Rétromobile 2020 : 14. Nissan R390 GT1

Les Japonais sont passionnés par les 24 Heures du Mans. Pourtant, l'épreuve a rarement réussi aux voitures Japonaises. Après une trentaine de tentatives diverses, Toyota a réussi à s'imposer. La palme du constructeur ayant disputé le plus d'éditions sans s'imposer a échu à Nissan. Nissan avait pourtant fait preuve d'ambition. La preuve avec cette Nissan R390 GT1.
Dans les années 90, Nissan connaissait un succès commercial certain en Europe. La Micra fut la première Japonaise sacrée voiture de l'année et la première Japonaise vraiment diffusée sur le vieux continent. Avec l'Almera et la Primera, Nissan confirma, donnant des sueurs froides aux généralistes Européens...

La stratégie commercial de Nissan se doublait de programmes sportifs : Micra Star Cup, BTCC et bientôt, Open Nissan... Une victoire aux 24 heures du Mans 1997 devait couronner cela. C'était d'autant plus courageux que Porsche et McLaren venaient avec de gros moyens. Pour y arriver, Nismo, le service compétition, se tourna vers TWR.
TWR semblait lui aussi marcher sur l'eau. Tom Walkinshaw s'était fait connaitre en prenant en charge les programmes de Jaguar en tourisme, puis en endurance (avec deux victoires au Mans.) En parallèle, il fonda un atelier de préparation de route, Jaguar Sport.
Lorsque Jaguar abandonna l'endurance, TWR vola de ses propres ailes. Le break Volvo 850 de BTCC ? C'était eux ! Sur la route, l'atelier de tuning était devenu une véritable entité, capable de concevoir un véhicule de A à Z. L'Aston Martin DB7, la Volvo C70 ou le moteur de la Clio V6, c'était eux aussi !

Tom Walkinshaw avait aussi fait de la F1. Bras droit de Flavio Briatore, il devait reprendre Ligier. Faute de quoi, il racheta Arrows ! A l'hiver 1996-1997, il avait négocié des pneus Bridgestone en exclusivité. Il chaussa avec une vieille Ligier et collait trois secondes à la concurrence ! Grâce à cela, il pu recruter le champion du monde sortant, Damon Hill !

Pour Nissan/Nismo, Walkinshaw envoya son designer en chef, Ian Callum. La R390 GT1 reprenait la cellule centrale de la supercar XJR15. Le très respecté Tony Southgate, qui officiait sur les Jaguar du Mans, signa l'aérodynamisme.
Côté pilotes, c'était un vrai who's who ! Erik Comas (pilote Nismo) et Eric Van de Poele (pilote Nissan en tourisme) en furent bien sûr. A leurs côtés, Walkinshaw prit des pilotes qu'il avait fréquenté en F1 : Martin Brundle, Riccardo Patrese, Aguri Suzuki, Jörg Müller (pilote TWR en F3000.)
Les 24 heures du Mans 1997 débutèrent bien pour l'équipe. Brundle explosa le chrono, lors des premiers essais. Il se qualifia finalement 4e et 2e du GT.

La voiture de Brundle était dans le groupe de tête, mais la boite de vitesse ne tint pas. La deuxième voiture fut victime du même mal. Seule la troisième voiture -co-pilotée par Comas- vit le damier... Mais après deux changements de boites de vitesse !
En prime, la voiture victorieuse était un proto Joest, que TWR avait construit pour Porsche, mais avec lequel il n'avait plus aucun rapport !
Pour 1998, la R390 GT1 reçut un nouvel arrière, plus profilé. Exit les stars de la F1, place à des pilotes chevronnés de l'endurance comme John Nielsen ou Jan Lammers.
Visiblement, de gros efforts avaient été faits sur la fiabilité. Les quatre voitures engagées terminèrent la course. Aguri Suzuki, Kazuyoshi Hoshino et Masahiko Kageyama finirent 3e. Mais les deux Porsche 911 GT1 98 s'étaient baladés et la Nissan de tête ne fut jamais capable de les battre.
La voiture exposée à Rétromobile termina 5e avec John Nielsen, Michael Krumm et Franck Lagorce.

En 1999, l'ACO modifia son règlement ; la R390 GT1 n'était plus homologuée. Nissan s'associa alors à G-Force et Courage. La R391 était davantage une Courage qu'une descendante de la R390, nonobstant son nom. La petite équipe Française n'était pas capable de lutter face à BMW, Cadillac, Audi, Toyota et Mercedes-Benz, excusez du peu !
La R391 remporta les 1000km de Suzuka, ce qui lui valait une invitation pour les 24 heures du Mans 2000. Mais un énième changement de règlement aurait imposé une troisième voiture. Nissan préféra renoncer.

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