Rétromobile 2020 : 19. Peugeot
Quand il n'y en a plus, il y en a encore ! Cette année, j'ai décidé de passer deux soirées à Rétromobile. En théorie, la soirée presse est suffisante. En pratique, les grilles n'ouvrent jamais à l'heure. En plus, cette soirée est aussi celle des VIP. De nombreux stands sont fermés pour cause de sauterie. Qui plus est, les invités s’agglutinent autour des voitures et il est impossible de les immortaliser.
Donc, deuxième soir. Juste quelques stands à voir... In and out. 20 minutes adventure, Morty !
On commence par Peugeot, qui avait justement organisé une soirée VIP la veille. Cette année, le thème, c'est l'électrique.
Aujourd'hui, les constructeurs y voient une porte de sortie, après le KO debout du dieselgate. L'électrique n'est pas une nouveauté (cf. la CGE Tudor.) Certains grands constructeurs ont déjà tenté l'expérience par le passé, dont Peugeot, qui nous ouvre son album-photo.
Peugeot 309 GTI
On commence par un hors-sujet : la Peugeot 309 !
Elle est l'occasion d'une joute amical avec Paul-de-Car-Jager, qui soutient mordicus que la 309 a toujours été un projet Peugeot. La "Talbot Arizona" ne serait qu'un attrape-nigaud, inventé par Peugeot pour attirer les orphelins de Simca-Talbot dans ses concessions...
Moi, je pense que l'histoire est plus complexe. Tout ceci est du [citation needed].
En 1981, trois ans après la vente de Chrysler UK et Simca à PSA, PSA et Chrysler sont en bons termes. Ils travaillent sur une compact 5 portes censée être vendue sous les badges Peugeot et Chrysler, aux USA. Mais les Américains disent aux Français : "Donnez-moi votre montre, que je vous dise l'heure." En 1982, Peugeot se retire d'un projet qu'il a largement financé.
A l'époque, la Samba vient d'être lancé et Talbot connait une brève période dorée. L'Horizon se fait vieille et il faut la remplacer. L'ex-futur projet Chrysler-Peugeot est réattribué à Talbot. C'est la fameuse Arizona, sur base de 205 rallongée.
Mais dès 1983, changement de cap. Avec les grèves de Poissy et l'effondrement des ventes, PSA ne veut plus entendre parler de Talbot. Les modèles sont retirés un à un du catalogue, alors qu'en 1984, PSA réfléchit encore à un lifting de l'Horizon.
Par ailleurs, Peugeot, lui, voit ses ventes exploser avec la 205. Il faut battre le fer tant qu'il est chaud. Or, la firme au lion n'a rien dans les tuyaux ; la 405 ne sortant qu'en 1987. L'Arizona, déjà bien avancée, est donc raccrochée à Peugeot. C'est donc la 309 de 1986.
Au-delà de cette gestation tourmentée, la 309 n'a pas grand intérêt. C'est la première compacte de Peugeot et elle essuya les plâtres. Pour le grand public, c'est une Talbot, pas une vraie Peugeot. Elle se retrouve encadrée par deux best-sellers, la 205 et la 405. Au niveau européen, difficile d'exister face à des colosses comme les Ford Escort, Opel Kadett et surtout, la reine Volkswagen Golf. La 306 trouvera davantage sa place.
Peugeot 205 GR "Ryton"
Une Peugeot 205 "normale", ce ne provoque guère de torticoli. Oui, mais cet exemplaire est particulier : il a été produit à Ryton, en Grande-Bretagne.
Ryton, c'est l'usine de Sunbeam. C'est de là que vienne les Simca Sunbeam TI et Talbot-Sunbeam vendues dans l'hexagone. Lorsque PSA rachète Chrysler-Simca et Chrysler UK, l'ex-groupe Rootes est complètement moribond. Chrysler avait déjà commencé à vendre des modèles issus de la gamme Simca. PSA accélère le mouvement et Rootes devient Talbot UK.
Puis, face au succès de la 205, PSA décide de produire sa citadine là, en 1983. L'occasion de développer un Peugeot jusqu'ici très franco-français. Les 309, 405, 306 et 206 suivent. Puis, en 2006, Peugeot décide que les 207 Britanniques seront importées. Le gouvernement, qui vient de laisser sombrer Rover, ne bouge pas un cil.
Depuis, une partie du site est transformé en bureau d'étude pour Jaguar-Land Rover.
Ryton est un bon révélateur de la politique industrielle Britannique. Depuis Margaret Thatcher, les premiers ministres sacrifient les usines de productions (dans l'automobile, mais également l'aéronautique, l'informatique, l'électroménager.) Le modèle économique, c'est la sous-traitance spécialisée et l'ingénierie. Des activités avec davantage de valeur ajoutée, avec un savoir-faire reconnu mondialement. Et cyniquement, en cas de problème, ces ETI de 100, 150 employés ferment discrètement, contrairement à des usines comme Ryton...
Quel sera le modèle industriel post-Brexit ?
Peugeot VLV
Lorsque Peugeot lance une électrique, il ressort la VLV ! J'en avais d'ailleurs parlé en 2010 et lors du sport Motion & Emotion.
En 1940, Peugeot soutient ouvertement les tout premiers mouvements de résistance et il refuse de collaborer. En représailles, les nazis interdisent à la firme au lion de produire des voitures à moteur thermique. Peugeot les trolle avec la Voiture Légère de Ville (VLV), une électrique.
La VLV n'a pas de descendante à la Libération.
Elle représente l'Occupation ou comment subsister alors que les contraintes pleuvent. C'est aussi l'une des fenêtres de l'électrique. Au début du XXe siècle, dans les années 70 et vers 2005, on connait un foisonnement de projets, puis le soufflet retombe aussi vite.
La VLV, c'est aussi le bon en avant du matériel électrique. L'électricité a toujours existé. Néanmoins, la production d'électricité et son usage débute à la fin du XIXe siècle. Les premières batteries (ont parle alors d'accumulateurs) sont lourds et peu performants, quant aux fils, les gaines isolent mal. Les pannes sont fréquentes. Pendant la Première Guerre Mondiale, ça n'est pas grave, car tous le monde a connu "l'avant". Certains paysans n'ont même jamais vu d'ampoules avant d'arriver sur le front. Jusqu'au début des années 20, les voitures sont équipées de lampes à huile, de part et d'autres de l'habitacle, au cas où les phares lâchent. Dans l'entre-deux guerres, l'électricité connait de plus en plus d'applications. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, avions, chars d'assaut, voitures et bases militaires sont désormais truffés d'équipements fonctionnant à l'électricité. Il faut de la quantité et de la qualité. La technologie des batteries, des alternateurs et des faisceaux électriques progresse. Avec ses néons, Georges Claude propose de l'éclairage puissant et bon marché. C'est l'une des grandes fortunes de la Collaboration. Quant au mot "batterie", c'est une francisation du "battery" des GIs. C'est grâce tout ces développements militaires que la route est ouverte pour l'électroménager et la hifi qui envahiront les foyers des Trente Glorieuses...
Peugeot 106 Electric
La 106 Electric est une autre voiture que Peugeot aime ressortir à chaque modèle électrique.
Les 106 Electric sont produites de 1995 à 2003, chez Heuliez. Vendues 90 000frs (soit le prix de deux 106 Kid !), elle atteint 90km en pointe et dispose d'une autonomie de 100km (en laboratoire.) Peugeot en espère 20 000 unités par an, mais même avec une prime écologique de 15 000frs, seules 6 400 voitures seront produites. Essentiellement pour les administrations. Heuliez fabriquera également des Clio 1, AX et Saxo électrique. Au total, un peu plus de 10 000 voitures sortent de son usine.
Le verre à moitié vide, c'est de dire que c'est une impasse industrielle. Trop poussive et trop chère, la 106 Electric ne convainc pas. Heuliez, lui, s'accroche et ça donnera la Mia...
C'est surtout une impasse intellectuelle. PSA, Heuliez ou plus tard G-Wiz, BMW et Mitsubishi partent du postulat que les batteries sont chères. Et si l'on veut des performances, le prix s'envole. Donc on opte pour des batteries bon-marchés (malgré tout chères) et comme on manque de performance, on crée des golfettes (cf. la Peugeot iOn) dont personne ne veut. Du coup, l'électrique a toujours fait du surplace. Venturi, puis Miles et Tesla, prirent le modèle à l'envers. Profiter des développements issus du téléphone portable et utiliser de couteuses (mais performantes) batteries dans des véhicules haut de gamme. Et lorsque la technologie est rodée et que les prix baissent, vous pouvez descendre en gamme.
Le verre à moitié plein, c'est que la 106 Electric est la première électrique produite en moyenne série. Elle apportera une retour d'expérience certain. Notamment qu'on ne peut pas vendre de l'électrique comme cela. Il faut l'accompagner d'infrastructures. Il faut des bornes de recharge dans la rue, sur le lieu de travail, etc. Impossible également de se contenter du 220V et de son long temps de charge ; il faut des chargeurs rapides. La production en grande série impose également de proposer un produit abouti et de produire en grande série des équipements dédiés. Enfin, pour améliorer l'autonomie, on songera à équiper les électriques de freinages régénératifs.
Peugeot EX1
En 2010, PSA possède une stratégie hybride/électrique. La Peugeot iOn, une Mitsubishi rebadgée, n'est censément qu'une première étape. J'avais eu la chance d'être invité au bicentenaire de Peugeot. Le futur proche, ça devait être le 3008 Hybrid4 (diesel/électrique) et la citadine électrique BB1.
C'est dans ce contexte que PSA dévoile EX1, au Mondial 2010. Il s'agit d'une voiture de course. En 2010, les électriques sont incapables d'effectuer un tour de circuit. Nicolas Vanier, un écrivain/réalisateur/éleveur de chiens de traineau, se contente de départs arrêtés à Montlhéry. Marché Chinois oblige, le concept-car est ensuite emmené à Chengdu, où Han Han effectue des accélérations sur un aérodrome militaire.
Depuis, avec la Formule e, on a des monoplaces électriques capable de rouler 40 minutes sur un circuit. Et avec le Jaguar I-Pace eTrophy, on a des SUV de 2t qui roulent 30 minutes sur un circuit. C'est dire les progrès de l'électrique...
Peugeot e208 GT
Tout ce beau monde est là pour donner de la légitimité à l'e208. Si on excepte la 106 (que j'ai conduit en version thermique), c'est la seule du stand avec laquelle j'ai pu rouler !
En janvier, il s'en est vendu 2 537 unités, en France. A ce train là, en mars, il se sera vendu, rien qu'en France, plus d'e208 qu'il ne s'est jamais vendu de 106 Electric ! Après, il faudra attendre une année complète pour voir où elle en est.
En théorie, oui, c'est une version aboutie du concept des 106 Electric et des iOn. En pratique, Tesla a préparé le terrain. D'une part, comme on l'a vu plus haut, en rodant des technologies, qui ont pu ensuite être développées et bénéficier d'économies d'échelles. D'autre part, en préparant le public et en changeant le positionnement de l'électrique. Avant, c'était une lubie de post-soixante-huitard (cf. l'illuminée venue à une conférence avec sa Saxo Electric à fleurs.) Désormais, c'est le gadget high tech du bobo.
Donc, deuxième soir. Juste quelques stands à voir... In and out. 20 minutes adventure, Morty !
On commence par Peugeot, qui avait justement organisé une soirée VIP la veille. Cette année, le thème, c'est l'électrique.
Aujourd'hui, les constructeurs y voient une porte de sortie, après le KO debout du dieselgate. L'électrique n'est pas une nouveauté (cf. la CGE Tudor.) Certains grands constructeurs ont déjà tenté l'expérience par le passé, dont Peugeot, qui nous ouvre son album-photo.
Peugeot 309 GTI
On commence par un hors-sujet : la Peugeot 309 !
Elle est l'occasion d'une joute amical avec Paul-de-Car-Jager, qui soutient mordicus que la 309 a toujours été un projet Peugeot. La "Talbot Arizona" ne serait qu'un attrape-nigaud, inventé par Peugeot pour attirer les orphelins de Simca-Talbot dans ses concessions...
Moi, je pense que l'histoire est plus complexe. Tout ceci est du [citation needed].
En 1981, trois ans après la vente de Chrysler UK et Simca à PSA, PSA et Chrysler sont en bons termes. Ils travaillent sur une compact 5 portes censée être vendue sous les badges Peugeot et Chrysler, aux USA. Mais les Américains disent aux Français : "Donnez-moi votre montre, que je vous dise l'heure." En 1982, Peugeot se retire d'un projet qu'il a largement financé.
A l'époque, la Samba vient d'être lancé et Talbot connait une brève période dorée. L'Horizon se fait vieille et il faut la remplacer. L'ex-futur projet Chrysler-Peugeot est réattribué à Talbot. C'est la fameuse Arizona, sur base de 205 rallongée.
Mais dès 1983, changement de cap. Avec les grèves de Poissy et l'effondrement des ventes, PSA ne veut plus entendre parler de Talbot. Les modèles sont retirés un à un du catalogue, alors qu'en 1984, PSA réfléchit encore à un lifting de l'Horizon.
Par ailleurs, Peugeot, lui, voit ses ventes exploser avec la 205. Il faut battre le fer tant qu'il est chaud. Or, la firme au lion n'a rien dans les tuyaux ; la 405 ne sortant qu'en 1987. L'Arizona, déjà bien avancée, est donc raccrochée à Peugeot. C'est donc la 309 de 1986.
Au-delà de cette gestation tourmentée, la 309 n'a pas grand intérêt. C'est la première compacte de Peugeot et elle essuya les plâtres. Pour le grand public, c'est une Talbot, pas une vraie Peugeot. Elle se retrouve encadrée par deux best-sellers, la 205 et la 405. Au niveau européen, difficile d'exister face à des colosses comme les Ford Escort, Opel Kadett et surtout, la reine Volkswagen Golf. La 306 trouvera davantage sa place.
Peugeot 205 GR "Ryton"
Une Peugeot 205 "normale", ce ne provoque guère de torticoli. Oui, mais cet exemplaire est particulier : il a été produit à Ryton, en Grande-Bretagne.
Ryton, c'est l'usine de Sunbeam. C'est de là que vienne les Simca Sunbeam TI et Talbot-Sunbeam vendues dans l'hexagone. Lorsque PSA rachète Chrysler-Simca et Chrysler UK, l'ex-groupe Rootes est complètement moribond. Chrysler avait déjà commencé à vendre des modèles issus de la gamme Simca. PSA accélère le mouvement et Rootes devient Talbot UK.
Puis, face au succès de la 205, PSA décide de produire sa citadine là, en 1983. L'occasion de développer un Peugeot jusqu'ici très franco-français. Les 309, 405, 306 et 206 suivent. Puis, en 2006, Peugeot décide que les 207 Britanniques seront importées. Le gouvernement, qui vient de laisser sombrer Rover, ne bouge pas un cil.
Depuis, une partie du site est transformé en bureau d'étude pour Jaguar-Land Rover.
Ryton est un bon révélateur de la politique industrielle Britannique. Depuis Margaret Thatcher, les premiers ministres sacrifient les usines de productions (dans l'automobile, mais également l'aéronautique, l'informatique, l'électroménager.) Le modèle économique, c'est la sous-traitance spécialisée et l'ingénierie. Des activités avec davantage de valeur ajoutée, avec un savoir-faire reconnu mondialement. Et cyniquement, en cas de problème, ces ETI de 100, 150 employés ferment discrètement, contrairement à des usines comme Ryton...
Quel sera le modèle industriel post-Brexit ?
Peugeot VLV
Lorsque Peugeot lance une électrique, il ressort la VLV ! J'en avais d'ailleurs parlé en 2010 et lors du sport Motion & Emotion.
En 1940, Peugeot soutient ouvertement les tout premiers mouvements de résistance et il refuse de collaborer. En représailles, les nazis interdisent à la firme au lion de produire des voitures à moteur thermique. Peugeot les trolle avec la Voiture Légère de Ville (VLV), une électrique.
La VLV n'a pas de descendante à la Libération.
Elle représente l'Occupation ou comment subsister alors que les contraintes pleuvent. C'est aussi l'une des fenêtres de l'électrique. Au début du XXe siècle, dans les années 70 et vers 2005, on connait un foisonnement de projets, puis le soufflet retombe aussi vite.
La VLV, c'est aussi le bon en avant du matériel électrique. L'électricité a toujours existé. Néanmoins, la production d'électricité et son usage débute à la fin du XIXe siècle. Les premières batteries (ont parle alors d'accumulateurs) sont lourds et peu performants, quant aux fils, les gaines isolent mal. Les pannes sont fréquentes. Pendant la Première Guerre Mondiale, ça n'est pas grave, car tous le monde a connu "l'avant". Certains paysans n'ont même jamais vu d'ampoules avant d'arriver sur le front. Jusqu'au début des années 20, les voitures sont équipées de lampes à huile, de part et d'autres de l'habitacle, au cas où les phares lâchent. Dans l'entre-deux guerres, l'électricité connait de plus en plus d'applications. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, avions, chars d'assaut, voitures et bases militaires sont désormais truffés d'équipements fonctionnant à l'électricité. Il faut de la quantité et de la qualité. La technologie des batteries, des alternateurs et des faisceaux électriques progresse. Avec ses néons, Georges Claude propose de l'éclairage puissant et bon marché. C'est l'une des grandes fortunes de la Collaboration. Quant au mot "batterie", c'est une francisation du "battery" des GIs. C'est grâce tout ces développements militaires que la route est ouverte pour l'électroménager et la hifi qui envahiront les foyers des Trente Glorieuses...
Peugeot 106 Electric
La 106 Electric est une autre voiture que Peugeot aime ressortir à chaque modèle électrique.
Les 106 Electric sont produites de 1995 à 2003, chez Heuliez. Vendues 90 000frs (soit le prix de deux 106 Kid !), elle atteint 90km en pointe et dispose d'une autonomie de 100km (en laboratoire.) Peugeot en espère 20 000 unités par an, mais même avec une prime écologique de 15 000frs, seules 6 400 voitures seront produites. Essentiellement pour les administrations. Heuliez fabriquera également des Clio 1, AX et Saxo électrique. Au total, un peu plus de 10 000 voitures sortent de son usine.
Le verre à moitié vide, c'est de dire que c'est une impasse industrielle. Trop poussive et trop chère, la 106 Electric ne convainc pas. Heuliez, lui, s'accroche et ça donnera la Mia...
C'est surtout une impasse intellectuelle. PSA, Heuliez ou plus tard G-Wiz, BMW et Mitsubishi partent du postulat que les batteries sont chères. Et si l'on veut des performances, le prix s'envole. Donc on opte pour des batteries bon-marchés (malgré tout chères) et comme on manque de performance, on crée des golfettes (cf. la Peugeot iOn) dont personne ne veut. Du coup, l'électrique a toujours fait du surplace. Venturi, puis Miles et Tesla, prirent le modèle à l'envers. Profiter des développements issus du téléphone portable et utiliser de couteuses (mais performantes) batteries dans des véhicules haut de gamme. Et lorsque la technologie est rodée et que les prix baissent, vous pouvez descendre en gamme.
Le verre à moitié plein, c'est que la 106 Electric est la première électrique produite en moyenne série. Elle apportera une retour d'expérience certain. Notamment qu'on ne peut pas vendre de l'électrique comme cela. Il faut l'accompagner d'infrastructures. Il faut des bornes de recharge dans la rue, sur le lieu de travail, etc. Impossible également de se contenter du 220V et de son long temps de charge ; il faut des chargeurs rapides. La production en grande série impose également de proposer un produit abouti et de produire en grande série des équipements dédiés. Enfin, pour améliorer l'autonomie, on songera à équiper les électriques de freinages régénératifs.
Peugeot EX1
En 2010, PSA possède une stratégie hybride/électrique. La Peugeot iOn, une Mitsubishi rebadgée, n'est censément qu'une première étape. J'avais eu la chance d'être invité au bicentenaire de Peugeot. Le futur proche, ça devait être le 3008 Hybrid4 (diesel/électrique) et la citadine électrique BB1.
C'est dans ce contexte que PSA dévoile EX1, au Mondial 2010. Il s'agit d'une voiture de course. En 2010, les électriques sont incapables d'effectuer un tour de circuit. Nicolas Vanier, un écrivain/réalisateur/éleveur de chiens de traineau, se contente de départs arrêtés à Montlhéry. Marché Chinois oblige, le concept-car est ensuite emmené à Chengdu, où Han Han effectue des accélérations sur un aérodrome militaire.
Depuis, avec la Formule e, on a des monoplaces électriques capable de rouler 40 minutes sur un circuit. Et avec le Jaguar I-Pace eTrophy, on a des SUV de 2t qui roulent 30 minutes sur un circuit. C'est dire les progrès de l'électrique...
Peugeot e208 GT
Tout ce beau monde est là pour donner de la légitimité à l'e208. Si on excepte la 106 (que j'ai conduit en version thermique), c'est la seule du stand avec laquelle j'ai pu rouler !
En janvier, il s'en est vendu 2 537 unités, en France. A ce train là, en mars, il se sera vendu, rien qu'en France, plus d'e208 qu'il ne s'est jamais vendu de 106 Electric ! Après, il faudra attendre une année complète pour voir où elle en est.
En théorie, oui, c'est une version aboutie du concept des 106 Electric et des iOn. En pratique, Tesla a préparé le terrain. D'une part, comme on l'a vu plus haut, en rodant des technologies, qui ont pu ensuite être développées et bénéficier d'économies d'échelles. D'autre part, en préparant le public et en changeant le positionnement de l'électrique. Avant, c'était une lubie de post-soixante-huitard (cf. l'illuminée venue à une conférence avec sa Saxo Electric à fleurs.) Désormais, c'est le gadget high tech du bobo.
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