Rétromobile 2020 : 21. Tatra 700
Rétromobile, c'est aussi une série de rétrospectives. Entre les halls 1 et 2, on peut (re)découvrir l'histoire de Tatra.
Une Tatra, ce n'est déjà pas commun, alors une dizaine...
La Tatra T97 de 1936 est bien sûr présente. Cette petite voiture à moteur quatre cylindres à plat en porte-à-faux arrière à beaucoup "inspiré" la Coccinelle. Certes, auparavant, il y a eu la Mercedes-Benz 130 (1933), créée par Ferdinand Porsche. Mais l'ingénieur butait sur des problèmes techniques et il n'hésita pas à regarder par-dessus l'épaule de ses camarades...
Tatra fit un procès à Kdf. L'occasion pour l'unique régime démocratique d'Europe centrale de s'opposer aux nazis, qui convoitaient ses terres. Tatra gagna, mais les amendes se perdirent dans l'invasion de la Tchécoslovaquie.
La T87 (souvent surnommée à tort "Tatraplan", un nom qui n’apparut que plus tard.) La T77 avait introduit le V8 en porte-à-faux arrière. L’arête dorsale de la T87 était sans doute une tentative de stabiliser la voiture.
Les nazis adoraient les Tatra T77 et T87. Les officiers les réquisitionnèrent et faisaient les fous avec dans les lacets. Compte tenu de la répartition des masses, c'était une très mauvaise idée et certains finirent dans les ravins. Ordre aurait été donné de ne plus réquisitionner de Tatra.
La Tatra 603 fut "la" Tatra. Dans les années 60, le constructeur tenta de l'exporter jusqu'en Belgique et au Canada. Ce fut un flop. Par contre, le cinéma l'aimait bien. Avec ses formes étranges, c'était une bonne illustration de ces pays de l'Est mal connus et source de nombre de fantasmes. De plus, c'était une voiture très identifiable et facile à obtenir. Si votre film était censé se passer à Prague, Berlin-Est ou Budapest, il vous fallait une Tatra 603 !
On vit ainsi des 603 "Belges" dans l'Aveu, l'Inconnu de Shandingor ou Le corps de Diane.
Pas facile de prendre des photos, alors que l'exposition a lieu dans un point de passage. Et les gens s'arrêtent pour examiner ces voitures. "Tatra ? C'est Russe ?", "Ça vient d'où ?", "Ça, mon fils, c'est une Lada !" (pointant une pub d'époque) "C'est du Polonais."
Au fond, par contre, deux voitures sont boudées par les badauds. La grise a de faux airs de Simca 1307/1308. A la fin des années 60, le constructeur rêvait sans doute d'expansion internationale et de modernité. Il fit ainsi créer son nouveau modèle par Vignale. Mais avec le Printemps de Prague, son écrasement et la purge qui suivit, le développement s'éternisa.
La T613 ne sortit qu'en 1973, cinq ans après la mort d'Alfredo Vignale !
Tatra était le fournisseur officiel des hauts fonctionnaires tchécoslovaques. L'état Tchécoslovaque avait d'ailleurs décidé de cantonner Škoda aux petites cylindrées. Mais dans les années 80, les apparatchiks rêvaient plutôt de Mercedes-Benz...
Le 28 novembre 1989, trois semaines après l'ouverture du Mur de Berlin, le gouvernement de la Tchécoslovaquie communiste annonçait sa démission. Un mois plus tard, Václav Havel, principal opposant au régime, était élu.
Le sol se dérobait sous les pieds de Tatra. En théorie, désormais, il pouvait vendre librement ses limousines. Mais qui voulait d'une T613 conçue dans les années 60 et rappelant l'ancien régime ?
Tatra voulut néanmoins se battre. La T700 de 1996 reçu un gros lifting. Le V8 fut catalysé et poussé à 300ch. Les sièges électriques étaient fournis par Recaro, la climatisation était bizone et elle disposait même d'un téléphone intégré.
Sauf erreur, elle était exportée en Allemagne.
C'était trop tard. En 1999, Tatra abandonna la production de voitures, se concentrant sur son autre activité, les poids-lourds.
En 2008, Tatra laissa entendre qu'il pouvait revenir aux voitures. Mais visiblement, il ne trouva pas de constructeur prêt à lui fournir une plateforme.
La chute du Mur ne fut pas tendre avec les fabricants de limousine pour nomenklaturistes. Le Soviétique Zil se concentra lui aussi sur les camions. Quant au Chinois Hong Qi, il est tenu à bouts de bras par la présidence depuis 25 ans.
Une Tatra, ce n'est déjà pas commun, alors une dizaine...
La Tatra T97 de 1936 est bien sûr présente. Cette petite voiture à moteur quatre cylindres à plat en porte-à-faux arrière à beaucoup "inspiré" la Coccinelle. Certes, auparavant, il y a eu la Mercedes-Benz 130 (1933), créée par Ferdinand Porsche. Mais l'ingénieur butait sur des problèmes techniques et il n'hésita pas à regarder par-dessus l'épaule de ses camarades...
Tatra fit un procès à Kdf. L'occasion pour l'unique régime démocratique d'Europe centrale de s'opposer aux nazis, qui convoitaient ses terres. Tatra gagna, mais les amendes se perdirent dans l'invasion de la Tchécoslovaquie.
La T87 (souvent surnommée à tort "Tatraplan", un nom qui n’apparut que plus tard.) La T77 avait introduit le V8 en porte-à-faux arrière. L’arête dorsale de la T87 était sans doute une tentative de stabiliser la voiture.
Les nazis adoraient les Tatra T77 et T87. Les officiers les réquisitionnèrent et faisaient les fous avec dans les lacets. Compte tenu de la répartition des masses, c'était une très mauvaise idée et certains finirent dans les ravins. Ordre aurait été donné de ne plus réquisitionner de Tatra.
La Tatra 603 fut "la" Tatra. Dans les années 60, le constructeur tenta de l'exporter jusqu'en Belgique et au Canada. Ce fut un flop. Par contre, le cinéma l'aimait bien. Avec ses formes étranges, c'était une bonne illustration de ces pays de l'Est mal connus et source de nombre de fantasmes. De plus, c'était une voiture très identifiable et facile à obtenir. Si votre film était censé se passer à Prague, Berlin-Est ou Budapest, il vous fallait une Tatra 603 !
On vit ainsi des 603 "Belges" dans l'Aveu, l'Inconnu de Shandingor ou Le corps de Diane.
Pas facile de prendre des photos, alors que l'exposition a lieu dans un point de passage. Et les gens s'arrêtent pour examiner ces voitures. "Tatra ? C'est Russe ?", "Ça vient d'où ?", "Ça, mon fils, c'est une Lada !" (pointant une pub d'époque) "C'est du Polonais."
Au fond, par contre, deux voitures sont boudées par les badauds. La grise a de faux airs de Simca 1307/1308. A la fin des années 60, le constructeur rêvait sans doute d'expansion internationale et de modernité. Il fit ainsi créer son nouveau modèle par Vignale. Mais avec le Printemps de Prague, son écrasement et la purge qui suivit, le développement s'éternisa.
La T613 ne sortit qu'en 1973, cinq ans après la mort d'Alfredo Vignale !
Tatra était le fournisseur officiel des hauts fonctionnaires tchécoslovaques. L'état Tchécoslovaque avait d'ailleurs décidé de cantonner Škoda aux petites cylindrées. Mais dans les années 80, les apparatchiks rêvaient plutôt de Mercedes-Benz...
Le 28 novembre 1989, trois semaines après l'ouverture du Mur de Berlin, le gouvernement de la Tchécoslovaquie communiste annonçait sa démission. Un mois plus tard, Václav Havel, principal opposant au régime, était élu.
Le sol se dérobait sous les pieds de Tatra. En théorie, désormais, il pouvait vendre librement ses limousines. Mais qui voulait d'une T613 conçue dans les années 60 et rappelant l'ancien régime ?
Tatra voulut néanmoins se battre. La T700 de 1996 reçu un gros lifting. Le V8 fut catalysé et poussé à 300ch. Les sièges électriques étaient fournis par Recaro, la climatisation était bizone et elle disposait même d'un téléphone intégré.
Sauf erreur, elle était exportée en Allemagne.
C'était trop tard. En 1999, Tatra abandonna la production de voitures, se concentrant sur son autre activité, les poids-lourds.
En 2008, Tatra laissa entendre qu'il pouvait revenir aux voitures. Mais visiblement, il ne trouva pas de constructeur prêt à lui fournir une plateforme.
La chute du Mur ne fut pas tendre avec les fabricants de limousine pour nomenklaturistes. Le Soviétique Zil se concentra lui aussi sur les camions. Quant au Chinois Hong Qi, il est tenu à bouts de bras par la présidence depuis 25 ans.
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