, Zundapp Janus… Glas senti qu’il y avait un créneau et il lança la Goggomobil, en 1955.

A la fin des années 50, sous le double-effet d’une augmentation de l’offre en « vraies » voitures et d’une progression du pouvoir d’achats, le marché des microcars se tari presque instantanément. 
A travers l’Europe, la plupart des acteurs furent pris au dépourvu. Glas, lui, avait vu venir. L'Isar T600 (1958) annonçait la montée en gamme. Avec la 1004 (1962), la cassure était plus nette.
Au salon de Francfort 1963, le constructeur fit preuve d'ambition avec la berline 1300 et le coupé 1300 GT. La 1004 était franchement maladroite et conscient de cela, Glas se tourna vers Pietro Frua. Puis en 1966, ce fut le gros coupé Glas 2600. Frua était paresseux. Des traits de la 1300 GT apparurent sur la Maserati Mistral et l'Audi 100 Coupé. Mais pour la 2600, il avait carrément recopié son dessin de la Quattroporte (mais en coupé), d'où le surnom de "Glaserati".
Glas avait du investir lourdement pour créer cette gamme de voitures, avec des moteurs inédits. Hélas, la production stagnait. Ce n'était pas faute d'efforts pour la relancer. Le 1,3l 75ch de la 1300 GT était jugé un peu juste ? Glas le fit pousser à 85ch à l'été 1965. Puis, à l'automne, la berline et le coupé eurent droit à un 1,7l 100ch. Mais rien n'y faisait. A 5 000 unités par an, Glas perdait de l'argent.

Pendant ce temps, BMW connaissait une croissance insolente. Moribond à la fin des années 50, la firme à l'hélice se retrouvait à l'étroit dans son site de Munich. En 1966, BMW s'offrit Glas et son usine de Dingolfing.
En 1967, la 1300 GT/1700 GT reçu des haricots sur sa calandre. Surtout, BMW lui greffa un 1,6l 105ch et des suspensions de "Neue Klasse". Même comme cela, les ventes restèrent basses. En 1969, la 1600 GT quitta la tarif, sans descendante directe.
De toute façon, ce qui intéressait en priorité le repreneur, c'était l'usine. 

Après quelques années de travaux, Dingolfing rouvrit en 1972 pour produire des Série 5 (E12.) Aujourd'hui, le site est toujours là. Il produit des série 4 et 7.
La 1600GT ne fut pas le seul cas de Glas "BMW-isée". La Goggomobil quitta le tarif dès la reprise par BMW. En 1967, le badge Glas disparut et ce fut la fin des 2600 et 1700 berline... Du moins, en Allemagne. Car l'année d'après, la 1700 apparu en Afrique du Sud, équipée d'un 1,8l et d'un 2,0l. BMW ZA était alors une joint-venture et il possédait une grande autonomie (il créa ainsi des 335i E30 et des E34 à moteur de M1...) Les BMW 1800 et 2000 furent produites jusqu'en 1975. Certaines furent assemblées en Rhodésie (où BMW possédait un atelier de CKD) sous le nom de BMW Cheetah.

Aujourd'hui, l'Afrique du Sud découvre timidement les joies des voitures anciennes. Des voitures sont ressorties des granges et restaurées. Knysna, ville maudite des supporters français de foot, accueille le Chantilly Sud-Africain. Nul doute que tôt ou tard, on verra des BMW 1800 et 2000 à Knysna.

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